La foi, une mystique du vivre avec, un mitsein d'intimité humano-divine.

Par Camille Loty Malebranche

Honnie soit la culpabilisation hiératique des esprits où la clique des prêtres et pasteurs subvertit la spiritualité de l'Être par la religion morale au service de l'ordre du monde! Car la morale sacrée est donnée comme voie à l'homme dans son rapport à l'être, et est immanente aux grands principes spirituels. La morale est faite pour l'homme en tant qu'être et non l'homme pour la morale. 

Les grandes Vérités sont à éprouver mais jamais à prouver parce que impréhensibles au discours, extérieures à nos schèmes d'objectivation discursive. L'intuition intérieure est la seule voie conduisant vers les tréfonds du sentir où l'Esprit éprouve, contemple le Véritable. D'où, ni institution religieuse ni livre "sacré" ne sauraient prétendre régir la Foi de l'homme qui croit, et donc ne peuvent en certains cas, que lui proposer respectueusement à mieux s'inspirer dans les grands principes immuables de la Foi...

À l'Homme de Foi, l'accompagnement actuel par Dieu - Personne Vivante, non pas un vulgaire personnage biblique ou historique - est certain, omniprésent et indéfectible.

Hormis les grands principes dogmatiques démythifiés de la FOI qui sont la Création, la Rédemption et l'Orientation divine par le don du Saint-Esprit, cet autre nom de l'Être divin dans son action accompagnatrice et dont la Présence est consécratrice, protectrice et conductrice en l'Homme qui croit, toute religion institutionnelle, relève du bon vouloir des hommes et non de la volonté divine...

Je perçois et décris souvent la Création, cette Théophanie pour le Yahviste Chrétien, comme une kénose, une auto-dépossession volontaire de Dieu, sorte de prélèvement sur soi-même de Dieu le YAHVÉ (l'Être du Je Suis) sur son propre capital ontologique, son fonds divin infini. Prélèvement mais pas perte... Cela nous dépasse car nous vivons sur un plan (celui dit du réel, avec ses limites tangibles) mais que savons-nous des infinis et multiples plans existants! Déjà la physique quoique bornée dans le monde de la matière, nous invite à penser un multivers plutôt qu'un univers, une infinité d'espaces possibles et d'univers parallèles, une immensité insaisissable dite "matière noire"...

L'Homme est un Esprit à part entière comme Dieu dont il est l'image. Sa seule différence, est qu'il est incarné et est donc privé de ses perceptions spirituelles par la matière. Cela, est précisément, ce qui donne sens et mérite à la Foi. Car l'Homme marche dans les ténèbres murales du corps mais doit avoir conscience de sa vérité hypostatique d'Esprit intégral.

Pour illustrer ce que je veux expliquer, j'aime prendre le cas du personnage d'Abraham qui, sans livre, sans rouleaux de la Loi, est présenté comme l'archétype parfait du Croyant s'étant élevé à la véritable Foi, s'étant hissé par son ascension mentale-spirituelle à l'interlocution avec Dieu. Abraham est celui qui sut développer une relation strictement personnelle avec Dieu. Abraham fut donc le précurseur du véritable adorateur tel qu'il est prescrit par Christ lorsque Jésus disait à la Samaritaine "Que Dieu est Esprit et Vérité; que l'heure viendra et est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront Dieu en Esprit et en Vérité."     

L'homme doit se retrouver et dépasser ses tares exhibitionnistes qui font oublier le substratum.

Le rapport de l'homme aux grands rendez-vous existentiels, est passablement altéré par la vanité ostentatoire. Il faut dire que le vidage de l'humain de toute hypostase spirituelle, a fait de l'individu, un animal plus ou moins évolué, et cela, une certaine idéologie pseudo-scientifique à connotation évolutionniste, y contribue largement. D'ailleurs, les églises de leur religion d'apparat pour flatter les riches, n'ont guère fait mieux du temps de leur préséance.

Mais l'Homme conscient de sa substance spirituelle et transcendante, sait que la naissance, l'amour, la "mort" n'ont point besoin des cérémonies onéreuses dont on les affuble.

Les hommes doivent désapprendre l'apparat pour retrouver le substratum des choses. 

Que l'école de prestige cesse de remplacer l'éducation véritable, que le mariage ne soit plus assimilé aux noces et que la Foi soit libre des livres et des institutions contre toutes les curies et hiératismes, ces monstres inavoués et déviants!

La vanité cérémonielle ne prévaut que pour les débiles sans substance, les spirituellement morts.

La Véritable Foi salvifique et entéléchique de l'Homme, n'est morale que pour apprêter l'esprit à sa propre vérité pour qu'il soit selon sa pureté, c'est-à-dire loin de tout ce qui n'est pas Esprit. Morale spirituelle, apprêt épuratif de l'esprit qu'est l'homme fait à l'image de Dieu! Mais par-dessus tout, avant et après tout; à sa source et à son estuaire, son commencement et son aboutissement:

La Foi est la mystique du vivre-avec-DIEU, sans tiers aucun ni nul intermédiaire risquant d'altérer la profonde et surélevée intimité de L'Homme avec le PÈRE.

La Foi vraie ne souffre pas d'être livresque ou d'obédience institutionnelle. Elle est essentiellement Vie actuelle et Énergie agissante, puisant en l'hyperprésence littéralement métaphysique qu'est Dieu, les victuailles spirituelles de l'Homme digne de son statut d'Esprit.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Comments

[Alain Bogaerts]

La foi ne peut être que celle du charbonnier prosterné et docile sans l'expérience mystique qui la cautionne et lui confère son authenticité. Toute croyance inculquée n'est que superstition
affublée des oripeaux d'une spiritualité de pacotille. Les religions sans exception sont des impostures qui aliénent l'homme sous prétexte d'assurer son salut, elles ne tiennent que par la peur
qu'elles inspirent sciemment, le châtiment éternel par exemple en est une illustration particulièrement odieuse. L'expérience mystique relève d'une science de l'Esprit qui se serait débarassé de
ses oeillères prétendument rationnalistes. Elle est à vivre pleinement parce qu'elle est l'affirmation d'un vécu sans entrave ni aliénation. Devant elle il n'est ni textes sacrés, ni rites, ni
cérémonies ou traditions qui tiennent, elle touche aux racines de l'être et rien ne l'atteint que le souffle sempiternel qui me fait tel que je suis, à l'image de son amour infini. L'expérience
comme l'imagination est à la fois créatrice et contemplative. La notion de foi est à redéfinir en fonction de cette expérience intime, bouleversante et singulière. Je suis ce que je vis.

Merci pour votre bel article. Bien à vous. A.B.

[CLM.]

Bien à vous aussi cher Alain, et merci de votre si pertinent commentaire. Comme j'aime à le dire: Comprendre, c'est prendre le sens ensemble en le partageant et l'enrichissant. Ainsi que vous
l'indiquez "Toute croyance inculquée n'est que superstition affublée des oripeaux d'une spiritualité de pacotille".