La déification, propension ascensionnelle naturelle de l’esprit...

30 Juin 2023

Par Camille Loty Malebranche

La déification n’est pas un devenir divin éthéré de l’humain se prenant pour dieu mais le statut métaphysique de l’homme répondant à l’appel intérieurement éprouvé de l’accomplissement effectif des attributs supérieurs qui font de la personne humaine un esprit conscient qui s’assume en harmonie avec son essence; la déification est l’Ascension spirituelle, évolutive, l’inchoation mentale sacrée, ininterrompue – non pas un statut, ou une posture stationnaire – de l’esprit de l’homme qui s’efforce en pensée en action et méditation, de vivre sa vérité de nature par la foi à travers sa téléologie croyante d’homo viator clairvoyant.

Si la chair a pour impulsion et attraction le fini où elle ne cherche que son assouvissement maximal, un assouvissement organique propre à sa nature en tant qu’organisme biologique, l’esprit, lorsqu’il est conscient de soi et de sa vocation, cherche quant à lui, l’accomplissement de soi selon sa substance. Satisfaction transcendante et non assouvissement! Car il n’y a pas d’accomplissement dans la finitude organique. Et, la seule entéléchie de l’esprit ne se peut que dans l’Infini, cette propriété exclusive de Dieu dont il est l’émané ressemblant, étant imago Dei. La déité de l’esprit est une innéité propre à l’homme fait à la ressemblance ontologique de Dieu. Ressemblance ontologique quoique non statutaire. Et c’est pourquoi, même totalement incroyant, l’homme cultive l’infini, une forme inavouée de déité qu’il n’arrive guère à extirper de lui-même et que sa prestance naturelle manifeste comme un réflexe irrépressible, une potentialité infrangible.

L’homme - malgré tous les verbiages matérialistes, rationalistes, scientistes - est le seul être de chair et de sang, la seule entité organique vivante et consciente sur cette planète, à s’intéresser à l’au-delà de sa naturalité organique avec une appétence conscientielle au dépassement suprême de ce qu’il est sur terre dans l’espace et le temps, une propension à se projeter irrésistiblement vers l’infini! Un infini dont l’élan irréfragable est visible dans les domaines de signification métaphysique de soi et de l’être en tant que tel, une aspiration à l’infini présente tant dans le champ de l’action que de la réaction en société par la politique, tant au niveau public et d’expression collective que dans la sphère de l’affirmation personnelle comme dans l’art, mais aussi dans la mobilisation de soi pour des causes... Une projection vers l’ailleurs supérieur de l’étant humain, projection quasi réflexe à travers notre exigence de signification, notre refus de non signification même dans nos gestes les plus courants! L’homme est une conscience qui, malgré l’apparente finitude de sa condition, pose sans cesse des gestes d’infinitude!

La vie de l’homme conscient de sa nature est une projection spirituelle qui vise la déification en Dieu, de l’esprit qu’il est. Déification, c'est-à-dire tendance illative à vivre intérieurement et activement les attributs célestes (étrangers à la terre et à la finitude de cette existence somatique) qui sont en l’homme. Car si l’animal, ni sujet ni objet, est déjà une entité différente des autres êtres vivants de la nature par sa motilité, son niveau de conscience pratique que ni le végétal ni le mycète, autres règnes du vivant ne possèdent, l’homme est la seule espèce d’êtres à vivre l’immatériel. C’est là, l’intuition de l’homme intérieur qui s’éprouve comme esprit sorti de l’Esprit qu’est Dieu qui l’a conçu tel. Déification en Dieu, puisque tous ceux qui veulent être dieux sans Dieu sont condamnés à être des reclus de l’archétype de la damnation, des esprits putréfiés tel satan, malencontreusement autodéviés et autodéchus par leur délire abyssal et ténébreux de la lumière sans Dieu. La Déification est exclusivement mouvement d’harmonisation suprême avec l’Esprit des origines qui, lui, l’Incommencé Éternel, détermina le phénomène du commencement en créant et parmi les perles indicibles de son œuvre de Création, fit l’homme à son Image et à sa Ressemblance. L’homme ne se déifie qu’en Dieu. Toute Lumière ontologique qui n’est pas Dieu, est ténèbre. Il n’y a pas de puissance apotropaïque ici-bas, en dehors de Dieu pour conjurer la déchéance de l’humain, car Dieu seul sauve l’homme en le préservant de ses faiblesses mortelles et damnatoires. Dieu nous arme de la force d’ennaturation, pouvoir d’ancrage en notre nature spirituelle, et ce n’est même pas un conatus, car réflexe puissant pour quiconque croit. Quant au niveau comportemental propre à nos pulsions, Dieu, en sa miséricorde, nous donne sa toute-puissance préservatrice contre toute déviance et tout dérèglement. Là, l’homme de Foi vit l’ataraxie sous l’Omnipotence et l’Omniscience du Dieu qui est son Père Aimant et Protecteur lui entretenant la substance divine qu’il a placée en cette espèce.

Philontologie et théontologie sont les concepts que j'ai élaborés et consacrés à la dimension divine en nous; la philontologie est le fait des affinités de l'esprit de l'homme créé avec certains attributs divins fondamentaux tels la conscience supérieure, la pensée, l'action et la volonté par quoi nous orchestrons l'action; la théontologie est précisément le fait même de notre tendance comme substance spirituelle au-delà du corps et de la matière, à accomplir notre part de déité.

Nul ne peut se construire de manière inexpugnable, sans tôt ou tard s’effondrer, s’il n’est divinement protégé. Ce qu’il convient d’appeler une substantiation ancrée, caractérise la nature humaine protégée en sa substance sous la protection directe de Dieu bloquant toute possibilité et tout risque de déviance, empêchant toute dénaturation. Dieu est le seul Seigneur qui garde en nous la seigneurie de l’esprit, lequel sans lui, s’amenuise et déchoit sous l’assaut de ses limites, ses faiblesses, sa peccabilité. Dieu Seul nous préserve de nous-mêmes, de nos autodénaturations en orchestrant notre nature véritable. Nous y reviendrons...

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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