Le Changement comme maintien et exaltation du bien.

Par Camille Loty Malebranche

Le changement qu’un homme opère sur ses choix d’action, doit affirmer sa nature qu’il renforce. Ne change point par découragement dans ton effort de transcendance spirituelle contre la bassesse temporelle de ce monde; ne change jamais pour plaire au goût général des manœuvriers individuels ou structurels de l’encanaillement.  Ne change jamais contre la cryptesthésie sacrée où tu te perçois comme un être transcendant. 

Le bon changement n’est pas celui que l’on porte pour s’ajuster au monde et à ses bêtises du grand nombre mais celui que dicte le courage d’être authentique en esprit, dans l’harmonie spirituelle et morale envers et contre toutes les idées reçues et les convenances culturelles ou conjoncturelles. 

Le seul but judicieux du choix de changer chez un homme doit être une correction de tout ce qui l’empêche de s’élever dans sa propre plénitude tant spirituelle que temporelle. Et, dans cette perspective le spirituel primera toujours le temporel et ne saurait être sacrifié à lui. 

Ne change jamais parce que l’autre te l’enjoint ou te l’indique ni parce que la mode et la culture branchée d’un temps ou d’une société te le signifie, car bien des multitudes se sont volontiers métamorphosées en rebuts et rognures par mimétisme social, par indignité de vision à se calquer sur le comportement commun général ou sur une manière de classe, de caste, de clan. N’oublie jamais que la corruption comporte elle aussi des formes de changements. Preuve que le changement, lorsqu’il est indu, mauvais, est un ferment de dénaturation paroxystiquement toxique… 

Être ferme et juste avec soi-même sans autofustigation et ne jamais être esclave du jugement d’autrui car quiconque n’est juste avec soi ne le sera avec personne… 

Change uniquement selon le changement souverain, celui que tu auras décidé parce qu’en toute justesse d’objectivité et de justice, celui que, sans complaisance égotiste avec toi-même, tu as compris et adopté en ta conscience inspirée; change seulement parce que tu sens et constates que l’essence de ton comportement mérite de ta part, un ajustement pour être digne de toi et de ta nature humaine.

Le changement vrai s’opère par l’homme conscient des faiblesses de la nature humaine en général et des siennes propres, qui, sans se fustiger soi-même - ce serait un orgueil bête, une fausse vertu - sait se mettre à explorer des voies de résistances à ses pulsions néfastes, combler ses manques quant à la puissance nécessaire pour se maîtriser lui-même.     

L’existence est transitoire car construction dans la temporalité qui va vers le devenir et l’immuable choisi à assumer. Ainsi changer consiste à rejoindre l’immuable vraie nature humaine, en l’affirmant fort contre nos péchés à son endroit. Changer, c’est entretenir assidûment ce que tu es, en corrigeant ce que tu n’es pas! Changer pour mieux être soi selon la vocation transcendante de l’humanité, est une part du cheminement individuel à la fois dans le destin espéciel et vers la destinée personnelle.

Pour les hommes avisés qui poursuivent leur croissance dans la vérité de leur accomplissement d’être et d’esprit, le changement n’est que la continuité dans la voie qu’ils ont choisie en s’émancipant de l’illusion du monde. Changer, pour ces esprits assumés ici-bas malgré la chair et le monde, c’est se renforcer et bannir ses propres faiblesses, bousculant et transcendant par la foi selon la grâce de Dieu, la peccabilité humaine. C’est donc changer dans le même, se renforcer dans les bonnes dispositions et s’affermir dans les justes convictions, c’est un vrai changement où nous combattons nos propres manques ou faiblesses pour garder le bien; car il s’agit de changer des attitudes ou habitudes qui peuvent tendre à nous affaiblir pour nous faire tomber ou amollir notre potentiel dans l’intensité du bien.

Changer, c’est aussi édifier dignement pour une élévation de soi dans l’humanité, c’est se propulser vers les valeurs supérieures et entéléchiques de la nature humaine. Un tel changement se fait sans pression extérieure et sans injonction de plaire à autrui, sans vouloir être conforme à un ordre social et temporel mais selon l’ascension agissante et active d’une justice à accomplir librement, d’un accomplissement de soi à assumer au présent vers sa finalité.

Ne change jamais rien de ta vie pour plaire aux courants du moment ou à l’idéologie dominante. Ce serait de la reddition à la canaille des multitudes emportées dans leurs propres aberrations collectives instiguées par les bévues de la civilisation généralement orchestrées par des oligarchies perverses et prédatrices. 

Changer pour s’ajuster à un monde immonde est soit un manque de confiance en soi et aux valeurs justes que l’on assumait soit une lâcheté teintée de flagornerie soit un opportunisme abject; dans tous les cas une déchéance!

Le changement juste individuel est aussi un prélude à l’élévation sociale dans les justes valeurs, car il pavera la voie à l’humanisation des institutions qui finiront par être strictement au service et au nom de l’homme...

Le bon changement passe par la fermeté de la volonté, fermeté spirituelle de la foi éveillée à cultiver à l’infini, car sans elle, toutes nos faiblesses nous guettent et la puissance des balises qui séparent l’homme de bien de l’abominable monstre, se déchire pour laisser béants les abîmes de la chute dans l’inhumaine ignominie.

Vivre selon le bien, consiste en forte part à renforcer les forces du bien en s’améliorant stratégiquement contre nos faiblesses afin de toujours leur imposer silence par anticipation spirituelle de prière selon la discipline de pouvoir sur soi que l’on s’est développé par le mental et les bonnes habitudes. Le changement authentique, le bon changement quand il survient dans les faits, ne peut que renforcer l’aorgerie métaphysique, l’ataraxie morale de l’esprit face aux faiblesses des situations humaines au cœur des vicissitudes du monde. Le bon, l’authentique changement est l’essor de la conscience dans la lumière de sa vérité immanente d’Imago Dei contre tout ce qui pourrait altérer le sens qu’il se reconnaît comme esprit en route.       

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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