Par Camille Loty Malebranche
La perfectibilité est ce sentiment qui fait de la perfection, pour l’homme incapable d’être parfait ici-bas, non une patrie mais un horizon où lui sourit le visage accompli du soi en route vers son devenir. La perfectibilité est notre ascension temporelle vers l’entéléchie espécielle à venir. À ce niveau métaphysique, l’ascension de l’homme perfectible est l’apanage de l’esprit conscient de ses devoirs et de ses possibles, qui gère l’avenir continu, cette impermanence du temps constamment glissant vers le futur, en construisant son devenir.
Comme la perfectivité verbale appliquée au déploiement courant de son être en situation, l’homme de la perfectibilité exprime, à travers les signes qu’il émet dans l’immédiat du possible, par son intention et sa volition, la vérité actuelle de l’humanité projetée qu’il porte, humanité donc accomplie, perfective quoique non encore réalisée étant en cours. Tel est le paradoxe du potentiel et de l’effectif dans la condition existentielle de l’homme.
La perfectibilité incarne la plus belle preuve de la déité de l’homme dont elle révèle la face d’Imago Dei. Imparfait, l’homme vit en perfectible c’est-à-dire comme conscience en devenir qui marche et court en contemplant la perfection en tant que vérité du soi. La perfection est le fatum pressenti et le viatique intime que porte en soi l’esprit de l’homo viator.
La perfectibilité constitue essentiellement la latence de l'humanité plénière, motivation et appel au meilleur, en vue de l’accomplissement de soi exploitant toutes les facultés générales et particulières qui sont en chaque humain. C’est pourquoi, la seule mission suprême de l’homme ici-bas est d’apprendre à cultiver les vertus supérieures intrinsèques du soi, donc d’ensemencer le parfait en lui, pour féconder l’esprit dans son envergure d’être. Car la latence ne sert à rien si le travail inlassable de l’homme, ne s’acharne à en faire effectivité vivante dans sa construction globale, essentiellement spirituelle avec l’expression intellectuelle et morale de l’esprit que tout humain se doit de manifester dans le monde...
Il n’y a d’égalité qu’ontologique entre humains, celle du standard que sont les caractères de la nature de l’espèce, en dehors de quoi tout est question d’assumation, de comportement érigeant les humains selon les valeurs qu’ils cultivent et dont ils se construisent.
Les arguties des idéologues « égalitaristes » n’existent que pour manipuler les minus et niveler par la platitude toute la société réduite en cohue populacière. Pour le reste tout est question d’assumation positive ou négative de la nature humaine. L’assumation négative est simplement l’abandon de l’esprit inassumé au comportement qui émane d’un rapport à soi dénaturant au point que l’homme ravalé à ses pulsions destructrices ne combat plus les poussées de ses faiblesses et de la corruption d’un monde annihilant de valeur, destructeur d’humanité. L’assumation de la perfectibilité est le travail de soi par l’attention à la transcendance, c’est aussi la culture de toutes les facultés spirituelles, intellectuelles mais également corporelles (dans le cas des professionnels du sport) car elle est comme ce bon levain mental qui fait monter toute la pâte de la juste assumation de notre nature humaine totale, mises à contribution pour notre dépassement, notre accomplissement immédiat et eschatologique. Car l’homme, être perfectible, se doit d'être constamment meilleur à son présent dans l’imaginaire de son intériorité se projetant et courant vers ses horizons de projection. Et, si l'autre ne suit ou s'abîme dans la platitude, il est évident qu'il sera dépassé. Parmi les humains, la petitesse de vue existe et côtoie les splendeurs de l’idéal vrai; toute la différence entre les hommes, est là dans la nature de la pensée porteuse de vision. La pitoyable ou l’exaltante vision. Aujourd’hui, la nature de l’idéal, cette vision projetée, est rabrouée par la masse matérialiste qui travaille les choses et délaisse l’être. L’infrahumain réifié qui en sourd est juste la chose animée de l’institution sociale du mal où la plupart des individus ne sont que des machines réactives sans proactivité sans pensée ni même volonté de penser par eux-mêmes.
La perfectibilité est l’état intérieur du sublime et du suprême qui incite l’homme à s’élever, le motivant à rendre effectives ses grandeurs, le propulsant vers ses sommets à manifester et conquérir.
Comme le visage transfiguré du Christ annonçant à Tabor la splendeur de la plénitude selon la rédemption et la gloire éternelle de l’homme qui aura choisi le salut que Dieu offre, la perfectibilité, en rapport à l’être total de l’humain, apporte les prémices de la perfection comme destin de l’homme qu’elle meut dans l’idéal où elle lui signifie que la banalité de certains jours de cette existence, ne doit jamais faire oublier l’essentiel éminemment exaltant de la nature humaine.
La perfection, le parfait n’est pas l’habitat de la perfectibilité assumée mais son point de mire, son attraction fugace par la face du dépassement toujours mélioratif dans le contexte de notre progression terrestre dans nos potentiels ennaturés, orientés selon la justice...
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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