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Par Camille Loty Malebranche

 

La marginalité bien assumée est à la fois le refus de l'ordre infâme instauré par quelques prédateurs planétaires et la voie de conservation de soi de l'esprit grâce à la conscience distanciatrice, la seule capable de voir librement le fleuve des choses et faits de l'événementialité d'un monde matérialiste, inhumain, déshumanisant. La marginalité est une des puissantes forces de conservation de soi de l'esprit contre les pièges de la corruption, les ronces de la dénaturation.  

Le marginal, c'est l'homme au regard conscient dont l'entendement debout et vigilant sur la rive, constate, mesure et indique le désastre de condition - malgré les breloques matérielles matérialistes de consommation - des foules-objet submergées dans le cours de l'ordinaire, emportées dans l'à vau l'eau de la gestuelle idéologique, le monstre meurtrier pourtant séducteur de l'ordre du monde. À bien observer le cours des choses, le marginal sait construire sa stratégie d'orientation dans le fleuve qui emporte tant les multitudes dans le courant déviant, à l'envers de toute humanité. Le plus grand paradoxe de la marginalité digne est qu'elle est en tout et par tout un combat mental spirituel et intellectuel contre toutes les formes de l'asservissement tant métaphysique que social de l'homme sans empêcher l'intégration saine du marginal authentique et clairvoyant. Car au moment où la conscience emmétrope de l'homme affirme la marginalité comme refus du monde-idéologie à fort pourcentage d'aliénations et de méchancetés de toutes sortes, monde-idéologie qui bricole des civilisations déshumanisées et déshumanisantes, le marginal sait que son implication pour le monde-humanité dans son combat multiple comme personne humaine totale, comme individu, comme citoyen et surtout comme esprit en route vers son entéléchie supérieure, ne doit jamais abandonner l'action bienfaisante ne serait-ce que comme objection de conscience d'un monde dont le mode d'être social baigne si souvent dans l'abjection; un monde, une société qui est son champ de bataille pour le bien, son marcherpied ici-bas vers le ciel de sa transcendance.

 

Le marginal est le vigilant perspicace qui doit constamment travailler sa liberté, sa clarté marginale dans un monde de lumière factice et piégeuse, de ténèbres luciformes invasives et prolifératrices. Car la vraie lumineuse liberté est dynamique, pluridimensionnelle et à cultiver sans cesse.

 

Le marginal doit trouver et retrouver dans le soi spirituel où sa personne bouscule les appels des bas-fonds et les subornations du monde, la force du combat et l'énergie divine de la victoire.

 

La marginalité est la révolte acharnée contre les forces dénaturantes, un acharnement sur tous les minotaures de la déshumanisation que sont les manigances soit patentes (directes) soit suggestives voire masquées de l'ordre du monde et de ses idéologues.

 

Le marginal  clairvoyant, tout radical qu'il est contre l'assimilation à un monde fangeusement déshumanisant, est intensément participant au social. Il est en tout et pour tout impliqué par sa volonté du bien, porteur du flambeau de la grandeur galvaudée et souvent oubliée de la nature humaine bien vécue, assumatrice dignement spirituelle, morale et intellectuelle des attributs de pensée et d'action de l'esprit incarné qu'est l'homme.    

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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