Par Camille Loty Malebranche
Le mystère est en soi métaphysique par nature. C’est la ténèbre des vérités inconnaissables inaccessibles à notre rationalité, que seule la révélation divine éclaire comme faits en leur factualité, de sorte que nous les connaissions en éprouvement sans pouvoir les élucider ou les rationaliser par le discours et l’étude; car l’essence du mystère est précisément qu’il demeure inobjectivable, fermé en son eidétique, inatteignable par sa vérité au-dessus du schème tangible auquel touchent les aptitudes cognitives rationnelles. Le mystère n’est point du domaine de la problématique, il ne constitue en aucun cas un problème, il est plutôt un sujet de méditation, sujet somme toute insolite, un éprouvement intérieur, une forme d’intellection purement intuitionnelle!
Au niveau des inconnus du monde ordinaire objectivable, pondérable, il n’y a point de mystères mais des énigmes. L’énigme est le stade de l’inconnaissance provisoire d’un phénomène étudiable et potentiellement connaissable, que probablement les recherches des sciences et la détermination boulique des démarches euristiques de l’humanité, finiront par élucider. L’énigmaticité d’un étant du monde sensible n’atteint jamais le seuil de la mystériosité, puisqu’elle est passible de questionnement rationnel et d’hypothèses logiques envisageables en son onticité, son essence comme étant (étantité), même si ces hypothèses ne sont pas encore vérifiables; car l’énigme reste préhensible par des interrogations potentielles répondables à l’aune de l’objectivation. L’énigme s’inscrit entièrement dans le champ de la problématique.
Pour revenir au mystère, force est de comprendre qu’il est caractéristique des grandes interrogations du sens de la condition humaine et cosmique, le sens originel, le sens finalitaire de l’homme. Tout cela au sein de la vérité généalogique et eschatologique de l’être en général avec ses deux questions inhérentes incontournables : le pourquoi et le comment de l’Être et de l’Être, le pourquoi-comment de son rapport principiel et créationnel à la multiplicité incommensurable des étants, ces êtres ou états de faits particuliers de toutes sortes qui peuplent l’univers, le pourquoi-comment de l’essence spécifique de ce qui est, le pourquoi-comment la vie est vie, le quasar est quasar, l’inertie est inertie...
La négation du mystère, tel celui des origines premières, est en soi une aberration intenable, même pour les rationalistes et scientistes les plus loufoques; pourtant cette stupidité inimaginable, cette billevesée insultante de l’intelligence la plus minimalement logique, existe et est allègrement alléguée en doctrine par la prétendue théologie de certaines sectes bêtement révisionnistes contre l’essence même de la Foi! Une preuve donc que plusieurs des sectes institutionnelles avec leur dénomination officielle et légale sous nom d’églises, sont des instruments d’abrutissement de l’esprit de leurs sectateurs, quitte à les porter à se soumettre aux sottises les plus bâtées, à s’autodénigrer par l’illogisme extrême, la niaiserie la plus balourde, en sapant ce qui est constitutif du fondement de toute religion, consubstantiel à toute spiritualité élaborée, à savoir : le mystère des origines, le mystère du pourquoi et du comment un monde matériel a surgi du non être sans matières premières; et, parmi le mystère de l’Être, celui de la Création et du Créateur qu’il sous-tend, celui du mystère de l’intuition du sens en l’homme, faisant de l’humain, le seul étant somatique-organique connu dans la nature, à exiger un sens à son essence, une signification à sa présence dans le monde.
Mystère et mystériosité du sens fondamental.
Le mystère, la mystériosité d’une question sous-tend que celle-ci ne concerne point le sensible du monde en soi mais son sens, sa généalogie préoriginelle, sa finalité eschatologique, sa vérité de substance... Le mystère est consubstantiel au sens fondamental car schème du supralogique, espace aporétique, puisqu’en lui, c’est l’aporie qui se positionne loin de la dimension des simples énigmes que nous cherchons à élucider en les objectivant! Toutefois, en spiritualité, la ténèbre du mystère n’empêche pas la lumière; au contraire, le mystère affûte la lumière, la Vérité sacrée et divine dans l’esprit qui l’éprouve en son intériorité par delà la chair et le sang. Le mystère, une fois éclairé par la foi, fait vivre dans la lumière intérieure mais aussi éclaire la vie courante factuelle où il agit en nous et nous fait agir comme homme de foi assumant la véracité intangible de la sphère divine. Le mystère, nous le redisons, est en soi de l’aporétique par essence, mais une aporétique de clarté, champ de la vérité révélée par manifestation quoique non par explication parce que toujours très au-dessus du schème de l’appréhension ordinaire par la préhension discursive rationnelle de la critique humaine...
Un mystère, quelque mystère que ce soit, s’il est vraiment mystère, est toujours indiscursif, impréhensible à l’explication logique objective, à l’opération proprement rationnelle de l’entendement. En spiritualité, où il s’agit de la vérité de l’homme intérieur, seul à seul avec le soi éprouvant et se reconnaissant esprit, le mystère est à assumer dans le plus profond des tréfonds et non à interroger ou à objectiver par le questionnement analytique.
Les considérations concernant le mystère de l’être, la mystériosité de la sphère de l’être spécifique de l’homme ou de tel étant de l’univers, ne saurait viser l’intangible aporique, dudit mystère mais se porte sur le comment vivre avec lui, comment s’assumer en lui, face à lui. Le mystère du fait d’être, mais aussi le mystère de l’existence de l’univers; le mystère de la présence de l’homme dans l’univers nous presse de les vivre sans pour autant les comprendre intellectivement? Le mystère s’impose comme constat et toute évocation que l’homme peut en faire, ne désigne jamais que la manière de s’y conduire! On n’évoque un mystère, en tout cas, un grand mystère cosmique ou ontologique, que par le constat de ses conséquences sur l’entendement dont il signifie les limites!
Le fait du mystère, c’est que la factualité de ses conséquences ne peut être logiquement niée, nul, par exemple, ne peut ignorer que l’univers existe et qu’il est nécessairement la conséquence d’un agent créateur même si l’univers comme présence ne peut en rien expliquer logiquement et rationnellement sa cause originelle et les rapports de causalité en lui comme conséquence avec ladite cause!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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