Par Camille Loty Malebranche
Le pèlerinage est la marche sereine vers la fin de l’être dans l'ici-bas considéré comme voie eschatologique selon la conscience spirituelle pétrie de sa mission transcendante; l’errance, elle, est la marche hagarde du perdu trituré par son égarement dans sa privation de but et sa perte de sens. Le pèlerin a une voie qu’il connaît et maîtrise, tandis que l’errant est celui à qui aucune voie n’est ouverte dans sa claustration intérieure d’une conscience sans téléologie.
La vie métaphysique est voyage, il s’agit d’être consciemment en route. L’intuition et la révélation nous sont comme jalons et balises de la foi qui est l’itinéraire sacré de l’esprit. L’on comprend que dans un monde matérialiste, tourné vers le néant et les idoles supplétives de la valeur ontologique, les foules crient à l’absurde et au sentiment d’errance. L’esprit, même ignoré, ne souffre pas d’être dérouté sans se ronger de ce mal terrible pour lui qu’est le contresens. L’errance n’est rien d’autre que la déroute de l’homo viator désorienté, dévié loin de la sagesse intérieure, la seule où l’homme se rappelle son origine toute spirituelle. Les multitudes, dans leur saisie du monde (du réel), ont perdu la faculté de sentir la vérité intérieure pour se projeter selon les dimensions transcendantes et immatérielles où l’être humain est naturellement un esprit conscient de sa vocation au-delà des finitudes rationnelles. Vocation à vie, mission permanente de cette existence, car s’arrêter en route ou même s’en dévier c’est mourir, la vie étant à la destination. Seul l’entendement intérieur surrationnel est apte à la sensibilité pèlerine, où l’homme selon l’esprit assume cette vie comme une opportunité de l’infini.
Tout est question de sensibilité, les pèlerins, rarissimes à chaque génération, sont ceux qui savent dépasser mentalement le charnel et le fini pour prioriser l’éternel et le divin au cœur de la grisaille du temps qui dévore la durée. Le reste, la masse forclose de tout accès à soi, frappée comme d’agnosie de l’esprit, esclave du charnel psychologique, privée de tout le pan métaphysique de leur être, véritables taupes somatiques, tentent de remplir et de tuer le temps, errants qu’ils sont dans leur mort à eux-mêmes, leur cruel néant de sens.
L’esprit ennaturé est une conscience pèlerine qui sait que, malgré les apparences, cette vie est une étape du pèlerinage vers la patrie supérieure de l’homme.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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