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Par Camille Loty Malebranche

                                                                    

Pour la conscience émancipée, le fait d’éprouver un manque devant la grande capacité d’autrui constitue une motivation forte au travail de soi vers l’accomplissement de ses propres possibles, car la conscience évoluée et libre sait que la grandeur et la hauteur sont l'entéléchie à l’horizon des efforts de l’esprit qui a la foi en soi et en Dieu. La conscience libre et pleine des certitudes de ses possibles considère la gloire comme la finalité de l’autoconstruction aux pierres de l’idéal poursuivi sur le socle de la confiance au génie humain qu’elle porte, vers le pinacle de ce qu’elle peaufine et poursuit sans basculer dans l’imitation servile ni sombrer dans les miasmes immondes de la jalousie et de l’envie. L'homme de la conscience libre sait que lui aussi, porte une qualité unique qu’il doit féconder, projeter comme téléologie créatrice jusqu’à la fructification pour des œuvres de splendeur en abondance.

 

Ressentir un manque devant la grande qualité d’autrui, est normal et même juste en soi, le drame de la majorité médiocre et complexée, tient en ce que le manque en face de l’homme perçu grand, engendre non pas une volition de construction de soi mais une mesquinerie d’ego cherchant à détruire le supérieur. Chez l’homme plat sans estime du soi humain et du génie de l’espèce, la rencontre de l’élévation intrinsèque d’autrui, engendre la détestation, la haine. Pour le miséreux d’esprit, l’effort spirituel et intellectuel sur soi et le travail global de soi étant inatteignables, c’est donc l’orgueil morveux du pitoyable quil est, qui dégénère en blessure narcissique. 

 

La différence entre l’homme de la conscience émancipée et le vilain de la blessure narcissique, se situe au niveau de la perception de soi face à la grandeur. Le premier a la haute estime de soi pour s’élever; le second se reconnaît moins que rien et veut détruire le grand d’en face dont l’existence lui est insupportable, rappelant sa misère qu’il considère essentielle, son infrahumanité qu’il rumine en broyant le noir de son complexe essentialiste d’infériorité. Le blessé narcissique est flagorneur et vil devant les autorités qui peuvent lui prêter audience et titre pour combler ses manques et vides intrinsèques, sa carence intellectuelle et sa platitude spirituelle. C’est un protagoniste de l’exhibitionnisme populacier quel que soit le titre dont il est affublé. En fait, le signe le plus courant de la servilité mentale propre au narcissique blessé, ce pitoyable en qui la conscience qui voudrait se contempler ne connaît que le cauchemar des manques et laideurs, c’est la flagornerie de ceux que l’institution sociale agrée. L’on comprend qu’en ce temps volontairement médiocratique, où les oligarchies veulent monopoliser toute pensée sociale par l’infime minorité des penseurs voués à leur ordre, que pour décourager l’intelligence interrogeante en quête d’étiologie du mal social, elles favorisent les postures de clowns comme ersatz de discursivité et d’art. Les oligarchies érigent désormais les moins que rien de tout acabit en nouveaux phares sociaux à travers leurs éditions et institutions de reconnaissance, pour dénigrer les schèmes discursifs critiques, tout en enrichissant et médiatisant les niais qui exultent en leur pitrerie, se moquant de l’intelligence, conspuant la finesse et la beauté tout en assouvissant la meute des populaces aux goûts poissards.

 

Quand l’idéologie dominante bricole, en guise de démocratie, le populisme culturel le plus grivois par l’ostracisme du langage élevé, la haine de la pensée profonde et la marginalisation systématique de toute vraie activité intellectuelle élaborée, ne gardant que les grands classiques bien figés dans le temps en monuments tout en empêchant l’émergence de dignes et authentiques penseurs contemporains, c’est toute une génération qui est condamnée au nivellement culturel par le bas et à la standardisation intellectuelle par le moyen voire le médiocre.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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