Le changement authentique et le sens!

Par Camille Loty Malebranche

Le changement authentique, le juste changement dans la perception du sens et la conception de l’agir, est pour l’homme, l’art de se dépasser pour se projeter dans sa véritable stature ontologique, selon la hauteur et la profondeur de la vocation de l’esprit qu’il est loin et contre les impropriétés et monstres dénaturants que le monde met sur la route de la nature humaine.

C’est le bond vers la plénitude du soi assumant sa vérité, expurgeant son mental et son comportement des anicroches et impedimenta qui nuisent à son essor en son être. Là, nous sommes loin d’une metanoïa dénaturée par les religions officielles des sectes ou de soi disant églises, metanoïa somme toute rédhibitoire d’autoflagellation, car le bon changement veut orchestrer l’envol toujours plus élevé dans l’ascension spirituelle vers l’entéléchie globale de soi-même, mais jamais de se punir idiotement, masochistement en esclave des manques et faiblesses constituant le mal qu’il rejette. L’ascension spirituelle est une puissance-conatus, une ascension-conatus à la fois cogitante et agissante par la volonté métaphysique! C’est la détermination profonde de se projeter selon la volition autoconstuctive dans les principes spirituels, intellectuels, moraux qui font l’homme. Pour le croyant, c’est l’opiniâtreté ontologique dans l’irrépressible course transcendante à devenir ce qu’il est. Par contre, tout changement qui éloigne des dévolus supérieurs et piétine la nature humaine en son essence d’esprit, est dégénérescence, une sorte d’involution du génie humain! C’est pourquoi la foi est fondamentale pour l’homo viator, car sur cette voie, l’assistance de Dieu est indispensable pour prévenir nos défauts contingents porteurs de couardise, de peur, de découragement, de veulerie de caractère, ces abîmes dominants les multitudes préférant rester dans le monde et ses banalités desséchantes, ou pire, choisissant d’éteindre la lumière qu’ils portent en eux en changeant leur juste vision pour adopter la conception dominante quelque infâme soit-elle, pour s’ajuster aux turpitudes des cohues!

Malheureux, l’individu veule qui croit devoir s’ajuster aux cohues et à leurs aberrations majoritaires, il s’en retrouvera bassement turpide de la turpitude mondaine! Le changement ne vaut rien s’il ne propulse son homme au-dessus de la mêlée. Dans le champ spirituel, là où il s’agit de vivre la vérité divine, force est de remarquer que le changement est toujours un ancrage en la véritable essence humaine, ce qui permet à l’homme de se retrouver lui-même comme esprit tiré de l’être même de Dieu. Dieu dont la Vérité se fait vivre comme par une sensation intérieure, une sensibilité intime, une intuition du sens; la Vérité déitaire étant inexprimable...

Les saintes Écritures et le changement.

Un grave défi implique l’interprétation des écrits dits sacrés (dont tous d’ailleurs ne le sont pas), c’est la décontextualisation erronée ou délibérée. Hormis les grands principes métaphysiques et moraux qui révèlent Dieu et éveillent l’esprit à lui-même, tous les détails des livres choisis comme canoniques, d’ailleurs selon les options idéologiques des autorités religieuses, ne sont que détails et illustrations qui doivent être soumis à la critique saine de l’homme. Il faut expédier toute raideur herméneutique comme toute inerrance fondamentaliste exerçant la terreur du littéralisme religieux et ne jamais considérer les détails que comme des opinions passibles de maintes erreurs possibles parce que venant d’hommes et de leur condition socio-historique globale. C’est un déni de sens et une altération de la vérité que d’absolutiser le contextuel et de « principialiser » (ériger en principe) le spécifique. Universaliser l’occurrentiel, c’est sabrer le sens et tuer le génie même de la logique d’une doctrine ou d’une morale. Se remettre en question sous la critique des minables, est une faiblesse; le changement, une fois la maturité spirituelle, morale et intellectuelle atteinte, c’est l’attention à être harmonieux en soi dans la congruence avec les justes principes qui demeurent plus ou moins des idéals qui appellent et mobilisent notre perfectibilité. Tout changement juste est conversion renforcée dans le bien. Une conversion de telle attitude culturelle ou personnelle jugée indue à l’idéal spirituel, en une autre jugée meilleure voire correctrice. Là, nous sommes dans une perfectibilité qui n’est pas que patience (car la patience est passive et énervante) mais vision lucide du présent sur le devenir ascensionnel choisi.

Le changement authentique est soit l’apanage de l’autoconstructeur humain expédiant toutes mollesses, corrigeant ses propres faiblesses en s’édifiant avec  les matériaux conscientiels métaphysiques à partir de son intuition du sens cosmique, du sens de l’existence humaine et du sens de soi en particulier; soit pure déviance d’esprit errant dans l’assimilation de soi aux rudiments des lubies sociales et culturelles qui, elles-mêmes, changent sans cesse. Cette dernière occurrence n’engendre que des hommes versatiles, calqués sur l’extérieur, inaptes à assumer leur vérité, simples calques conformes d’un monde qu’ils copient et dont ils sont assimilés.

Sois l’homme du changement non comme cette metanoïa stupide, asservissante des églises doloristes mais comme la joie d’un artiste trouvant la pierre de touche inspirationnelle qui change son œuvre et la rend magistrale et géniale! Que ton changement soit enrichissant de ta nature qu'il fait resplendir, car maîtrisé par ton esprit pour ton épanouissement intrinsèque. Maîtrise tout changement que tu sens nécessaire en ton for intérieur et exerce-le pour qu’il soit un saut sublime dans ta perfectibilité!

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