Par Camille Loty Malebranche
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Si la logique et la morale constituent les matrices du sens, par excellence, les deux grands espaces modaux du sens, elles se diluent dans plusieurs autres champs anthropologiques, domaines englobant les situations de la condition espécielle ici-bas.
En observant la prestance spatiotemporelle de l’espèce humaine, son expression historique et géographique, force est de remarquer que l’histoire de l’homme comme être et comme individu socialisé nous révèle un caractère axiophore pérenne où l’homme est toujours porteur de valeurs qui se manifestent dans le penser et l’agir à travers le jugement. Valeurs qui forment une sorte de configuration épexégétique de la condition spirituelle et temporelle de l’homme. Valeurs qui trempent toutes dans une forme ou une autre de la logique car même la supralogique de la métaphysique procédant par l’argumentation ontologique évoque et contemple une logique supérieure dont les codes sont mystérieux.
Nous dénombrons au moins cinq principaux domaines du sens constituant cinq champs de valeurs, les uns logiques, les autres supralogiques, présidant sinon à toutes, en tout cas à la plupart de nos démarches existentielles d’espèce, ce sont :
A) la métaphysique domaine de l’ontologie humaine et des implications naturelles de l’homme avec le sens de son existence;
B) la morale qui pointe le sens de l’action quant à ses conséquences sur la condition des hommes, de la nature environnante et de la nature humaine;
C) la politique constituant le champ de gérance institutionnelle du vivre ensemble, espace du sens de l’action sociale, domaine du pouvoir public et de son assumation;
D) l’esthétique comme espace de la sensibilité à l’expression de la beauté en général, particulièrement dans l’art;
E) le relationnel qui concerne la communication sous toutes ses formes sentimentales et utilitaires (politiques, administratives...).
Métaphysique et Morale, Fondements ontologiques suprêmes du sens.
Parmi tous ces domaines du sens, parcourons un peu plus en profondeur, les deux d’entre eux (les deux domaines) qui constituent les schèmes ontologiques fondamentaux de la réalité humaine que sont la métaphysique et la morale. Ces deux configurations que nous considérons comme les deux plus subtils desdits domaines du sens, en tant qu’elles sont des conceptions de la vie même de l’être humain telle que celui-ci se perçoit car elles orchestrent plus que tout autre domaine possible, la dimension du sacré en l’intériorité humaine, la vision téléologique et entéléchique de l’homme comme être. La métaphysique et la morale sont les champs les plus immatériels impliquant le statut d’herméneute immanent à l’humanité en activité en quête et en conquête des vérités essentielles.
1) La métaphysique est la sphère du sens de soi chez l’homme, cela, même s’il ne fait référence à aucune transcendance proprement dite; car il s’agit toujours de son être particulier dans le vaste fait d’être où il vogue vers un devenir final, par delà les devenirs finis de ce monde, auquel il doit trouver signification.
Qu’on le veuille ou non, le grand domaine où s’inscrit l’exigence de sens de la personne humaine, est métaphysique; c’est avant tout sa quête de signification de soi dans le fait d’être, sa volonté de comprendre son origine première, cette présence qui est antéprésence (avant toute présence possible) car incommencée qui a tout généré, de qui tout et tous sont issus, partis pour former l’univers et ce qu’il contient dont la vie, l’homme... et, cela s’entend, l’autre pôle de ce questionnement de l’homme, celui de la fin de l’homme comme être, de sa finalité existentielle : l’eschatologie. Et, loin des supputations de Parménide et d’Empédocle affirmant que « l’univers est l’être », il est comme une intuition d’un au-delà du monde qui, chez d’autres, sent le monde cosmique comme un étant qui, quelque vaste soit-il, n’est pas l’être mais une création, une œuvre de celui qui, Démiurge, est l’Être! Car seul le dispensateur des êtres particuliers (des étants) est Créateur et Dieu.
La question de l’être, question métaphysique par excellence, est naturelle à cette entité consciente pour soi qu’est l’homme, consciente pour soi, c’est-à-dire capable de se poser sur le sens de son être en considérant le temps et sa propre temporalité, même si la réponse est en partie, culturelle...
2) La morale porte le sens de la valeur de l’agir, un agir qui se meut de l’émotion au sentiment, du sentiment à la raison et s’exprime par la volonté forte ou faible qui choisit ou se laisse mener. La morale implique donc la force mentale à choisir où l’homme est sommé d’avoir un moral fort et souverain. Car le bien est un choix fort, une option puissante de pouvoir qu’exerce la volonté.
La morale est avec la métaphysique les deux plus fortes réponses de l’homme à son humanité perçue comme espace téléologique pour l’accomplissement du soi de l’espèce, de la vérité du statut d’être humain vivant l’exigence de répondre par la valeur inscrite dans le bien, son refus du mal qui le désavouerait. Car l’homme, tout homme, a besoin de justification pour être en congruence avec soi!
La morale est, d’ailleurs, un corollaire de la question même de l’être humain et de son rapport à l’être en général et au sens de sa propre prestance comme étant singulier, membre d’une espèce dont les caractéristiques téléologiques exigent l’assumation du sens et de la finalité de l’action comme modalité du sujet conscient qu’est l’homme. C’est pourquoi en toute occurrence d’action, c’est elle (la morale) qui orchestre et régit l’agir juste, l’agir idoine à la nature humaine comme guide conscientiel du comportement humain, témoin et orienteur de la projection humaine par action, réaction et omission. La morale, en cette perspective, est incitatrice et proclamatrice active de la grandeur dans l’affirmation du nec plus ultra de l’humanité contre nos faiblesses contingentes, nos défauts contingents!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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