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Par Camille Loty Malebranche
Le devenir spirituel de l'homme, son accomplissement en tant qu'esprit conscient de soi, comme adhésion à la destinée espécielle, n’est pas de prime abord, un destin, mais une vocation. D’où, la volonté est primordiale dans le type de réponse à donner à cette vocation qui est toujours un appel!
Dans le christianisme où l’avenir entéléchique de l’homme, est strictement spirituel, le plus grand défi, est celui de vivre selon l’esprit, c'est-à-dire dans la foi qui ouvre les yeux de l’Esprit malgré l’enferment dans le sensoriel de la chair. Ainsi, l’Esprit, hypostase vivante, n’est point immortel par nature mais par conquête. Conquête ontologique où il s’agit pour l’homme de refuser l’illusoire éphémère de ce monde, ayant accepté les mérites sacrificiels du Christ Rédempteur.
Pour le chrétien, il n’y a qu’une destinée, c’est l’éternité de l’Esprit assumé dans sa spiritualité. Fors cela, l’homme vit tout simplement à contre courant de son essence, à l’envers de la destinée: il patauge dans la contre-nature spirituelle au sein de son destin particulier. La destinée est voie de l’espèce, alors que le destin est personnel-individuel, car il est cheminement particulier de chaque Esprit incarné ici-bas dans cet être de mystère appelé Homme. Le but même de l’existence ainsi comprise, se présente comme une vocation, c'est-à-dire un appel auquel la réponse de l’homme se posera en déterminatrice de l’accomplissement de la destinée ou non dans chaque destin.
Soit, l'Esprit Divin souffle où il veut, mais encore faut-il que son souffle soit senti, accueilli, accepté, et c'est là toute l'importance de l'Éveil conscientiel pour l’Engagement de la Volonté, ce lieu du mérite ou du démérite spirituel.
En matière spirituelle et de Rédemption, je rappelle toujours que l'homme ne fait que choisir son Maître: Dieu et la Vie (Réponse de l'esprit à l'Esprit) ou la mort, par le mépris-refus de l’appel de l’Esprit à l’esprit, car la neutralité métaphysique n'existe pas.
L'Appel est Essentiel mais la Volonté comme Éveil de conscience et mise en acte de la réponse positive à Dieu, est nécessaire pour la suite.
En matière spirituelle, le rapport de l’Homme à Dieu, rapport essentiellement de foi, est un produit de la volonté choisissante du croyant qui, de toute l’énergie volontaire de son être se donne à Dieu, s’adonne à la pratique de sa foi. Pourtant, de toute sa volonté, le croyant en Dieu, est celui qui impose silence à la volonté pour s’abandonner à Dieu dont il sait qu’il dépend. Comme disait le Christ contre les soucis débiles du lendemain, selon Matthieu 6 verset 25 à 34 « Ne vous inquiétez pas (…) qui, d’entre vous, peut-il, par ses inquiétudes, ajouter un seul jour à la durée de sa vie? (…) Le lendemain aura soin de lui-même » (…) « Cherchez d’abord, le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera comme par surcroît ».
Se reconnaître tributaire de Dieu de tout son être, est pour l'homme, un acte de foi supérieure car il s’agit précisément de vaincre l’illusion de la détermination de son sort qu'il prend ainsi spirituellement en main! Car au plus fort de cet exorcisme de l’illusoire suprématie ontologique du vivant qui sait qu’il ne peut garder lui-même sa vie dont il n’est qu’un donataire, la foi, l’imposition du silence aux énergies débordantes de la force vitale et de l’orgueil du choix, constitue la plus belle démonstration de la volonté qui s’autolimite, se gère comme refus d’envahir l’espace de Dieu. Volonté d’acceptation de la Vie et de son entretien comme gérant de Celui qui en est le Maître. Volonté procédant par l’absolue confiance au Créateur qui ne manque jamais de pourvoir les siens, ceux qui croient, en victuailles de toutes sortes. Volonté ferme de ne pas interférer avec la Toute-Puissance divine, dispensatrice d’être et de biens. Ici, il est essentiel de préciser que nous sommes loin du quiétisme avec sa mystique ascétique et ses pratiques liturgiques. Anticlérical, antidénominationnel, anarchiste spirituel, nous proclamons une mystique de la réalisation en Dieu, de l’attention mentale consacrée à l’Être divin dont nous attendons tout. Car l’attention fixée sur un but le fait atteindre. Comme disent les grands de l’Orient : « ce sur quoi tu fixes ton attention se réalise toujours, fixe ton regard sur le bien et il se manifestera; le diable mourra par ton indifférence ». Naturellement cela est strictement du point de vue personnel de l’individu et ne saurait affecter l’engagement social ou politique de l’homme, qui lui, dépasse la personne de l’individu engagé.
Au plan temporel, l’homme doit gérer le collectif, en tant que membre d’un corps social mais jamais, la prospective sûre, ainsi perçue, ne peut concerner la vie personnelle individuelle. Car au stade individuel, toute prospective est projection supposée mais jamais science. Si notre être lui-même, est juste un mystère que nous vivons au présent sans le posséder jamais, n’est-il pas stupide pour l’individu, que de croire gérer le demain? Il s’agit de faire et de bâtir sa vie temporelle, sans en être jamais absorbé, sans s’illusionner au point d’oublier la Vie intérieure et Spirituelle pour laquelle, cette vie temporelle existe comme tremplin et marchepied.
Face à la Volonté, la Foi est, par excellence, le combat mental de la Volonté du silence; Volonté spirituelle du non combat; force invincible de l’abnégation suprême par la confiance totale dans l’absolue certitude de l’intervention permanente, dispensatrice de Dieu.
Par delà la volonté, il est donc, dans la vie spirituelle, un combat de tous les instants: celui du dépassement du sensoriel pour le primat de l'Intimité spirituelle avec Dieu.
Face à l'apparent absurde existentiel, devant les apories temporelles et la grande aporétique du sens, seule la Foi aveugle, c'est-à-dire totale, de confiance surrationnelle, absolue en Dieu, voit.
La Foi, s'il faut résumer sa prestance, est la certitude de l'existence de Dieu, de sa présence à la fois comme Créateur-Père Tout-Puissant et Tout-Aimant en qui nous avons tous les biens. Une relation de certitude qui nous anime et nous porte à donner à Dieu et à Dieu Seul, la place de Maître unique et absolu de notre être avec une Confiance et un Amour suprême dans la Volonté implacable de lui appartenir selon sa grâce qui renverse nos faiblesses et notre peccabilité.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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