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Par Camille Loty Malebranche
 
 

Tant que la politique africaine sera téléguidée de l'extérieur et que l'Afrique ne sera pas maîtresse politique décideuse de son destin, la productivité et la richesse africaine même exponentiellement multipliée restera aux mains des impérialistes et de leurs quelques alliés mésogènes dites élites. Rien, strictement rien ne changera dans l'essentiel du sort des multitudes d'africains broyés par l'exclusion et les retards programmés par les tenants de l'ordre économique mondial. C'est la politique qui détermine qui profite de l'économie et pas l'inverse. Je dis cela en constatant cette émotion servile que les impérialistes entretiennent chez les masses délaissées de ce riche continent sciemment freiné et déshumanisé par la politique du nord. Cette visite d'Obama en Afrique rejoignant ses lares, n'est au niveau politique que de la démarche hégémonique des Usa sur ce continent. Malgré le côté touchant des retrouvailles familiales, ce n'est qu’un nouvel épisode de la concurrence occidentale (notamment étasunienne) avec la Chine sur le continent de toutes les convoitises, de tous les martyres aussi de la part d’un occident férocement colonialiste et impérialiste qui ne manque jamais de faire de la terre africaine le lieu de tous les tourments, l'espace pourvoyeur de nombreuses richesses de toutes sortes mais paradoxalement miséreuse de ses richesses pour lesquelles, l'Afrique est précisément vilipendée, portée à des guerres tribales attisées, à des génocides planifiés pour qu’à aucun moment, elle n'ait les forces structurelles ou politiques de garder ses biens, de les répartir et d’exiger ses dus légitimes aux compagnies étrangères qui les exploitent…

Nous osons croire, par delà l'émotion ethnique du continent noir qui perçoit Obama comme une visibilité donnée à sa "race" intronisée à la Maison Blanche, que les dirigeants sauront tout faire pour négocier sans complaisance, sans sensiblerie ethno-épidermique, les éventuelles propositions des É.-U.. Se rappeler qu’Obama n'est en Afrique ni pour élever et propulser l'homme noir, ni pour faire des dons par contiguïté "raciale" à leurs pays respectifs ni pour des largesses au contient... En tant que président étasunien, Obama est en Afrique pour défendre froidement les intérêts des États-Unis. Rencontrer Obama président, c'est avoir affaire à l'empire étasunien et à ses alliés. Empire dont les intérêts et la politique sont par essence, antiafricains.

Je vous propose de relire ci-après l'image, un texte écrit en 2009 lors de la première visite d’Obama président en Afrique. 

Bonne lecture ou relecture

 
 
 
 
Obama en Afrique, ô ! quelle assomption suprahumaine du mélanoderme africain devenu soudain maître du monde par procuration et par substitution imageante d’un mulâtre mi-africain, président des États-Unis ! Le triste dans l’affaire, c’est l’attitude de certains chefs d’État africains qui se désolent indolemment de ne pas pouvoir profiter de cette présence messianique qui aurait, semble-t-il, transformé leur capitale et palais présidentiel en Tabor politique pour la transfiguration béatifique de la « race noire ». En bon étasunien manipulateur et arrogant quoique souriant, Obama, l’occidental, figure désignée de la représentation des establishments occidentaux, s’est lui-même octroyé, dans la foulée des incohérences verbeuses, combien lamentables qui accompagnent sa visite sur le sol du continent noir, le rôle de juge suprême et moral des vertus de la gouvernance à la mode occidentale dans cette partie du monde réputée en occident pour sa mauvaise gestion, constamment dénoncée par la « communauté internationale » pour ses vices politiques antidémocratiques, ses retards endémiques, ses inaptitudes à entrer dans la modernité, son incapacité à transcender la géographie par l’histoire, marquant le pas sur place loin du progressisme occidental… Ainsi, mine de rien, sans s’en rendre compte, le président étasunien fils de kényan, reprend les mêmes stéréotypes racistes contre l’ethnie paternelle. Démarcheur d’une oligarchie bancaire et oracle d’un pays (les Etats-Unis) qui n’est en fait qu’un vaste marché de tous les négoces, en osant parler de bonne gouvernance, il a raté une belle opportunité de réserve et de silence intelligent. Car en fait, Obama représente un pays dont le système financier et économique, le plus malsain, le plus dictatorial qui soit, est fondé sur le crédit et l’endettement du citoyen au profit d’un groupuscule tyrannique de banquiers et de grands industriels et commerçants. Pays agresseur et agressif qui ne s’est enrichi que par le crime, depuis l’hécatombe des amérindiens aux dépens desquels les premières guerres bactériologiques furent entreprises lorsque les colons infectaient sciemment les linges des indigènes avec les corps des moribonds de la variole. Pays qui a pillé et accumulé toutes les richesses du continent américain en se nommant lui-même, l’Amérique par moquerie dédaigneuse et mégalomane, et qui, selon Monroe, s’est investi de la mission impérialiste et criminelle d’être maître de tous les pays d’Amérique. Pays qui, aujourd’hui encore, avec la bénédiction lâche, cynique et inavouée d’Obama, fait un coup d’État au Honduras après les centaines de débarquements et de coups d’État yankees commandités en Amérique au 20ème siècle. Et voilà que, malgré la crapulerie et l’avidité prédatrice de sa bourgeoisie, les gigantesques gabegies ignominieuses et frauduleuses de son économie par les politiciens à la solde de ses banquiers, ce pays se retrouve en plein déclin tout en mettant quasiment le monde entier, soumis à sa dictature financière, dans une terrible crise dont souffrent les plus pauvres… Nous croyons que la décence élémentaire devrait commander à l’illustre président, un peu d’économie voire de parcimonie locutoire face au vocable creux de bonne gouvernance aux États-Unis même, par ces temps de crise due aux indécences gestionnaires du public comme du privé au pays du drapeau étoilé… L’allégorie évangélique de la poutre et de la paille, a ici pleinement droit de cité.
 
Mais comme le dit un vieux proverbe « on ne voit jamais de tiques que sur les chiens étiques ».
 
 
En attendant, certains dirigeants de l’Afrique implorent la présence de l’oint étasunien dans leur palais, le temps d’une brève visite, comme au Ghana béni de ce séducteur envoyé par la providence oligarchique de l’empire en déclassement, soucieux de se créer une icône de fascination pour les simples et les idolâtres. Sachant que la séduction est toujours affaire de manière, de gestuelle et non de substance, je me dis que le coup de la rareté visiteuse d’Obama à l’égard des capitales africaines, comme en économie où la valeur d’une marchandise vient de la rareté, a bien rempli son mandat de séduction et d’ironie des gouvernements et des peuples manipulés par ces derniers et les médias.
 
Toutefois, pour faire honneur à la raison dans cette mer d’émotions et d’incohérences, nous disons que les peuples africains comme du reste du monde, doivent savoir que la bonne gouvernance salvatrice et libératrice s’il en est, ne peut venir que d’en bas, en sapant la verticalité du pouvoir actuel en vogue dans le monde, pour créer des structures de contrôle de l’économie et de la gestion publique des biens et ressources. C’est donc vers un mode horizontal de pouvoir qu’il faudra aller, loin des débilités coloristes, ethniques, verbales, franchement ridicules, où la masse des simples attendent un changement de cap de l’oligarchie oppressive qui les aiderait à leur propre émancipation.
 
Il n’y pas d’émancipation donnée de bon cœur aux opprimés par leurs oppresseurs qui les a rendus tels qu’ils sont. Et même la bonne gouvernance de l’oppresseur occasionne le renforcement de sa domination sur les opprimés. Il n’y a d’espoir d’émancipation mesuré et concret pour les peuples que par leur action désaliénée contre les mécanismes structurels et systémiques de l’oppression.
 
Obama comme n’importe quels futurs membres de minorités (ethniques ou autres) investis par un quelconque actuel ou futur empire, ne sera jamais que le comédien coloriste ou au mieux, le trophée chrysocale dénommé miraculeusement précieux pour enrichir les maîtres et abêtir les exclus.
 
La libération est un projet qui ne se concrétise que par la projection des nouvelles valeurs sociales dûment imposées par l’action concertée et méthodique des peuples voulant se libérer des oligarchies.
 
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Tag(s) : #Archives, #autres écrits., #Monde du Concept, #Actualité
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