Par Camille Loty Malebranche
L’Homme détaché vit amplement sa vie en jouissant de toutes bonnes choses sans jamais chercher dans le monde une fuite en avant pour oublier la vérité spirituelle pour laquelle il doit vivre. L’Homme détaché est celui qui refuse de faire du monde, un opium temporel contre l'intuition de l'Éternel. L’Homme détaché, tout en jouissant intensément du bon et du permis, ne fait jamais du plaisir, une béate diversion psychologique du regard, loin de la vérité métaphysique de sa destinée.
La plupart des bêtises humaines individuelles et collectives, la plupart des malignités les plus vilaines génératrices de crimes tels l’avarice, la violence prédatrice, le pillage systémique et systématique des pauvres par les riches, l’impérialisme et l’asservissement d’autrui viennent d’un attachement au monde et à ses valeurs infectes. C’est comme si, après avoir constaté la vanité des choses et l’éphémérité de cette vie, les hommes se droguaient de passion rageuse, la folie de tout vouloir posséder d’un seul coup sans savoir s’ils auront le temps d’en jouir. La rage patibulaire de tout vouloir posséder dans le temporel au mépris de la transcendance à laquelle appelle l’esprit, fait de l’homme un monstre stupide qui est prêt à tuer et à se tuer pour l’incertain, le fini dont il ne jouira si jamais il en jouit qu’à coups de misères infligées et consenties.
Il est des richesses véritables qui demeurent celles des conquêtes de l’intelligence par les créations, inventions, découvertes qui améliorent les conditions intellectuelles et matérielles de l’humanité. Celles-là sont des manifestations du génie humain. Et l’attachement à ces valeurs délivre des assuétudes aux vétilles du monde. Car les valeurs impondérables sont un fonds profondément humain de l’essence humaine manifestée dans la culture que la nature humaine met en acte pour l’amélioration des conditions humaines. Et le reste - toutes les ignominieuses conneries et onéreuses vanités d’apparats ostentatoires du pouvoir coûtant lourdement aux peuples ainsi privés du nécessaire pour la gloire immonde de quelques-uns utilisant les structures - n’est que foutaise d'attachement aux glorioles exhibitionnistes du pouvoir des uns aux dépens des autres.
Système de domination et déshumanisation
Ce ne sont pas des limites de l’intelligence ni des bornes fatales du génie humain qui engendrent tous les graves manques à l’équité dans les sociétés humaines, mais l’orgueil qui veut tout avoir et pour qui, rien n’est jamais assez dans le délire de maître en ce monde. Chez les faiseurs d’empire, avec le pourvoir structurel, cette folie de dominer tous selon leur immonde intumescence imbécile de prétendus propriétaires forcenés de la terre et du monde, engendre les crises et fractures planétaires de toutes sortes, la paupérisation des grandes majorités sacrifiées pour l’ignoble et démente arrogance d’avoir de l’être par le numéraire. Toutes les injustices et horreurs sociales affligeant les majorités et minorités humaines planétaires, siéent à cela: l’orgueil insensé de vouloir plus que tous comme pour un « plus-être » par l’avoir. Quand à peu près tous cherchent à régner aux dépens de tous, à travers un ordre social où le pouvoir se tient et s’obtient par l’argent, il est presque certain qu’il n’y a aucune place pour l’humain.
Le détachement est plus qu’un état de fait, un procédé actif. Il s’exprime par la distanciation mentale et comportementale de l’homme avec le monde dont il use. C’est une ascèse sans ascétisme qui vogue dans le plaisir de jouir pleinement mais avec mesure des bonnes choses de la nature et de la culture. Sachant que le bon usage et la juste représentation sont les seules voies dignes de la vie et de l'action en toute circonstance. Ainsi, dans la weltanschauung de l’homme détaché du monde, il y a toujours l’omniprésence de l’idée d’impermanence des choses, de leur stricte fonction utilitaire et le constant primat de l’humain sur les choses. Nous envisageons l’axiologie du détaché spirituel selon l'ordre qui suit: 1) DIEU, ce Créateur qui est l’origine et la fin de l’Homme; 2) l’Esprit, dimension divine de l’Homme, personne immatérielle capable d’éternité s'il se cultive selon son essence étant un être bien distinct du corps; 3) le Corps, "hypostase" animée de cette énergie immatérielle et impersonnelle en soi, dite âme; le corps constitue en fait l'ektostase humaine, car le mot hypostase insinue ce qui est intérieur et caché, alors que le corps est la dimension extérieure tangible de l'homme, une dimension matérielle supérieure à tout autre être tangible du monde, à toute ressource matérielle qu’il (le corps) doit utiliser sans jamais y être prostitué voire en être conditionné à travers quelque système socio-économique que ce soit.
Hélas! Dans le système de domination de l’homme par l’homme où les ressources et situations périssables sont présentées comme des points de mire loin de tout idéal spirituel et divin, les hommes perdus, réifiés, oublient le caractère sacré de leur propre être, de chaque dimension de leur nature tridimensionnelle! Alors, vorace monstrueuse, l’auto-simonie pollue l’univers de l'humanité déshumanisée transformée en foire des humains-choses, dans la plus hideuse, la plus ignoble, la plus anthropocide et homicide des barbaries dites Civilisation humaine!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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