Apparence et Vérité.

Par Camille Loty Malebranche                                                                                                               

 

L'apparence est présomption de substance. C’est la révélatrice première, la révélation originaire qui dévoile par l’abord, fut-ce par ses caractères externes, l’essence des êtres, choses et situations pour toute caractérologie scientifique ou phénoménologique!

Trompeuse, l'apparence, comme dit l'adage vulgaire? L'apparence ne trompe que lorsque l'observateur s'y noie par empirisme sans savoir ou sans pouvoir s'orienter par ses signes. C’est donc le manque de l'observateur - pris dans les contingences cognitives (scientifiques, techniques et technologiques) infligées par les bornes du temps et de l'espace - qui est trompeur; mais pas cette sorte de don et dévoilement partiel, sémiologique de la spécificité des essences, qu'est l'apparence! Les moyens du regard et la pertinence du visionnement, sont de fait, des interstices médiats et déterminants quant à la qualité de l'apparence et donc de la justesse de l'interprétation et de l'appréhension de la vérité  de l'apparu par l'observateur. L'apparu n'est pas qu'apparent mais morphologie de la nature de l'étant qui apparaît.

Matérielle ou immatérielle, l'apparence comme contact originaire, est parturiente pourvoyeuse de toute entreprise d'étude et de pénétration d'une gestalt interpellant l'entendement rationnel ou intuitionnel de l'Homme.

Rien n'est plus révélateur de substance qu'une présence manifestée en son contour. Rien n'est plus véridique sur soi, qu'une apparition en son apparence.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Comments

[Roche]

https://www.editions-harmattan.fr/livre-9782140273131?utm_source=phplist&utm_campaign=message_34379&utm_medium=email&utm_content=lienImage
L'apparence acces et miroir du réel....

[CLM.]

Absolument vrai. C'est plus que le phénomène, c'est l'étantité d'un étant qui nous appelle a y toucher par l'entendement.

[Lobev]

Une vérité qui fera jaser : Le monde n'existe pas.

Est-ce de la folie que de prétendre cela ?

Le vieux proverbe africain dit « Un vieux sage qui meurt, c’est toute une bibliothèque qui disparaît ». Il faudrait en réalité le compléter, l'étendre et dire qu'à chaque homme qui meurt c'est le monde, son monde, notre monde à tous en fait qui disparaît avec nous dans les confins de l'oubli.

Car si l'apparence est une invitation à la découverte de l'être par l'exploration de ses contours, notre perception de ladite apparence est unique et nous est propre.

Alors oui en effet on ne peut pas dire que l'apparence est trompeuse, elle est de l'ordre du donné qui se reflète dans la subjectivité de notre être et par le biais de nos propres moyens de la percevoir.

Je méditais l'autre jour sur un comparatif de smartphones sur un site très connu. Il était question du rendu de l'image photographique selon l'appareil choisi.

En réalité ce que m'a enseigné cette réflexion, c'est que le rendu chromatique d'un paysage donné est propre à chaque appareil et constitue en fait sa signature, de même que nous ne saisissons pas l'apparence originelle telle qu'elle est véritablement mais une création de notre propre esprit qui peut considérablement dévier de celle-ci.

L'exemple des daltoniens qui ne perçoivent pas le monde de la même façon que nous tout en nommant les choses de la même façon que nous, est frappant. Les mots ne désignent pas la même perception, ils sont juste une façon partagée de nommer identiquement ce qui nous est propre.

Nous déformons à notre insu la vérité de l'apparence originelle et sommes quelque part les jouets de notre esprit et des limites de nos sens.

Des limites des sens aussi, parce qu'une chauve-souris percevant les ultrasons et comme nous en sommes incapables, on pourrait dire qu'il est certaines réalités de l'apparence originelle qui nous sont inaccessibles et qui n'existent pas moins.

[CLM.]

Sauf qu'il faille ici préciser que l'on peut se tromper par interprétation mais pas par la saisie de l'étant en soi quand on a le regard juste. L'étant qui se manifeste est immuable quant à son essence mais l'implication et donc la signification de cette essence diffère pour chaque catégorie d'interprètes. Il y a donc une multitude de catégories d'interprètes mais une seule et même essence. La Nuance entre l'observation d'une apparition et la posture herméneutique des observateurs, est capitale. Le monde (le fait) existe donc en sa factualité!

[Alain Bogaerts]

Votre beau texte illustre, dans l'expérience mystique, la révélation de l'infinie, de la divine simplicité de toutes choses. Un certain bouddhisme dira justement que « le samsara est le nirvana ».
L'apparence (à ne pas confondre avec « les apparences », synonymes de mascarades)est bien l'une des innombrables manifestations de la gloire de l'Ineffable.

[CLM.]

Exactement, cher Alain.