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Par Camille Loty Malebranche

 

La tolérance est essentiellement la transcendance de l'ego pour reconnaître à autrui le droit d'être différent tant que sa différence reste dans les limites du respect. Ainsi, tolérer: c'est respecter l'autre et exiger d'être respecté de lui sans cesser, autant qu'il le veuille, la confrontation logique et morale pour le persuader de la méliorativité de mes valeurs en excluant néanmoins strictement toute agression, toute discrimination de son altérité axiologique. D'où, toute propagande de l'intimité telle l'exhibition bruyante de l'option sexuelle de groupes ou d'individus dans l'espace public, relève de l'agression de la sensibilité de tous par quelques-uns.

 

La discrimination est l'ennemie de la tolérance due à autrui car portée contre ses valeurs pour lesquelles on le punit. Le préjugé - cette attitude haineuse de l'autre, dont la forme la plus courante est le racisme - relève, quant à lui, tout simplement de la pathologie du jugement. C'est un rapport de sottise manifesté en complexe de haine d'autrui non pour ses valeurs mais pour son être. La discrimination émane de la déraison voire de l'agression axiologique, c'est pourquoi elle est haïssable; alors que le préjugé tient de l'ineptie bête des rebuts de la haine. 

 

Trois schèmes moraux doivent être perçus dès que nous envisageons la vertu de tolérance: le moralement laudatif, le moralement neutre et le moralement nocif.  Ce sont des dimensions de réaction de chacun ou d’une société face à l’action individuelle ou grégaire. Le jugement du permis va du souhaitable au tolérable en passant par l’acceptable. Naturellement ce qui ne relève pas de ces trois modalités du permis, est tout simplement de l’interdit.

 

Tolérer n’est pas accepter les « valeurs » ou comportements d’autrui, même quand ces « valeurs » et comportements sont tout ce que je méprise et rejette, tout ce qui me répugne, mais tolérer, c’est  renoncer à toute violence verbale et active dans mon rapport à cet autrui aux valeurs et comportements jugés méprisables et nocifs, malgré mon désaveu irréductible à son endroit à cause de son agissement.     

 

Mon refus du comportement jugé méprisable du zoophile, ne m’autorise pas à l’agresser verbalement ou physiquement. L’intégrité de l’individu prime toutes les opinions, toutes les répugnances que son comportement peut m’inspirer... La tolérance n’est pas l’acceptation puisqu’elle ne fait point cesser mon rejet de la zoophilie, même si pour plusieurs tenants de la liberté, la zoophilie est moralement neutre et même manière naturelle d’être de certains. La tolérance ne m’empêchera même pas de proposer un autre schème comportemental et sexuel à monsieur X identifié zoophile, tout en désavouant la zoophilie. Toutefois, tant que la zoophilie de monsieur X ne sera pas orientée contre le respect de la liberté d’autrui dans l’espace public, la tolérance impliquera le strict respect de monsieur X malgré son option sexuelle. 

  

Ici, je dois préciser qu’en morale, il y a l’intime et le social. L’intime implique que l’action solitaire ou l’interaction même de plusieurs individus protagonistes d’un agissement, demeure entre consentants et pairs mais ne déborde pas cette sphère privée ni sous forme de propagandes ni sous forme d’effectuation externe pour se manifester au public et interagir avec des non pairs.

 

En dehors du champ moral, dans le champ plus vaste des relations humaines, l’acceptation renvoie au rapport à l’être d’autrui, alors que la tolérance ponctue le rapport à l’agir d’autrui.

 

Ne pas accepter quelqu’un parce qu’il est grand, petit, blanc ou jaune, tient de l’imbécillité inhumaine et antisociale primitive. Quant à la tolérance d’autrui, elle a ses seuils, un peu comme au stade organique, où le corps connaît, par exemple un seuil de chaleur ou de froid tolérable… Ce que l’autre fait en ma présence ou dans le voisinage, ailleurs qu’en sa stricte intimité dans sa vie strictement privée, comme un bain puant qu’il prendrait au nom d’une croyance, doit être réglementé afin d’éviter des agressions inavouées de la liberté publique au nom de la tolérance due à des secteurs aux comportements peu raisonnables, peu respectueux d’autrui.

 

Nous vivons aujourd'hui, hélas, un temps d'indolence où la volition d'affirmer des valeurs dignes est interdite et la force de caractère de s'assumer, prohibée; un temps qui amalgame juste tolérance et morbide acceptation sans nuance; un temps d'aberrations acceptées pour plaire à de malsains secteurs de privilèges! 

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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