Il n’est de temps que matériel.

5 Mars 2022

Par Camille Loty Malebranche

Le temps est une dimension de la matière en général et de notre propre matérialité. Au regard spirituel chrétien, le temps est un épiphénomène de la Création divine, car le temps n’existe que dans le contexte du phénomène d’un être commencé et impermanent, chronologiquement évaluable. Le temps ne règne que sur le fini. Ainsi, l’origine du temps est donc dans la cause causante déterminant la cause première du temps qu’est l’univers matériel. Dieu est donc l’auteur indirect du temps que sa création matérielle a généré.

L’impermanence du sensible - la conjoncturalité des choses et phénomènes du monde tangible cosmique, biologique et social - imprime à la conscience un sentiment de finitude temporelle. Une conscience de finitude qui presse psychologiquement les hommes à vouloir, avec la hâte du fini qui caractérise cette existence terrestre, terminer ce qu'ils considèrent leur tâche, leur mission individuelle, ici-bas. Comme si une mission existentielle que les humains ont peine à assumer, leur infligeait ce qu’on pourrait appeler: l’amertume de l’inachèvement. L’on appréhende, en ce contexte de temporalité, que quiconque ne transcende l’impression du partiel inachevé, risque fort de sombrer dans la frénésie de la complétude immédiate de tout. Frénésie de la construction hâtive dans un délire d’instantanéité comme si tout devrait lui être contemporain et que rien ne devait le dépasser dans le temps. Un tel fait est précisément une émanation de notre civilisation de l’urgence qui fait abstraction de tout ce qui est esprit et divin, de toute atemporalité pour se focaliser uniquement sur l’accumulation dans le temps actuel, le regard figé sur la contemporanéité, la durée d’une vie ou d’une génération selon une surenchère performante du quantitatif…

L’agitation de l’urgence tue la sérénité et la sagesse de la gestion responsable des ressources planétaires qui amélioreraient le mode de vie collectif tout en ménageant l’environnement; tandis que pour l’individu, la surenchère performante du quantitatif des « réalisations » finit le plus souvent, par effacer le qualitatif de l’accomplissement intérieur, les splendeurs métaphysiques de l’atemporelle entéléchie spirituelle. La vélocité, l'urgence de la production-consommation et ses exigences matérialistes de performance, finit par éclipser la vérité de l'esprit, principale hypostase humaine! Car l'esprit, s'il chemine dans le temps avec la dimension somatique qu'il habite, est d'essence supra-matérielle atemporelle, son parcours temporel est de fin extra-temporelle et sa destinée se finalise hors du temps.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Politique de Reproduction

Les textes du Blog INTELLECTION peuvent être reproduits, en tout ou en partie, gratuitement, à condition d'indiquer clairement la source http://intellection.over-blog.com/, avec lien actif vers notre site. Dans le cas de la reproduction sur un support autre qu'Internet, la mention de l'adresse du Blog INTELLECTION (http://intellection.over-blog.com/) est exigée.

Tag(s) : #Monde du Concept