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Par Camille Loty Malebranche

 

Ne trouvez-vous pas que la crise haïtienne est comme consubstantielle de la nature même des rapports des haïtiens à eux-mêmes au sein de la société? De leur projection individuelle et collective antinationale parce que viscéralement clanique, anti-étatique et antistructurelle!? Sinon il eût été impossible que chaque administration, chaque présidence donne lieu, non pas à une opposition idéelle quelque dure et radicale fût-elle, mais à un implacable mouvement de chambardement prêt s’il le faut à faire disparaître le pays dans les flammes!

 

Avant la première Occupation étasunienne tous les chefs d’État ont été renversés à grands coups de guerres insurrectionnelles, hormis N Saget et B Canal; après l’Occupation, seul F Duvalier, le monstre à vie, a terminé son mandat. Et en notre ère, si je puis ainsi dire, seul Préval, lui encore sous protection serrée des étasuniens et ensuite de la Minustah.

 

C’est quand même troublant de remarquer que F Duvalier, le tyran inqualifiable, ait été le seul sans présence de troupes étrangères après la première Occupation, à avoir su contenir quoique par d’odieux crimes contre l’humanité, le potentiel de chambardement des forces déstabilisatrices du pays, lesquelles opèrent soit par l’armée soit par des manifestants violents fonctionnant en rouleau compresseur détruisant tout sur leur passage. Même les gouvernements provisoires font inévitablement face à la mentalité du chambardement. Le concept même de Nation en est donc rendu difficile en Haïti car rien n’est à minima mis ensemble, c’est le règne des groupuscules bourgeois ou petit-bourgeois orchestrant un fascisme populiste, qui veulent avoir tout le pays entre leurs mains au mépris des moindres règles afin de profiter du chaos et d’avoir prépondérance par l’anomie. Les éléments de classe moyenne qui font de la politique sont souvent des kleptocrates étatiques atteints d'un délire endémique des politiciens de cette classe, celui de devenir "bourgeois", de gravir ce qui est pour eux un échelon essentialiste pour accomplir leur être vide. Une maladie déshumanisante, la "bourgeoisite" les dénature en sous-hommes répugnants et ils sont carrément des arriérés mentaux, des demeurés, comme cet ex ministre macoute que j'ai rencontré à un café de Montréal - ville où il s'était réfugié à la chute de Duvalier -, qui crie, éhonté, à tout venant, comme le dernier des minus retardés que lui, ex ministre de Jean Claude, il est "bourgeois"! Le pire ce qui aurait dû être une gêne, il en fait une fierté d'imbécile, croyant que cela peut l'élever d'une quelconque manière. J'en ris aujourd'hui encore, chaque fois que je m'en rappelle et c'est seulement parce je perçois encore cet ex ministre et sa cuistrerie de faraud sous-développé comme un triste et pitoyable minus que je ne l'ai pas expédié en lui demandant: si pour cela que lui et ses pairs ont constitué un des gouvernements les plus pillards de l'État haïtien dans le passé récent du pays? Hélas, hélas! il est de ces anthropomorphes infrahumains qui sont trop méprisables pour mériter une quelconque répartie ou réponse! Haïti est le seul pays au monde où, être parvenu avec l'argent volé à l'État, transforme des moins que rien en surhommes! Par ailleurs, pour revenir à l'aspect de l'instabilité, disons que c'est aussi là, que se pose le problème de l’existence même d’Haïti, car un pays même sans État, doit au moins obéir à des règles sociales pérennes d’un consensus collectif. Or il n'y a pas de consensus possible où le seul but visé par un bon nombre de hauts fonctionnaires, c'est de piller l'État et de se faire de la situation pour après se laisser croire "bourgeois"!

 

Je sais que dire ces choses m’attirera toujours les foudres de ceux qui voudraient faire croire que le mal existe sans malfaiteurs et que l’instabilité, nécessairement autodestructrice pour un pays, surgit du néant et de la fatalité sans un grave défaut de tribalisme mental de montres déstabilisateurs qui refusent in fine de comprendre, qu’il y va au bout du compte, de leur propre existence s’ils se reconnaissent haïtiens car ils effacent leur propre pays.

Haïtiens, il n’y pas de pays possible sans un noyau ferme de consensus, sans capacité de vrai partage citoyen sur l’avenir et le devenir collectif voulu malgré les désaccords entre les intervenants et protagonistes de la politique à adopter. Le chambardement systématique n’est pas la révolution systémique, c’est de la bêtise autodestructrice.

 

Du suicide « national »...

 

La mise entre guillemets du mot (national) dans le sous-titre est précisément là pour dire l’avortement permanent du projet de nation haïtienne... Trouverons-nous un jour, l'intelligence, le courage et la volonté collective de comprendre pour agir en conséquence, que l'existence du pays dépasse celle de nos groupuscules qui disparaîtront si le pays s'effondre?! Déjà, aujourd'hui, ce sont des ambassadeurs intronisés gouverneurs par les Usa, le Canada, la France et l'U.E. qui commandent tout au pays dans le plus grand dédain de tous via le plus vil racisme inavoué pour cette première république nègre déchue, en plein 21ème siècle...

 

Haïti sortira-t-elle du « bellum omnium contre omnes » (la guerre de tous contre tous) dont parle Hobbes en direction des groupes humains non gouvernés et non encore vraiment érigés en société? Car dans l’occurrence haïtienne, sévit un mode de tribalisme mental chez certains secteurs politiques caractérisés par la non conscience de leur appartenance citoyenne à une nation. Politicards manipulateurs de foules, pour leurs pires desseins individuels et de clan, vouant littéralement le pays déjà si fragile à l’autodestruction. Car s’il faut se révolter et combattre inlassablement le mal, ce doit être pour créer un vrai système social selon un mode politique rationnel, pour réorganiser de fond en comble le systémique et jamais par la politicaillerie exterminatrice du pays au nom d’intérêts particuliers de groupuscules et d’individus avides de pouvoir.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Tag(s) : #Haïti-crise, #Monde du Concept, #Dossiers spéciaux, #articles et vidéos
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