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Par Camille Loty Malebranche

 

L’égoïsme est avant tout, un rapport de misère au moi manifesté par la rage de posséder loin des racines spirituelles et profondes du soi…

L’égoïste est un inconfortable extrême qui cherche désespérément la prépondérance en accaparant tout, pour inférioriser autrui afin de calmer la faille intérieure de manques qu’il traîne en lui comme une crise existentielle qui le ronge. L’égoïste est un affecté qui veut curer le vide existentiel qu’il éprouve par la course à la propriété. L’égoïste est pire que l’avare qui, lui, ne s’attache maladivement qu’à ce qu’il a déjà alors que l’égoïste convoite compulsivement ce qui est à tous, porté qu’il est, à conquérir pour assouvir son avide pulsion de posséder. 

Affecté qui a peur de faire étiologie de son mal par un diagnostic endogène, l’égoïste préfère se rabattre sur tout ce qui peut lui donner l’illusion d’être à ses yeux et aux yeux des autres. D’où l’égoïsme est un rapport de méchanceté à autrui. Et pourquoi, pour l’égoïste passablement perdu à sa propre vérité intérieure, l’autre est toujours un objet à utiliser. Se considérant lui-même moins que rien sans ce qu’il acquiert et accumule, l’égoïste ne saurait avoir un rapport proprement humain avec quiconque. Car en légoïste, l’humain, comme sujet et substance, est constamment noyé par lexaltation du moi esclave des choses ou situations favorables à acquérir pour sa gloire ostentatoire. Toutes ses relations sont superficielles selon ce qu’il croit pouvoir profiter d’autrui.  

L’égoïsme peut être individuel ou social, car il n’y pas de différence entre le moi nationaliste et raciste produit idéologiquement qui pousse des nations colonialistes et impérialistes à convoiter les biens d’autrui et à vouloir posséder la terre dans leur folie d’être maîtresses du monde, et la volition démesurée, agressante de l’individu de tout avoir pour lui-même.
  
L’égoïsme est une racine de toutes les mesquineries manifestées dans l'acte de prédation des biens et ressources communs monopolisés par l’égoïste qui veut tout avoir en s’imaginant le centre de l’univers. Car l’égoïsme est toujours quelque part, un orgueil dénaturé, une estime de soi déviée en mégalomanie agressive et exclusive d’autrui qui va de l’appât des choses à la réification d’autrui en passant par la haine, la jalousie, la violence, l’envie selon la frénésie de l’égoïste de vouloir tout posséder en s’illusionnant que posséder et accumuler, ajoute à son être!

Tristesse ontologique et pauvreté du sujet en méprise sur soi et autrui, dans ce qui est en fait une pathologie matérialiste que nous pouvons désigner comme rage de l’avoir et délire de la propriété. N’est-ce pas la meilleure définition possible de l’égoïsme!? Rage pitoyable comme par appétence addictive à la propriété qui pousse à l’appropriation de ce qui fait figure de biens pour se sentir riche et se croire important. C’est le primat exclusif de l’égoïté sur la subjectalité. Un bête attachement extérieur aux choses par une conscience entièrement tournée vers l’extériorité, décentrée et incapable de s’aimer autrement que par l’amour maladif des choses prises pour richesses existentielles, valeurs ontologiques sur quoi l’égoïste fonde son identité humaine. L’égoïsme constitue donc aussi une hétéronomie identitaire où l’ipséité est diluée dans l’extériorité totale d’une conscience de soi déterminée par les choses et leur possession. Légoïste n’est lui-même qu’objet de ses choses ou titres "possédés" qui le possèdent en retour. C’est le misérabilisme du soi effacé par le moi, de la vanité de l’homme dont l’existence vaniteuse prise au filet de son attachement vain aux choses périssables, éclipse voire empêche ses possibilités  d’élévation dans l’être et la vérité.

L’existence d’un égoïste est donc le reflet compulsif de ses possessions.

Construire une suilogie comme philosophie du sujet selon lélaboration dune sagesse qui magnifie l’intrinsèque et l’endogénéité de l’identité fondée par le développement ipséitaire (culture des valeurs spirituelles, intellectuelles et morales reconnues bases du fondement identitaire) nous semble la seule voie pour défaire légologie orchestrée par la mentalité sociale dépravée d’aujourd’hui qui façonne l’ego en ostracisant le soi, un ego perversement fagoté, bâti sur l’extrinsèque du rapport de compétition et de domination à autrui. Notre société est, hélas, ego-réductive de l’humain, une société exclusivement égologique. J’appelle société égologique, la construction par la société, d’une conscience d’ego qu’elle imprime à ses membres. Conscience individuelle et collective réduite à l’ego et à sa surenchère idéologisée sinistrement inculquée: conscience agressive de démonstration de force pour la violence prédatrice, conscience de compétition féroce, conscience de quête de domination des uns sur les autres.

Nous nous retrouvons au cœur d’une société d’expropriation de l’être auquel l’idéologie substitue les ersatz de la propriété voire de l’apparence de propriété, vu les aléas du crédit bancaire avec les risques et menaces d’expropriation par la saisie des biens.

La guérison de cette délétère société névrogène et anxiogène, ne passera que par un nouveau rapport à soi et aux choses, un équilibre sain qui changera ce monde malade, miséreux de toutes sortes de misères malgré la multitude de biens, en dépit de l’abondance de ressources et la surabondance d’objets exhibés, lesquels, hélas, ne peuvent combler les abysses de sa vacuité inhumaine!?

Là encore, la cause du mal est systémique; et le capitalisme y opère comme institutionnalisation de l'égoïsme érigé ordre du monde, ordre du vide et de la singerie des humains s'évaluant idiotement par l'avoir, toujours en concurrence sur leur accumulation qui leur conférerait de l'être et de l'importance!       

En prolongeant la sagesse spirituelle sotériologique du Christ qui disait admirablement « que sert à l’homme de gagner le monde, s’il y perd son être? » paraphrasons pour notre illustre société qui, mollement, compulsivement, propulse légoïsme avec ses convoitises et horreurs prédatrices au rang de moralité suprême: 

À quoi bon tant d’accumulation d’objets et d’argent dans laveugle course matérialiste de l’égoïsme des hommes? Oui, à quoi bon si tout cela n’engendre que fractures sociales, dégradations des relations humaines, barbarie des cohues égoïstes qui s’entredéchirent sur une terre où à peu près tous les États sont sous la férule doligarchies exterminatrices du peuple, dans les tourments et les guerres d’un monde pris au rétiaire de linjustice immanente à l’ordre systémique infâme de l’égoïsme!? 

À quoi bon cette frénésie de biens et de ressources, cette ostentation grossièrement orgueilleuse de richesses si la plupart des individus, déshumanisés, sont devenus incapables de relations saines, rendus vils monstres primitifs, plus sauvages que les hordes animales les plus féroces, et plus infects et plus bêtes que la bête la plus instinctivement vorace des savanes!?

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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