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Camille Loty Malebranche
 
 

 

Un État conçu ou calqué de toute pièce par la géostratégie ou par mimétisme sur un modèle impropre à sa condition économique, son ethnicité et le passé de ses composantes sociales, n’est pas compatible à la structuration de la société en nation, et même, empêche l’édification des collectivités sociales en totalité unie et nationale. Nul État ne peut, en se constituant, faire l’économie de l’anamnèse de ses composantes ethniques et sociales et de leur mentalité, leur imaginaire à concilier en tant que mythologie et projection collective façonnant la weltanschauung fondatrice dont relève ledit État.

 
La situation actuelle en Centrafrique, nonobstant laspect de lislamisme relance le problème de la faillite de certains États du sud, en situation de déliquescence institutionnelle parmi les plus paupérisés. Il s’agit ici d’interroger la conception occidentale universalisée d’État moderne avec des structures dites démocratiques bourgeoises. Force est de constater le fonctionnement patraque de cet État moderne, même dans l’occident d’aujourd’hui, malgré tous les colonialismes et impérialismes, toutes les accumulations, toutes les révolutions industrielles, toute l’explosion technologique, l’occident - les pays du nord économique qui sont en même temps du centre civilisationnel - fonctionnent aujourd’hui avec des inégalités cruciales, de graves misères humaines à travers une financiarisation asservissante des majorités, financiarisation soutenue et camouflée par les activités des services d’intelligence pour le surcontrôle des citoyens et la prolifération des propagandes débilitantes pour manipuler et berner les masses et continuer à sauvegarder la paix des rues. 
 
Pour se rendre compte de tous vices de construction et de fonctionnement, des déficiences inhérentes à l’État moderne bourgeois, il suffit d’interroger l’extrême pauvreté affectant des millions de citoyens aux États-Unis, la surveillance rapprochée des individus soi disant libres de leur mouvement en ce pays chef de file et archétype de ladite modernité d’État démocratique. Là, quand on sait que la démocratie est considérée substratum de l’État moderne tel que défini par ses idéologues, il devient difficile d’y percevoir une réussite ou même une effectivité alors que tout le factuel politique et économique fait de la société, une sorte d’immense atelier de travailleurs consommateurs sur les propriétés privées de quelques-uns disposant du destin temporel, séculier de tous par la finance, les structures de production et les médias mainstream!  
 
Vers une transcendance ethnographique et historique des États en faillite.
 
Je le réaffirme, l’imaginaire est une dimension maîtresse de la construction de soi des sociétés et des nations. Les racines de la plupart des dysfonctionnements des pays viennent parfois d’abord de leur imaginaire social, leur projection impossible d’un vivre ensemble de facto jamais pensé selon une vision commune d’un vouloir vivre effectif. 
 
Quand dans l’imaginaire des peuples divers, mêlés par la force des choses d’une histoire faite à leurs dépens, la division et la rivalité ethnique a toujours prévalu, c’est par l’éducation et l’élaboration d’un mode de vivre ensemble, pour la subsistance commune acceptable, à tout le moins tolérable pour à peu près tous (les irréductibles doivent être d’un pourcentage très marginal), que devraient procéder la construction de la modernité. La modernité de l’État, si elle est transcendance des clivages imaginaires de l’ethnographie plurale constitutive de la société, ne peut être qu’ancrage dans la vérité effective des collectivités sociales à ériger et administrer pour créer une vraie nation et la rendre viable. 
 
Pour des pays unifiés voire créés par la force de l’histoire, souvent selon les besoins géostratégiques néocolonialistes des ex conquérants colonialistes, pays donc indépendants seulement par la représentation politique et le drapeau, mais au demeurant, fortement déterminés par la politique des néocolonialistes et impérialistes, il est une somme d’étapes propédeutiques à la nouvelle conception du soi collectif que les élites de ces sociétés doivent façonner et traverser.
 
Le recours à des interventions directement onusiennes ou votées et déléguées par l’Onu pour sauver un minimum de paix et prévenir des massacres comme en Centrafrique, en Haïti, quoique nécessaires dans l’immédiat face au chaos, ne pourra pas permettre l’émergence d’un seuil minimal de digne existence étatique et nationale sans une création endogène des modalités de la construction d’un nouvel étant collectif. Le nouvel étant collectif devra intégrer tous et permettre de dépasser les atavismes de discorde, d’instabilité politique sous-tendues par les aspérités dues à une pluralité ethnique ou épidermique mal assumée, à l’héritage de l’aliénante agression colonialiste et au permanent interventionnisme impérialiste.
 
La nouvelle conception de l’étaticité et de la citoyenneté nationale en États faillis et infra-idéologiques(Réf), doit, sinon rayer de la carte les tares de construction du statu quo, ou tout au moins, tout faire pour atténuer au plus bas les traces mnésiques et les réflexes nocifs soit des tribalismes ancestraux soit des clivages socioéconomiques de leur origine et fondation.
 
Seule la solution à la conflictualité inhérente à l’organisation sociale issue d’une histoire de souffrances et de déchirements, apportera une gouvernance efficace endogène pour la sortie du mal-être et de la faillite endémique aux États non intégrables dans la modernité occidentale.
 
 
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

 

Tag(s) : #Monde du Concept
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