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Par Camille Loty Malebranche

 

Je définis le désir comme le couple du sentiment et de la sensation où l'intérêt, attirance objective sentimentale, et le "goût" au sens de prédilection personnelle, sensation interne au sujet, expriment un éprouvement fort qui engendre une formidable puissance d'enthousiasme en vue de la satisfaction du désirant. C'est ce par quoi l’homme se permet de saluer l’élan naturel de vie selon la culture où évolue sa nature. Alors que l’excitation est pulsion extrême s’imposant frénétiquement contre un sujet que le désir involontaire soudain, rendu besoin hantant, impulsif, assujettit.

 

Le désir véritable est volontaire et donc sain - je parle ici du fait de désirer et non du contenu, l'objet bon ou mauvais du désir - puisqu'il n'existe que par l'homme qui en a le contrôle, choisissant librement de le satisfaire. Nous ne disons pas que le désir en soi, vient d'une volonté, mais que tout désir non obsessif, s'il n'est pas psychiquement nourri par son homme, finit par disparaître. Ailleurs, en cas d'incontrôle, c'est le surgissement de l'obsession qui est corruption compulsive du désir et du désirant qu'il asservit. 

 

Je suis maître du désir qui me pousse et impulsif de l’excitation qui me stimule. Je résiste au désir mais évite l’excitation, ce désir corrompu, en refusant ses situations, ses fiefs pulsionnels tentateurs. Le désir maîtrisé et sainement satisfait, est manifestation juste de la force de vie. L’excitation est peccabilité en tant qu’elle tend à rendre le désir maître de l’homme métamorphosé en assouvissant insatiable. Car le désir non maîtrisé est compulsion d’assouvissement. Il n’y a pas d’homme sans désir, le combat victorieux du bien est celui du contrôle de l’excitation qui subjugue et peut transformer le désirant en esclave… C’est pourquoi l’homme doit définir quel désirant il est et veut être. Choisir quel désir  à satisfaire, c’est cultiver la répulsion implacable de toute pulsion débridée… Choisir et cultiver, minimise la peccabilité ontologique qui ne se soldera point en péché dominant et destructeur.

 

La maîtrise de soi, cet apprentissage de tous les instants pour qui veut dompter les zones plus ou moins insaisissables du vaste inconnu des circonstances d’éveil des sens et des émotions, doit entretenir d’abord la transcendance des situations. Transcendance, c'est-à-dire recul rationnel autant que possible devant les flots impétueux des sens et émotions. La théorétique, ici, comme connaissance axiologique de la portée de l’action, est prévention proactive et la décision comme action et choix de  la volonté, se manifeste refus et évitement ferme pour garder le contrôle. La perspective de l’agissant refusant d’être agi, est choix au sens de la « proaïresis » aristotélicienne qui définit le désir comme un choix. Certes, tout désir, loin s'en faut, n'est pas choisi. Et c'est un des plus grands malheurs de l'Homme ici-bas. Mais le choix doit primer le désir, et c'est un apprentissage assidu, à vie. Tout désir, on le sait, devient obsession et dévie en souffrance et servitude s’il n’est pas choisi conditionné par des valeurs assumées de l’homme. Quand il ne l’a point élu et circonscrit dans les bornes de ses principes de vie et de son axiologie de l’action, le désir n’est plus volition mais sujétion du désirant qu’est l’homme et que celui-ci doit combattre en se transcendant lui-même.

 

Affirmer intérieurement ce qu’on est, permet d’éviter tout objet de tentation dénaturant parce que contraire à la nature spirituelle et à sa substance inviolable. S’affirmer Esprit et le vivre intérieurement, atténue si chétivement le mal harceleur et tentateur qu’il le rend inopérant. S’affirmer intérieurement Esprit par la prière et la méditation constante, est la force fondamentale et une des plus sûres stratégies de destruction des ruses possibles de l’excitation asservissante par le rejet préventif de ses objets charnels et matériels, ses champs et conditions d’influence.

 

Il s’agit pour l’homme maître de soi de transcender le désirant malsain en lui, par une proclamation du soi supérieur fixant les valeurs et le sens qu’il se reconnaît. Résister au mal, c’est moins se battre contre lui, mais le mépriser en se sachant autre que l’esclave de ses appels, en s’adonnant aux choses des élévations intérieures qui désarment le désir mauvais en brisant ses fixations obsessives. L'obsession est l'espace du désir chronique incontrôlé qui peut, selon son contenu, losrque celui-ci est malsain, pousser à des actes indignes! Et, nul n'est à l'abri sans un travail permanent sur soi et une fixité du regard sur le bon, le juste contraire à tout mauvais désir et donc en empêche le glissement vers l'obsession!

 

Nul n’est trop faible devant les pièges tendus à la liberté, nul n’est fatalement astreint à l’effondrement et à la chute dans le servile et l’indu que tendent les gouffres des désirs indésirables. Il faut chercher, trouver et développer son armure morale et ses armes mentales contre le mal. User des ressources spirituelles de l’oraison mentale - « priez sans cesse, dit le Christ » - et de l’ancrage intérieur dans le divin, le Paraclet dont l’accompagnement ne manque jamais. Le refus de toute complaisance est le début de la victoire sur les appels et situations qui rendraient la tentation puissante en éveillant ses pulsions avec leurs excitations.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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