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Par Camille Loty Malebranche

 

Amour, charité et amitié sont des modes de rapport à autrui qui manifestent notre considération d’autrui, selon notre propension sélective envers l’autre, une sélectivité qui manifeste notre propre perception de nous-mêmes, de notre humanité par le jugement sélectif. Affirmations donc, de ce que nous concevons comme essence de notre nature à extérioriser dans nos contacts sociaux interindividuels ou intergrégaires. Expressions de notre stade d’évolution comme conscience en action dans le rapport relationnel, le vivre-avec qu’est la société voire l’humanité entière.  

 

Il faut ici comprendre que si l’amour et l’amitié sont des déploiements de deux niveaux distincts d’harmonie en leurs deux modalités très différentes, la charité, elle, est un sentiment sans proximité ni harmonie mais un équilibre au nom de la justice, une vertu recherchée par celui qui sait que la prévenance comme proactivité du traitement juste et de considération de l’autre, est un dû à la dignité humaine universelle, une obligation envers l’Homme en tant qu’être et espèce.    


À travers l’amour, la charité et l’amitié, nous désignons les trois sentiments suprêmes de la bonne disposition envers l’autre. Il y est question de faculté d’éprouver de la disponibilité harmonieuse avec soi en tant qu’être humain qui fait cultiver la bienveillance dans le rapport à autrui. Un affect de cordialité, une représentation aimable de l’autre à travers une approche altruiste. Il est ici pertinent de se rappeler que la fraternité - au sens relationnel en-deçà et au-delà de la parenté génétique - étant le nom de l’amitié vraie, saine par l’harmonie des idées et la solidarité entre des individus et des groupes, elle ne sera pas évoquée en propre dans notre exploration des trois concepts susmentionnés.

 
Amour


L’amour est le plus intense et le plus fort dans notre trilogie sentimentale. Car l’amour est le seul qui implique un appel à l’union forte comme mitsein entre l’homme et la femme avec toute la fulgurance de leur passion. Au niveau spirituel, l’amour est une ascension vers la fusion des deux esprits qui l’éprouvent, un stade sentimental possible seulement entre l’esprit qu’est l’homme et Dieu dont il vient. Ailleurs, en toute circonstance de son existence entre humains, l’amour est une quête émotive et passionnelle de s’enraciner dans l’autre et de le laisser prendre racine en nous. La fusion de l’homme et de Dieu, est pour ainsi dire, cette sorte d’embrasement interpersonnel indescriptible, se situant au-delà de la simple intimité, que l’amour permet au stade spirituel; c’est l’ascension sacrée, l’extase ontologique intériorisée, la dimension supraterrestre de l’amour qui, en elle, est communion céleste de l’homme-esprit avec Dieu dont l’envergure inexprimable surélevée de Personne supra-cosmique se fait atteignable en se donnant au brasier amoureux avec la créature humaine faite progéniture sacrée et participative de la plénitude divine.


L’Amour ne se peut que par la conscience qui abolit l’éloignement mental de l’homme qui dépasse son figement dans le réel. C’est pourquoi l’amour de Dieu commence par la Foi et en est la suite logique en ce que la Foi nous éveille à l’essence spirituelle qui, des tréfonds, joue le rôle de voix divine qui appelle l’humain à vivre la déité! Il faut toujours avoir à l’esprit que l’amour et la foi sont indissociables au niveau spirituel. Un amour que le Christ, Jésus, Verbe Incarné, a illustré tout au long de son ministère de guérison des malades, d’enseignement des masses manipulées par les prêtres, de résurrections de nombreux morts, jusqu’à son propre sacrifice libérant l’homme selon la prégnance spirituelle qui émane de sa victoire sur la chair et la mort et donc brise les forces damnatrices de prédominance de la peccabilité qui habitent la chair et ses pulsions en renforçant l'esprit dans sa vérité supérieure...

 
Pour revenir à l’amour de l’homme et de la femme, il est le moment strictement humain de l’amour, celui qui - lorsqu’il existe entre les deux genres naturels de l’espèce, lorsqu’un homme et une femme ont la dimension suffisamment humaine pour y parvenir - ce quelque chose de particulier qui montre la noblesse de l’espèce loin des laideurs du monde qui ternissent l’humanité. Là, l’amour fort devient le reflet du grand amour métaphysique de la dimension humaine avec Dieu, Amour qui, néanmoins, demeure inatteignable entre des êtres de chair de sang malgré leur force d’aimer! Ainsi, la dimension de vivre humainement par un stade de conscience élevé, l’amour vrai profond, est de l’apanage non des pulsions mais du niveau sentimental de leur esprit vivant leur incarnation de manière particulière dans ce type de rapprochement de leur chair comme mâle et femelle ainsi que la nature les a différenciés. Un amour majestueux entre les genres qui enclenche, lorsqu’il est vrai, un enracinement réciproque, une proximité, une intimité, une agglutination interhumaine globale et sexuelle telle, qu’il donne au couple amoureux des allures d’enfants siamois! Ici, nous sommes loin de la grande majorité de cette espèce dénaturée qui cherche dans la sexualité, le pouvoir et la domination en y mettant toutes les ignominies de leur esprit malsain! Car la sexualité, comme n’importe quoi d’autre relevant du comportement humain - et en l’occurrence, de relation humaine - est affaire d’esprit, de niveau ontologique et d’humanité avant sa face machinale de l’union des corps. Que des hommes et femmes fonctionnent selon une ignoble mécanique en mal de déposer leur jet pulsionnel ou utilisent leur corps comme moyen de propulser matériellement leur carrière ou leur économie en projetant toutes leurs vilenies existentielles dans leur rapport intime, cela prouve la déshumanisation d’une espèce se comportant pire que des bêtes sexuées mais comme de simples objets sexuels animés, des choses copulatrices les uns pour les autres!

 
Nous vivons aujourd’hui, hélas, l’ère des multitudes de choses anthropomorphes qui, en nombre effarant, réduisent la place de l’homme sur cette planète qu’elles intoxiquent!


Charité


La charité est la bonne disposition bienveillante impersonnelle pour l’espèce malgré ses hordes majoritaires de laideur. En tout son empan, la charité est le fait du débonnaire heureux de donner et de soutenir l’humanité sans arrière-pensée d’aucun profit temporel sinon que la satisfaction de contribuer à l’élévation de l’humanité, ne serait-ce que par la rupture que marque le charitable envers les inhumanités récurrentes et endémiques de ce monde infâme en insanités systémiques, injuste de toutes les injustices individuelles, collectives et planétaires. Sentiment de justice compatissante pour l’essence humaine, qui porte le charitable à vouloir du bien à l’espèce. La charité doit néanmoins être exaltation du bien et non complaisance aux aberrations ou aux mauvaisetés de l’autre qui dégage ses bêtises et veut nous les infliger en nous interpellant par un appel à la fausse acceptation soi disant charitable. Quand la bêtise est délibérée, il faut savoir conspuer le manant bête, précisément par charité envers soi-même et envers l’humanité qu’il galvaude. La charité ne doit en aucun cas, être lâcheté de factice tolérance de l’abomination ou d’une quelconque sordidité voulue et pratiquée avec arrogance comme c’est tellement fréquent au sein de la vaste canaille du monde que nous ne manquons pas de côtoyer dans nos civilisations où souvent sévit la salissure mentale sur fond d’inculture, de sottise agressive et de mauvaise foi viscérale des cohues populacières, parfois au sein même de nos soi disant proches.

 
Amitié

 
L’amitié est la phase de la relation idéelle par la rencontre logique dans la vision du monde. Un sentiment de partage ou de don bienveillant par estime pour l’autre. L’amitié est idéelle et jamais somatique. C’est pourquoi, par le partage et l’accord idéel, des amis peuvent faire voler en éclats des empires par une action comme la révolution. En amitié, la brillance intellectuelle de l’un couvre les limites de l’autre qui, de toute façon, a ses propres points forts où, en des circonstances particulières, ce sera lui qui donne au plus brillant. Le don humain caractéristique de l’amitié est celui de l’esprit en action dans la vision du monde.


Amour, charité, amitié sont entre les individus et les groupes, des degrés de l’estime espécielle, considération pour l’humanité, notre humanité comme espèce dont nous relevons. Ce sont aussi les seules modalités dignes et justes des relations entre humains ayant crû à un certain niveau de dignité suffisante de leur être comme sujets souverains, personnes humaines conscientes de leur vérité essentielle. C’est pourquoi dans le fouillis de la jungle des animaux humains où priment l’instinct de domination violente qui passe par le matérialisme avec ses crocs d’utilitarisme grossièrement rentable et de pragmatisme vénal, tout est contre cette triade de la noblesse des consciences sachant arborer à leur front et orchestrer par leurs mains agissantes, la finesse possible dans les relations humaines.


Dans l’application de la justice due à l’autre, au sérail du bien que je dois à l’humanité, le critère du « comme toi-même » tel qu’édicté par le Christ, est la boussole. Je dois donc m’aimer de manière profonde et transcendante au point d’en faire la codification morale de mon action à travers mes actes qui impliquent autrui.

 
La justice vraie passe donc d’abord à la justice à moi-même; une justice saine qui ne sacrifie jamais l’innocent pour les préjudices qu’on ma fait subir, puisque ce serait me rendre moi-même complice de ce que je réprouve. Punir l’innocent comme le font par exemple, si souvent, de multiples parents indignes qui, ayant souffert dans leur propre enfance de leurs ascendants, se mettent à maltraiter leurs descendants, est abominablement injuste et inhumain! D’où beaucoup de charognards portent indignement le titre de parents! Être juste avec moi-même doit avoir tout l’éclairage logique de la raison et de la charité. Raison pour être sans complaisance avec un ordre immonde et malhonnête du monde qui gruge et égruge le juste en le paupérisant et le marginalisant mais ose lui ordonner obéissance et loyauté à ses propres dépens envers le système du mal. Raison pour ne rien devoir à aucune loi injuste ni un légalisme scélérat mais aussi charité lucide pour tout humain par solidarité avec la dignité immanente à l’humanité. Une charité qui élève tous - tous ce qui veulent bien s’élever et être élevés - mais qui jamais ne consent à se compromettre en se faisant complice par bonasserie avec les vicieux de l’arrogance dominatrice qui miment morale et modestie pour assouvir leurs bas instincts aux préjudices de leurs manipulés.


La charité est une cheville ouvrière inhérente à toute bonne disposition envers l’homme dont elle affirme la primauté sur tout le reste. C’est pourquoi, loin des mesquineries manipulatrices des bourgeois et politicards ou des ostentations de petits-bourgeois en promotion mièvre de leur humanité absente, la charité est une forme de préambule à toute amabilité vraie et non affectée de l’homme pour son semblable espéciel. Là, il est aussi indéniable que toutes les sordidités obvies ou cachées de l’autre - cet autre fût-il individuel ou institutionnel - dans son rapport à l’humanité sont désavouées par le charitable refusant la complicité avec les mufles.


Ni l’amour ni la charité ni l’amitié ne sont complaisance avec le mal que fait l’autre, envers qui nous manifestons ces sentiments; non, la bienveillance doit être ferme contre nos propres défauts et faiblesses et contre ceux de nos bien-aimés sans cesser d’être égale à elle-même. Il faut néanmoins que la conscience juge soit objective de sorte que ce que nous jugeons mal le soit effectivement et ne soit pas juste le contenu de nos propres déviances dominatrices faussement éthiques. Comme ces géniteurs qui veulent imposer à leur enfants leur religion aberrante, leur attachement à l’argent et touts les déchets de l’ordre du monde dont ces reproducteurs rabougris avec leur âge mental, spirituel et intellectuel très arriéré, très infrahumain, sont esclaves zélés et tyranniques. Et nul, pas même l’enfant de parents indignes tel qu’il y en a assez souvent, ne doit au nom des liens de sang ou sous prétexte d’amour, accepter le mal ou la maltraitance que voudraient imposer ses pères et mères fouettards qui définissent leur abomination comportementale comme exigence d’obéissance voire comme amour parental. L’amour doit être l’adoption des principes de justice bienveillante pour soi et pour tous, bien au-delà des raideurs de la justice institutionnelle et idéologique de l’État et de la société.


Épilogue

 

En guise de conclusion, je vous dis : soyez toujours au niveau élevé de l’Amour sous les différentes formes susmentionnées, tout étant clairvoyants de vous-mêmes pour ne pas vous laisser prendre au piège facile de la mollesse complaisante de l’assouvissement qui sévit dans vos besoins et désirs, lesquels trompent si souvent les hommes sur la nature de ce qu’ils croient éprouver. Prenez aussi garde aux apparences d’ouverture d’autrui en vous disant que les grands sentiments sont rarissimes dans un monde matérialiste et froidement calculateur, et que l’autre tout en étant objet de ma bienveillance envers l’homme, ne doit jamais me faire oublier que l’individu cultivant son humanité de grandeur et transcendance n’est jamais que le rarissime bon minoritaire d’exception, et que presque toujours dans le nombre, sévissent les monstres d’intérêts masqués en qui ne prime que la platitude froide et pratique du profit et des bas instincts.

  
Toute la grave fracture de condition économique perceptible entre les humains, entre les sociétés et les États, tient d’une désignification de l’espèce qui a abandonné ces principes simples de bienveillance et de justice envers l’humanité, leur humanité. Le monde est le spectacle triste et odieux d’une espèce désignifiée par ses propres choix de vivre loin des valeurs que pourtant elle sait indispensables à l’équilibre espéciel et à tout vrai accomplissement personnel. Diffraction de la nature humaine par la déroute du sens au miroir déformant du profit et des instincts de horde que suit le grand nombre plutôt que la justice minoritaire. Le monde est la scène des déviances par complaisance au nombre, sous prétexte d’adaptation et d’intégration. 

S’efforcer à se comporter toujours selon la justice et s’exercer à être bienveillant par charité quand c’est possible; car si la justice est sans condition et dépend uniquement du sujet agissant, la charité, cette attitude de bienveillance et de bonne disposition, elle, peut devenir impossible quand l’autre trop pervers ou sordide, n’engendre que la colère et le mépris. La règle inviolable est que l’injustice doit être sans exception expédiée comme abomination, et la bonté, érigée en idéal permanent du juste qui, toutefois, ne doit jamais tomber par bonasserie ou faux sentiment de culpabilité, dans l’esclavage des monstres de la mauvaise foi qui prolifèrent dans le monde où ils sévissent par leur malveillance et leur accusation méchante pour déstabiliser et culpabiliser les enfants de lumière.


L’homme est une conscience mue par des sentiments et les sentiments bénéfiques comme l’amour, l’amitié, la charité et leur altruisme sont en forte part ce qui conditionne la part possible de bonheur ici-bas; de même, les sentiments néfastes, la haine, l’envie, la jalousie, l’égoïsme avec leur mesquinerie sordidement méchante, sont des pioches macabres qui creusent comme des tombes, de multiples abîmes de souffrances si terribles, de malheurs si sombres, qu’elles sont souvent génératrices de meurtres, de crimes de toutes sortes, de suicides, d’hécatombes comme les guerres et les génocides...

   
Dans un monde d’intérêts indécents où l’homme souvent pervers oublie toutes les autres dimensions de son être qu’il noie dans la superficialité de sa matérialité, les valeurs intrinsèques, entéléchiques de l’essence humaine bafouées, tout ce qui est de beau et de grand dans l’humanité est tu pour le vacarme de l’abêtissement. Aussi, l’élévation disparue, la face dénaturée de l’homme, est celle d’une espèce amenuisée qui chemine à l’envers. L’inversion du sens est perceptible dans tous les faux dépassements qui font agir les hommes. Quand les hommes se trompent sur ce qui fait croître dans l’authenticité espécielle et brandissent ce qui avilit, il ne reste de place qu’au mal-être qui prédomine partout dans la vie collective prise en otage des systèmes de pouvoir orchestrant les délires méchants de puissance de l’animal humain.  Le rejet de toute bienveillance dans sa prégnance du mal que les hordes humaines entretiennent inhumainement en leur sein, est le socle de tout mal non naturel! Au point qu’une forte part des maux subis par l’humanité ne sont que de pures créations humaines.

 
Bien penser pour se conditionner par de bons sentiments est une source du bien vivre sur terre et un tremplin de la conscience assumant dignement son humanité globale. Et, si vous me permettez une maxime: bien penser pour bien agir et bien agir pour bien vivre, constitue la formule d’une vie d’homme globalement harmonieuse avec la nature humaine.


Les êtres de l’univers sont créatures de l’Amour démiurgique du Créateur, et parmi ces êtres créés, l’étant d’esprit et de conscience qu’est l’homme, a pour mission première de dire oui à l’Amour sans quoi il ne fait que vivre hors du sens de son essence. L’Amour du Créateur, raison créationnelle est une exigence métaphysique pour la créature humaine, qui, si elle ne l’éprouve pas, prouve sa mort à soi, son déni de sa propre nature.


Au stade spirituel, l’Amour humain pour Dieu avec tous ses pendants de bienveillance envers l’autre humain, est puissance rédemptionnelle et gage d’accomplissement de l’humanité en sa vocation.

 
C’est l’Amour spirituel qui transforme tous les parcours, les allers et retours de l’odyssée humaine sur terre, en transcendance du fini et tremplin de l’absolu où l’humanité s’accomplit au-delà de l’animal et de la finitude.

  
 
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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