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Par Camille Loty Malebranche

 

      

La différence entre l’humanité et le monde tient en ce que le concept anthropologique de monde, réfère à la représentation du milieu naturel, à la société avec ses institutions et modes de liaison entre ses membres et ses structures étayant, conditionnant à partir des principes explicites et implicites qui codifient les modalités de la pensée et de l’action, les comportements, les rapports interindividuels, individualo-structurels et interstructurels. Tout cela configure le monde comme étrangeté à bien des égards, pour l’homme pris comme membre naturel de l’humanité, élément brut de l’espèce. 

 

L’humanité, c'est cette espèce de primates dite homo sapiens, reconnue par sa morphologie spécifique, par sa nature somato-organique que la science médicale et biologique étudie exhaustivement à travers ses branches telles l’anatomie, la physiologie, l’histologie… C’est aussi l’espèce dont l’intelligence et la puissance mentale, intellectuelle, possède la double capacité de se représenter la nature et un monde non naturel en même temps qu'elle se superpose à la nature environnante en concevant des outils, en fabriquant une infinité d’éléments dont l’ensemble fondu dans ses représentations collectives, constitue la civilisation. L’homme se reconnaît donc comme cette espèce qui pense et agit, communique ses connaissances par un langage élaboré lui permettant une conquête progressive du savoir pour transformer son environnement naturel en ajoutant ses acquis désignés sous le nom de culture. La culture, c’est l’homme se projetant hors de la nature tout en y étant, comme pour s’y ajouter en créant le monde.

 

Dieu crée l’univers et les êtres naturels dont l’homme, l’homme, quant à lui - à partir de sa socialité, sa mise en acte de l’expérience commune cumulative dans le temps du savoir et du savoir-faire sur le petit rocher plus ou moins ellipsoïdal appelé terre - crée le monde.

 

Là où l’humanité est manifestation immédiate des attributs et faculté de l’espèce, le monde est expression médiate des capacités de constructions tant concrètes qu’abstraites de l’humanité se signalant comme dominant, au moins en partie, sa planète. Et, parce qu’il enclenche, met en branle tous les artifices exponentiels de la capacité d’abstraction et de projection collective, identitaire, sociale et individuelle des hommes, parce qu’il est construction du sujet social et de toutes les interactions, lieu d’intervention du pouvoir politique et de ses fondements économiques et sociaux, le monde est donc une vaste conception configurante de connexions de codes, de motivations, d’affects, d'imaginaires qui dépassent par ses institutions matérielles et immatérielles c'est-à-dire physiques et axiologiques, les membres particuliers qui le composent, membres liés sans s’en rendre forcément compte, par des raccords institutionnels complexes. C’est de ces liaisons avec le jeu des intérêts, la querelle des ego et des classes constituées dans le social selon les modalités du monde que les sociétés humaines ont finalement créé, que sont sollicitées à la fois, dans un troublant paradoxe, toutes les sublimités et les innombrables déchéances de la nature humaine tout au long de l’histoire, dans le cheminement de l'espèce à travers le temps et l'espace. Tout homme a donc un double combat à mener dans sa vie, celui de l’élévation de soi contre ses propres appels inférieurs, ses faiblesses de caractères et celui de la transcendance des forces sociales négatives, telles les inepties magnifiées du succès au détriment d’autrui, la mentalité de classes contre classes, de nations contre nations. Ce sont donc toutes les formes de l’égoïsme individuel et collectif tel le nationalisme, l’ethnocentrisme que chacun et chaque société doit parvenir à transcender.

 

VIVRE LE MONDE TOUT EN LE TRANSCENDANT. ACCUEILLIR LE SOCIAL EN SACHANT L'EXCLURE...

 

Être à l’humanité en se construisant intérieurement selon l’esprit, c’est aussi savoir user des grandes conquêtes sociales qui font le monde en tant que civilisation, tout en étant toujours conscients pour éviter les horreurs qui ternissent l'humanité. Être adroitement ludique pour vivre pleinement tout en repoussant brillamment l'influence des raccords matériels et immatériels, ces sortes de codes et suggestions explicites et tacites qui, du monde, veulent nous mouvoir selon des affects déviants et motivations malsaines et inhumaines.

 

Participer au monde, s’y nourrir et y contribuer positivement par ses talents pour ce qui est noble et humanisant, tout en sachant le transcender par manière de rejet de ses pièges, ses conditionnements dénaturants, est en somme l’injonction de la nature véritable de l’homme. L’homme spirituel qui ennature, ne peut faire l’économie de cette emmétropie spirituelle ennaturante, car rien n’est plus anthropocide, plus destructeur de l’humanité que le monde!

 

Le monde est un paradoxe anthropologique extrême car en lui se trouvent les éléments nécessaires à l’épanouissement de la nature humaine au-delà de son appartenance au règne animal, nature métaphysique dont l’entéléchie est transmondaine, allant de la nature intérieure spirituelle vers son destin, sa part de déité, en passant par le monde au carrefour incontournable du social où elle doit se manifester.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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