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Par Camille Loty Malebranche

 

 

 

Deux dimensions se partagent la modalité de rapport de l’homme au monde et à tout ce qui est ou survient au monde: la factualité et la réalité. La factualité est la vérité inamovible de l’essence d’un être ou d’une situation dûment constaté en sa manifestation comme fait… La réalité tient de l’interprétation de tout être, situation ou fait d’après le jugement de l’homme. Ainsi, la factualité est-elle toujours une, alors que la réalité est multiple.

 

Jugement ontologique, jugement logico-moral

 

Le fait émanant de l’activité humaine - que celle-ci soit individuelle, sociale ou civilisationnelle - pour être bien cerné, doit être perçu d’abord en son substratum, son caractère singulier, l’intentionnalité de l’action qui le sous-tend car tout cela constitue sa spécificité parmi tous les autres faits semblables ou dissemblables; ensuite,  le fait doit être appréhendé selon la portée de son implication ou sa non implication sur la vie des humains ; une dualité de sens aboutissant donc à deux catégories de jugements : l’ontologique et le logico-moral.

 

Le jugement du substratum est digne et juste  quand il n’altère pas dans son report descriptif, l’être et la nature du fait. Le journaliste qui confond une révolte de masse contre des élites infâmes avec du banditisme de crapules sans vergogne, cassant pour casser et piller, se perd dans son herméneutique de témoin juge et donc ne peut plus sanctionner dignement, moralement, le fait auquel il assiste ; car pour juger moralement il faut d’abord comprendre. Celui qui ne perçoit aucun mal dans l’action dévastatrice des riches de la finance et des grands commerces qui jettent leurs produits invendus pour ne pas en dégrader les prix de vente mais voit du désordre criminel quand des paupérisés manifestent ou cassent par colère, est un insensé à qui l’on devrait ôter le droit de parole médiatique. Car un problème systémique décontextualisé par son présentateur est comme une bombe entre les mains d’un maniaque enragé, pire que tout terroriste puisque le terroriste au moins est territorialement limité en son acte d’horreur immonde et injustifiable.

 

 

Dignité critique du juge.

 

 

La dignité du juge qu’est l’homme, en matière de faits sociaux et économiques où nous sommes dans la sphère de la factualité en ses causes et effets connus et non en métaphysique où il s’agit de transcendance et mystère, tient à sa probité de ne jamais séparer les effets de leurs causes, d’être implacablement équitable sans tronquer les faits en insistant sur les conséquences en éludant de pointer leur terreau de causalité. La causalité dans sa chaîne d’effets et de conséquences doit être prise en compte dans le jugement de la substance factuelle avant que vienne le jugement sanctionnant, le verdict moral. Verdict moral qui devient immoral s’il ménage les principaux responsables et dévore les coupables secondaires, tertiaires voire des non coupables de la condition déclencheuse des faits. Le soi disant agent d’information qui présente les faits sans dépasser leurs faciès immédiats vers leurs vraies causes, est un désinformateur. Un analyste qui altère ou fait l’économie de la cause première des évènements d’actualité qui ne sont jamais qu’effets et conséquences, est soit un manipulateur au service des malfaiteurs systémiques autorisés, soit un ignare dont la candeur se laisse utiliser! Dans les deux cas, il doit être interdit pour ne pas gruger le public, ce patient d’information qui dépend de lui. Il ne faut jamais oublier qu’il est facile d’élaborer un beau raisonnement logique fallacieux sur un fait, un statu quo, une situation en en évitant habilement et méchamment les causes profondes par choix idéologique, pour tromper...

 

L’homme n’étant ni perfection immatérielle incarnée ni machine programmée pour l’exactitude, les jugements déterminant sa vision du monde et ses choix d’action seront toujours limités et imparfaits, passibles d’un certain pourcentage d’erreurs. C’est à chaque humain de minimiser la possibilité d’erreurs, la probabilité de limites, pour que son action, lors du passage à l’acte, s’étende portée vers le sublime malgré son caractère fini où l’acteur qu’est l’homme aura prévenu en perfectible assumé, les failles intrinsèques et extrinsèques qui peuvent entraver ou dénaturer le jugement et l’action ou en altérer les buts.

 

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

 

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Tag(s) : #Monde du Concept
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