Par Camille Loty Malebranche
C’est souvent par le reflet du divin suggéré à travers le mythe comme langage linguistique et métalinguistique avec toutes ses ressources ludiques symboliques pour éclairer cette communication innée, infralinguistique qu’est l’intuition spirituelle en nous, que Dieu se présente avant de se révéler pleinement aux tréfonds de l’homme de foi qui l’accepte et qu’il habitera, possèdera.
Le mythique, l’anthropomorphique, le symbolique sont les seuls tremplins langagiers de la révélation divine. Dieu - l’Être, Yahvé, le Je Suis - ne relève guère du mythe; toutefois, l’intelligence humaine n’y voit bien que par le discours mythique et anthropomorphique qui lui permet de le fixer en son imaginaire de finitude de sa dimension terrestre. La concrétude illustrative du mythe imprègne l’imaginaire pour mieux signifier l’immatériel intangible.
Rendre sensible l’immatériel intangible, voilà, l’une des fonctions didactiques de la mythologie sacrée. Ce n’est donc point une cryptolalie (langue secrète) que le message spirituel mais une communication de la vérité dans un langage exigeant un niveau global de maturité mentale, pour être assumé. L’hébraïsme biblique qui excède de loin le champ de l’hébreu comme langue, et doit se percevoir comme mode de langage propre à l’enseignement spirituel, est jonché de mythes pour la proclamation du véritable message divin prophétique, apostolique, messianique. Et, par des images et répétitions qui ne sont guère des redondances mais l’insistance imageante devant faire sentir le divin jusqu’à drainer la conscience humaine vers la présence de Dieu, les mythes nous disent la Vérité sans s'abaisser aux réalités. Le mythe, le langage mythique a donc pour effet supérieur et sacré - effet somme toute, mystique - l’éveil de la conscience humaine au mystère, à la présence ineffable de l’Être de l’Absolu, de L’Infini. Adam tiré de la poussière, du limon de la terre au livre de Genèse, n’est-il pas l’affirmation du mythe de la composition somatique de l’être humain que la science contemporaine reprend en choeur par la belle expression métaphorique à la mode: "l’homme est poussière d’étoile"!?
Le langage qu’est l’hébraïsme quand il est vrai, met l’homme, comme sensiblement voire sensoriellement, dans la sphère intangible de Dieu qui parle à notre esprit dans ce que l’esprit comporte comme faculté émotionnelle, sentimentale, rationnelle. Car pour l’homme ennaturé assumant l’humanité intérieure qui est esprit, toutes les facultés sont d’abord des vecteurs du contact avec le Créateur dont il est image et qui l’appelle à entrer dans l’univers du Père et à participer à la déité. C’est sans doute là, le plus grand et difficile des mystères à accepter pour ceux qui ne croient pas et qui restent à la paroi des rationalités ténues de leur matérialité d’être au monde : l’homme, malgré l’apparente banalité des situations mondaines, est esprit appelé à être fils de Dieu. Tel est l’accomplissement de notre nature véritable.
Ainsi, forts de la connaissance de cette fonction didactique du mythe - au fil des livres sacrés, les vrais, car tout ce qui est dit sacré parce que dans la bible, ne l’est pas nécessairement - nous pouvons être certains des évocations de la Création, de la Rédemption et de la Glorification à venir; remarquez ici que même le grec du nouveau testament est en quelque sorte conditionné par l'hébraïsme méthodologique en tant qu'il baigne dans la mythologie hébraïque qu'il poursuit malgré des ruptures. Tout, d’Adam aux patriarches, de ceux-ci à Moïse et de Jean le Baptiste à l'Apocalypse, participe de la mythologie fondatrice hébraïque orchestrant le sacré révélationnel des israélites qui sont la première communauté à avoir apporté au monde la Parole révélée d'un Dieu pur Esprit, qui n'accepte aucune représentation matérielle de sa Personne, un Dieu qui interdit toute intronisation d'un être suprême en dehors de Lui, qu'il fustige et sanctionne comme idolâtrie, l'un des pires péchés, l'une des plus abjectes abominations... Ainsi, tout ce minerai scriptural d’une tradition non vraiment chrestomathique est indication théologique, et dogmatique d’histoire, de mythologie, de morale, de savoir, véhiculant la sagesse didactique dont nous devons extraire les substantifiques mines et signifiantes moelles pour une esquisse de la révélation divine que l’homme de foi, l’esprit ennaturé, l’humanité intérieure pourra recevoir pleinement dans son échange avec Dieu, sa présence consciente et subconsciente à Dieu qui fait tout pour que nous lui soyons présents et que nous intégrions son univers divin paternel.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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