Impérialisme et dévoration de l'altérité.

3 Décembre 2024

Par Camille Loty Malebranche

Dans un contexte où l’expansion permanente est immanence caractéristique car perçue comme mission identitaire vocationnelle, il n’y a pas de place ni pour la moralité transcendante et pleinement humaine ni pour une quelconque éthique équilibrée de l’État impérial. Un empire est donc forcément protagoniste de déséquilibre partout par son interventionnisme.

Dans un contexte impérial, la seule morale que se définit l’empire est celle de la voie inhérente à sa logique monstrueuse; celle qui permet la marche optimale de l’impérialisme, c’est-à-dire des règles permettant la domination de la classe des hégémons qui gouvernent l’empire, sur le reste du monde. Il est quand même déconcertant et impudent que les maîtres impérialistes d’aujourd’hui osent évoquer la démocratie et les droits de l’homme pour se faire croire moraux! En vérité, nous sommes devant un paradoxe que consacrent la puissance systémique des États (militaire, économique, structurelle) et l’emprise de l’idéologie impériale, notamment à travers l’instrumentalisation médiatique et diplomatique planétaire de l’Onu: c’est que les moralistes hyperactifs de notre temps, sont précisément les empires ex colonialistes ou actuels néocolonialistes qui, agressivement et chaotiquement, ont reconfiguré la géographie des États, créé des pays et réinventé des entités nationales par le vol (ce qui engendre, en certains cas de l’irrédentisme agressif voire des formes de protochronismes renvoyant à l’ethnie d’origine) et par toutes les violences létales de la guerre, du militarisme et de la paupérisation. Force ici est de rappeler que l’espace est mis à contribution directe désormais par le militarisme et la technologie satellitaire à l’heure des drones et de la robotique de guerre qui voit l’espace et la multiplication des satellites constituer un nouveau territoire technologique tant civil que géostratégique des grandes puissances!

L'impérialisme est la pathologie idéologique, la rage d'être maître d’autrui sur fond d’essentialismes divers comme le racisme, l’ethnocentrisme, le sociocentrisme, l’authenticité identitaire ethno-sociale permettant l’infériorisation dominable, asservissable voire réifiable de l’altérité! La race est, entre autres définitions, la production de l’identité ethnique ou sociale comme arme de domination selon l’idéologie inavouée des puissants. Tout impérialisme est quelque part ethniciste (raciste) et sociocentriste car il lui faut un prétexte de supériorité du soi ethno-social pour ravaler l’autre ethnie, l’autre société. L’autre dont l’altérité est définie, selon l’impérialiste en ses référents ethnico-social et civilisationnel - où ledit impérialiste est l’humanité plénière que seul l’empire incarne en ce bas monde - comme le sous-homme qu’il faut dominer pour son propre bien. Il ne s’agit pas d’éduquer, non, mais de conformer l’autre au standard de l’empire et surtout de le modeler mentalement pour le devoir d’obéissance au supérieur qu’est l’empire! Quant au racisme, il est avant tout, le recours au dénigrement du corps par le haineux voulant ravaler pour dominer. Un empire est aussi un bateleur du sacré qu’il instrumentalise par les simagrées des religions officielles, en se servant abjectement du nom de Dieu pour les basses œuvres des bas instincts de la prédation de l’homme par l’homme. Un empire est menteur par essence et manipulateur par nécessité pour rendre possible son opérationnalité, ne serait-ce que par dissimulation de ses buts, nul envahisseur ne dira la vérité en se présentant comme prédateur à sa proie visée! Le délire de règne impérialiste, l’histoire en témoigne, est un des pires ferments de crimes d'États de toutes sortes. Car le fondement de l’hégémonie est toujours la violence et le crime.

Un empire étiolé et en déclin, une superpuissance mondiale en marcescence à cause de l’émergence de nouvelles puissances, est un monstre furibond et violent qui cherche à tous égards à se maintenir, à être sempervirent à contre-courant du temps, à contre-saison de sa rétrogradation pour éviter son déclassement! C’est un temps de dangerosité extrême comme on le voit avec les stupides provocations étasuniennes contre une si forte puissance nucléaire comme la Russie! Espérons que des étasuniens sensés sauront faire entendre raison aux plus enragés des dirigeants de l’empire en crise!

L’impérialisme contemporain, quant à lui, réalise le prodige d’absurdité d’ériger un monde d’idolâtrie où l’on adore la richesse pour la richesse quitte à tuer tous les hommes, quitte à faire disparaître la planète et qu’il n’y ait plus personne pour en jouir!

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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