Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Par Camille Loty Malebranche

 

« C'est l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie» Jésus in Jean 6v63.

Avant d'entrer de plain-pied dans lherméneutique, il est essentiel de distinguer la vie comme énergie animant le corps, énergie autrement appelée âme ou souffle de vie, de l’esprit - hypostase indépendante qui habite et utilise corps et âme, tout corps sans âme n’étant qu’inertie minérale - qui, seul, peut prétendre à l’éternité. Le corps est en fait l’union de deux dimensions: l’organique (corps physique) et l’énergétique (âme) qui est l’énergie dispensatrice de vie à la matière. À ce stade, il est fondamental d’appréhender le sens de l’âme que partagent au moins tous les porteurs de conscience évoluée.

Que peut signifier « c’est l’esprit qui vivifie » dans le contexte métaphysique de l’affirmation de Jésus? Nous entrevoyons le sens mystique, métaphysique et christique du mot de Jésus qui se retourne vers le petit groupe, l’Église, cette élite d’élus - hormis Judas choisi pour sa crapulerie maléfique, sa vénalité à propension félonne - constituée par lui, pour leur apprendre que tout ce qu’il apporte aux humains, est spirituel. Ayant annoncé le don de son corps en holocauste pour la justification spirituelle des croyants, et, face à la violence primitive de l’incompréhension des foules auditrices qui boudaient son message avant de l’abandonner, Jésus proclame la nature transcendante de son message « la chair ne sert de rien, la parole que je vous ai dite est esprit et vie ».

 

Tout d’abord, il est essentiel de se rappeler que dans le cafouillage des ambiguïtés sémantiques qui l’affectent, le mot esprit aura été galvaudé des deux confusions suivantes, celle de sa réduction cognitive et celle de sa mésinterprétation comme âme.

 

La réduction cognitive de l’esprit est précisément celle que commettent les monistes, ceux qui considèrent l’esprit non comme hypostase vivante mais comme simple dimension intellective de l’homme, qui caractérise les facultés cognitives et rationnelles du cerveau.

 

La mésinterprétation comme âme, est une des plus courantes au niveau des religions, voire de la Bible en certaines suggestions pas assez spécifiantes où la tradition dit indifféremment âme, être, esprit… Toutefois, l’Écriture est formelle, l’homme est de trois dimensions, l’esprit qui le fait Image de Dieu, l’âme et le corps là où l’animal n’en a que les deux dernières de sorte que le psalmiste ait pu dire à Dieu en évoquant tous les êtres vivants indifféremment « Tu ôtes ton souffle (précisément l’âme), ils retournent à la poussière ». L’Écriture soutient sans équivoque, que l’âme est vitalisation corporelle organique vouée à vitaliser lorganisme des êtres vivants, au point d’interdire la consommation de la chair des animaux étouffés car « l’âme de l’animal est dans son sang ». L’âme est l’énergie supramatérielle vitale de notre matière qu’est le corps.

 

Pour revenir au Christ, après cette mise au point, nous pouvons dire quil ne voulait certainement pas insinuer que c’est lesprit qui détermine la vie de la chair car, comme nous venons de le constater, l’esprit n’est guère indispensable à la vie somatique organique, sinon les animaux seraient aussi des esprits. Pour le croyant, la chair qu’est le corps de l'homme, est juste créé pour héberger l'esprit et lui servir d'instrument au service de Dieu dont il est le temple, Dieu étant l'Hôte de l'Homme de foi. Le corps n'est strictement rien de plus que l'outil de l'esprit en croissance dans le mérite vers l'accomplissement. Alors ici, nous saisissons que « vivifier » - dans son acception spirituelle, car tout ce qui vient de Jésus est métaphysique et spirituel pour notre édification - signifie que c’est en tant qu’esprits, nous, tirés de Dieu pour être son image parmi toutes les créatures matérielles animales, végétales ou minérales, oui, c’est en tant qu’esprits que nous sommes les seuls à être, que Dieu nous donne la Vie éternelle, la seule Véritable.

 

Jésus, le Sauveur, nous rappelle et nous enseigne donc la modalité spirituelle de la rédemption en réaffirmant que c’est en esprit que nous sommes appelés à vivre éternellement et que le reste n’est qu’instrument et voie de l’ascension de l’esprit vers son accomplissement éternel, vers cette possible vie offerte à notre apparente banalité, par delà la chair et le sang.

 

En spiritualité, tout ce qui ne demeure, même temporellement vrai, est illusion. Seul ce qui demeure sans fin est Véritable car il vient de L’Éternel, ce nom donné à Dieu, unique dispensateur de durabilité infinie même si rien n’est vraiment éternel en dehors de Dieu, puisque tout a un commencement, et que l’éternel réfère autant à l’ineschaton (état d’infinitude de ce qui est sans fin temporelle), qu’à l’incommencement (absence de naissance ou de génération temporelle). Dans l’enseignement de Yahvé véhiculé par le Christ, transparaît la claire promesse de la Véritable Vie, celle qui ne finit jamais, celle de l'esprit. Promesse néanmoins conditionnelle en tant que l’esprit doit désapprendre les bornes du sensible et devenir conscient de soi pour se consacrer à Dieu. Consécration qui est la seule mission impartie et imposée à l’homme ici-bas. Sachant que seul l'homme est esprit parmi les êtres matériels et que les animaux et autres êtres vivants n'ont au mieux que leur âme, cette énergie vitale impersonnelle qui détermine le principe de vie, le message du Christ nous rappelle notre statut unique d’être pluri-hypostatique, celui d’un esprit hébergé par un corps vivant de son âme, celui qui surpasse toute animalité, l’animal n’ayant nulle dimension métaphysique, nul ailleurs ontologique, n’étant point personne spirituelle habitant la matière mais organisme de conscience et d’intelligence organique.

 

Ainsi donc, nous sommes, parmi les créatures à corps matériel, seuls à avoir une conscience transcendante. C’est précisément l’éprouvement de cette vérité de l’esprit qui fait que même le plus commun, le plus pitoyable et vulgaire matérialiste des humains, en dépit de sa cécité métaphysique, sa misère spirituelle inconsciente, peut dire par le dualisme éprouvé de sa nature humaine : « j’habite mon corps ».

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2016

Politique de Reproduction

Les textes du Blog INTELLECTION peuvent être reproduits, en tout ou en partie, gratuitement, à condition d'indiquer clairement la source http://intellection.over-blog.com/, avec lien actif vers notre site. Dans le cas de la reproduction sur un support autre qu'Internet, la mention de l'adresse du Blog INTELLECTION (http://intellection.over-blog.com/) est exigée.

Tag(s) : #Monde du Concept
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :