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Par Camille Loty Malebranche
 

 

Un orateur ne se projette pas de la même manière qu’un soignant, pas plus que le geôlier n’a la même approche verbale, spatiale ou gestuelle avec des prisonniers qu’un boutiquier avec un acheteur. Et si nous gardons le cas du boutiquier, il aura des rapports différents, des interactions personnalisées avec différents acheteurs selon que l’un soit nouveau et l’autre, un client coutumier. Il est des échelles dans la projection de soi qui se réfèrent à une forme d’approche propre à la nature de la communication. Entre les membres d’un couple, à côté de l’interaction aimante quand le vrai amour existe, on peut parler de proximité amoureuse copulatrice, c’est un cas où l’approche est une proximité corporelle de réduction de l’espace des organismes en chaleur, un rapprochement pulsionnel qui vise à abolir la distance selon l’attraction corporelle par la réduction maximale de l’espace ainsi porté minimal voire effacé entre les corps au point que tout devient friction et intromission somatique. Ainsi, le monde des rapports à l’autre est régi par une proximité différentielle qui traduit la nature des échanges que portent ces rapports au fil de leurs modalités.

Le rapport à l’autre doit toujours être une approche intersubjective de dignité, voilà pourquoi, les complexés toujours en compétition avec autrui pour se convaincre d’exister, ne peuvent avoir de rapport humain mais des rencontres vulgaires et indignes qui vous répugnent à tout jamais quand vous les avez rencontrés. Je parle d’expérience, car dans la civilisation de rivalités interindividuelles grossières, le complexe que j’appellerais de compétition compulsive, où quasiment chacun est en guerre inavouée avec chacun pour se prouver quelqu’un, rend la plupart des relations humaines factices, hypocrites, sales avec des sous-entendus méprisables. Plusieurs sont effectivement tellement méprisables que la solitude est parfois un vrai baume de consolation face à ces rebuts de l’adversité masquée, souvent si bêtes qu’ils ne s’en rendent même pas compte! Quand une forte part de la société devient une vaste canaille et que les pires crapules se dissimulent derrière l’arrogance agressive pour se faire valoir, ce n’est même plus une jungle mais une déchetterie inhumaine, une géhenne d’anthropomorphes qui sévit contre l’humain resté humain. Quand la présomption de culpabilité accorde à la sylphide, la plus exhibitionniste le droit d’insulter l’homme qui ne faisait que la regarder passer sous prétexte de pudeur publique, on peut parler de régression dans l’incohérence, d’aberration collective instituée. En fait, les convenances hyper-moralisatrices et légalistes d’une société de toutes les injustices, n’est qu’hypocrisie des fausses vestales (hommes ou femmes) qui manipulent la mentalité des foules.

La modalité de l’interaction est dans le schème du rapport entretenu entre des protagonistes, que je nomme interactants vu que c'est littéralement une mise en acte d'intentions qui viennent de l'action globale comme ligne comportementale de tout homme qui est dès le départ un interagissant avec les institutions, les autres, la culture, la civilisation, l'histoire... Si je prends une interaction intellectuelle, elle impose en quelque sorte des interactants qui partagent une vision et restent élevés au niveau réflexif pour élaborer ou à tout le moins scruter des idées dont ils parlent. Par exemple, une interaction de séduction bien comprise, est, dès le départ, un jeu de langages émoustillant que le séducteur ou la séductrice orchestre en faisant tout pour s’attirer l’intérêt érotique de l’autre qui se prête à la gestuelle ludique ayant cours entre eux. Une telle interaction reste saine, si elle est sans ambiguïté. C’est lorsque le séducteur ou la séductrice va jusqu’à prétendre autre chose ou à autre chose que l’assouvissement d’un désir et que l’autre s’y fait prendre, que l’interaction séductrice qui n’est que pur appel érotique libidinal, se rompt pour dériver vers toutes sortes de malaises voire de conflits. C’est littéralement Éros devenu Antéros! Ainsi donc, nous devons apprendre à bien interagir - que ce soit en interlocution où il s’agit de dialogue ou simplement par des gestes sans paroles - avec autrui et savoir bien circonscrire la portée de ce que nous délivrons comme message en ayant bien en vue, quel type de réaction attendre de l’autre!

En communication verbale, l’anticipation de la réaction de l’allocutaire ou de l’auditeur, est une qualité réflexe de tout locuteur. Pour le guide, l’orienteur, c’est à la fois l’art didactique et l’action pédagogique qui cible la conscience humaine pour influencer sciemment le comportement et la praxis.

La parole est ici action, poïèsis car elle façonne les idées et le monde au gré du locuteur habile et conducteur. 

Tout agissement, fût-il un geste anodin du visage en présence de l’autre implique une interaction en tant que chose signifiante que cet autre interprète, car l’agissement est communication de l’état cogitationnel et sentimental de l’agissant. L’homme est une conscience en constante interaction avec autrui et à rebours, avec soi; une certaine part de sa souveraineté dans la liberté tient du contrôle de ce qu’il émet comme agir dans la gestuelle, le parler et le faire.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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