Par Camille Loty Malebranche
La première « semaine » génésiaque, cette chronologie présentée dans le livre de la Genèse sous forme d’un heptameron comme lieu temporel où Dieu tire de son Verbe et de sa Personne (non pas ex nihilo), pendant six jours, la Création, avant de se reposer le septième, n’est point une période littérale de sept jours mais une présentation allégorique de l’action démiurgique du seul vrai Dieu Esprit et Vérité, Créateur des cieux et de la terre (Créateur donc du cosmos) exerçant sa prérogative exclusive de créer sans matière première! En créant ex Deo, l’univers matériel, Dieu engendre l’épiphénomène du temps, ce découlement du fait cosmique matériel avec son phénomène du Commencement. Ainsi donc, l’Esprit qu’est Dieu, Démiurge immatériel, crée le monde matériel dont l’une des conditions est la temporalité.
Le temps est la rupture de la vacuité qui constituait le statu quo de l’éternité pure avant l’acte de la Création générant la matière cosmique. Remarquer qu’en cette occurrence, c’est la dynamique des êtres qui s’insère dans la placidité vide, le calme plat et informe c'est-à-dire sans corps de l’éternité incommencée et infinie d’avant la Création sans pour autant empêcher ladite éternité.
La Genèse est le moment inaugural de l’histoire cosmique, histoire de la Création, à travers un langage coloré et anthropomorphique, mythologique pour préciser l’origine spirituelle et divine du monde matériel par le pur esprit qu’est Dieu. C’est pourquoi, la Genèse inaugure son récit par l’incipit : « Au Commencement, Dieu créa... ». C’est donc, la proclamation homilétique - antérieure à toute théologie - de la Vérité de Dieu qui crée; Indication radicale de l’existence de cette Personne, cette Présence et Hyper-Conscience immatérielle, non point seulement comme principe causal de l’univers, même si l’acte de Création de ce Maître Démiurge est principiel du cosmos. Un formel démenti de la thèse de l’autogénération du cosmos, lequel n’est pas et ne saurait être une causa sui. Un rejet radical de l’univers comme « l’Être » par Parménide et Empédocle, dont la cosmologie païenne, matérialiste voit l’univers comme autogène. La Genèse affirme envers et contre tous que le Cosmos reçoit son être de Elohim, ce Dieu Unique dont l’envergure plurale de ses dimensions est inscrite dans le nom pluriel que lui applique l’auteur de la Genèse!
Un Dieu Esprit et Unique, Créateur de tout l’être matériel qu’est le cosmos. Un Être précosmique que l’écrivain de la Genèse nomme Elohim (pluriel « d’Elohi, d’Eloha » traduit par Dieu en français) comme pour montrer les pluralités à la fois dimensionnelles, hypostatiques, attributives de l’Essence divine de ce Dieu Suprême Décideur et Créateur qui génère de soi, par sa volonté, l’être, cette présence dite Cosmos, rendant possible au niveau tangible les déictiques « Il est », « Il y a », dont Dieu est Instance déterminante. De sorte que le cosmos, dans la veine narrative du livre de la Genèse, est littéralement un ex Deo qui exclut tout ex nihilo, car venant strictement de la dimension verbale de Dieu qui, ayant toujours été, ne laisse aucun sens logique au néant, lequel néant n’est qu’une émanation des limites de l’entendement humain, une impropre nomination du non être spécifique du monde tangible qu’est la Création et non de Dieu qui a toujours été, lui Incréé et Incommencé, avant de choisir d’être Créateur et de fonder le Commencement!
Le Commencement génésiaque, début absolu de la création cosmique, est ainsi donc surgissement du fait du temps dont le Créateur ne saurait relever puisque Éternel c'est-à-dire Atemporel, Incommencé, Incréé! « Dieu dit que la Lumière soit et la lumière fut », force est de constater que c’est une lumière qui existe sans soleil ni lune! Une lumière qui signe et signifie la fin de l’informe et du vide, selon les trois premiers versets de la Bible.
Une semaine « illitérale » pour dire les Créatures !
La semaine originelle du livre de la Genèse que Dieu aurait pris comme temporalité démiurgique pour faire surgir l’univers de son verbe en six jours avant de se reposer, nous le redisons, n’est pas une semaine littérale, c’est en fait une chronologie que j’appelle « illitérale » puisque conçue strictement en langage littéraire sacré, pour dire le phénomène du Grand Commencement dans le récit génésiaque exposant sa présentation qui est aussi représentation mythique des origines. Une représentation où le 7 (sept) n'est pas sans évoquer la plénitude du pouvoir parfait sans limite du Créateur. Il suffit, par ailleurs, d’une toute petite attention logique pour voir que les trois premiers jours et nuits de ladite semaine, au moins, ayant été avant la création du soleil, ne peuvent être des jours et nuits littéraux. C’est empiriquement élémentaire, sans le soleil pour déterminer l’alternance horaire de la lumière et de la noirceur au rythme de la rotation de la terre, les concepts même du jour et de la nuit ne peuvent exister que comme renvoi langagier, référence allégorique à une « pré-temporalité » pré-créationnelle concernant Dieu et son plan créationnel, lui l’Éternel qui ne saurait relever du temps! Et, vu les lois du système solaire tel qu’il est connu, la terre elle-même n’eût point d’existence sinon que comme métaphore mythologique pour référer à d’autres vérités sacrées, révélationnelles! D’autres hiérophanies supracosmiques que Dieu veut nous enseigner dans la théophanie créationnelle.
Il est fondamental de comprendre que la narration génésiaque ne présente point un heptameron où Dieu créa l’univers en six jours pour se reposer le septième! La Genèse, en la logique supérieure de surgissement des êtres, constitue la théophanie fondatrice de la Foi; elle est cette proclamation que Dieu est et qu’Il est Celui en qui et par qui l’Univers - l’être cosmique, l’être matériel - existe avec tous les innombrables étants de la matière! La Genèse sous-entend également le monde des esprits constituant une sorte de cour céleste où Dieu règne et est servi par des êtres supérieurs immatériels parmi lesquels certains indignes ayant péché, ont été déchus de leur rang; d’où le mot générique satan pour désigner ces misérables à jamais ténébreux privés de la Lumière qu’est Dieu. Ainsi, c’est de cette idée de Lumière que la Création cosmique est évoquée à chaque étape de jaillissement de groupes ou de catégories d’êtres comme des jours! Le jour avant l’avènement du soleil est l’espace temporel que crée l’acte de création car sans le Créateur et l’évènement de la Création, il n’y a pas de temps, il n’existe ni commencement, ni âge, ni fin. C’est en créant que l’Éternel, absolument étranger au temps, enclenche, ce que je dirais subcausal de l’être matériel créé qu’est l’univers, la temporalité. La temporalité est une conséquence immanente à la finitude de tout étant qui commence et donc doit inéluctablement avoir une fin où il cesse d’avoir part à l’être. La Genèse évoque donc l’avènement du phénomène du temps indiqué par le vocable liminaire : « Au commencement, Dieu créa ». Car avant tout, le temps et l’espace ne sont que des conçus de la créativité et de l’omnipotence créatrice de Dieu, qui rendent possibles les étants matériels du cosmos, sortis de la fulgurance créatrice de l’exclusive démiurgie divine. La Genèse nous dit aussi qu’il n’y a point et qu’il n’y a jamais eu de Néant car Dieu, l’Être, a toujours existé. Quant aux jours et aux nuits génésiaques, ce n’est qu’anthropomorphisme langagier pour accommoder le lecteur.
Désintriquer le message de la Genèse qui mêle la mythologie et l’histoire, les faits et les mythes, la légende et la factualité, la fiction et l’évènement, est une exigence obligée pour bien comprendre le sens et la vérité transmis par son message. Un mythe historique n’est pas l’histoire et la mythologie n’est pas de l’histoire mais allégorie qui renvoie à la signification de l’Histoire!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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