Par Camille Loty Malebranche
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La conscience métaphysique, intuition profonde de notre état au-delà du fini de la matérialité organique, est cette pure transcendance immanente qui révèle l’intériorité par une forme d’empirie intime où la présence à soi n’est pas que somatique et nous transporte dans des confins étrangers voire mystérieux pour la matière et les sens. Une conscience bien vivante et puissante par delà la chair et le sang, au-dessus de tout ce qui est matière! La conscience métaphysique est avec la conscience morale, l’univers du sens chez l’homme, en tant qu’elle perçoit la signifiance de la présence humaine dans le monde et donc implique le sens même de l’être au-dessus même de la conscience morale qui renvoie au sens et aux conséquences de l’action.
La conscience métaphysique proprement dite conscience humaine, instance immanente à l’être humain, est en même temps la dimension la plus transcendante qui soit, une transcendance intérieure. Elle est perception paradoxale de l’esprit, l’être intérieur.
Pour l’homme, la quête de soi, celle de l’essence de son être, se fait toujours à l’intérieur de soi. Cette intériorité, cette immanence transcendante, cet intrinsèque ascendant vient de ce que cette dimension de cette présence à soi vient du Créateur de l’univers, façonneur céleste de la créature humaine qui, par le rapport à l’infini, soit par le religieux soit par le moral, à travers extase et lois, prouve que le sens l’habite et qu’il est une conscience supra-organique. Cette immanence est en fait comme une sorte de marqueur immatériel et suprasensoriel que le Créateur a mis en nous pour nous faire signe de nos origines supérieures. C’est le sens, comme nous l’avons dit ailleurs, de l’appel intérieur que désigne l’expression « Royaume de Dieu » qui « est en l’homme », comme l’indique le Christ. Un royaume à découvrir et habiter! Naturellement, pour savoir où aller et quelle est la face du Dieu perçu intuitivement, il faut la révélation comme étape d’orientation spirituelle et donc de complétude de la perception métaphysique. Intuition et Révélation sont complémentaires.
La conscience, elle, est par essence transcendante même si elle est intérieure car c’est de l’élévation et de la hauteur, qu’elle permet à l’esprit de voir et de se voir.
La conscience de la transcendance qui façonne chez l’animal humain, cette propulsion de soi vers l’au-delà, loin au-dessus des simples besoins physiologiques et pulsions animales au point que l’homme cherche à enculturer ses besoins et dépasser ses pulsions par des valeurs les rendant humaines, comme pour les désanimaliser et les rendre dignes de cette conscience supérieure, est un mystère, un attribut de l’humanité en nous, en tant qu’être. Mystère qui rejoint le mystère même de l’être.
La puissance de la conscience, c’est qu’elle a le pouvoir de porter l’homme au-delà de lui-même vers les cieux de son accomplissement comme être, son entéléchie ontologique si jamais l’homme s’adonne à sa construction selon les vraies valeurs. Les valeurs sont les matériaux de la pensée et de l’action que la conscience imprégnée d’elles, utilise comme instruments de saisie du monde, ce par quoi les hommes jugent et déterminent leurs choix et leur action. La volonté d’un homme est d’abord coiffée, gouvernée par le type de conscience qui l’anime et le meut. Là, dans la prégnance de la conscience sur la volonté, il est fondamental de se dire que la conscience est à la fois logique, morale selon une propension gnosique tant abstractive que praxique. La conscience est cette immense dimension avec ces différents schèmes, qui intervient et fait de l’humain, cette présence fortement présente à soi, présence insolite qui entretient, par ailleurs, un rapport complexe et multiforme à l’être, à soi, à l’univers, au sens et parmi tous ces rapports, l’intuition mystique, insondable de la présence de Dieu et de l’interaction avec la déité…
La conscience est portée à juger et à se juger, son témoignage est le socle de la saisie et de l’attribution de sens aux êtres et aux faits; la conscience est donc au cœur de l’élaboration des valeurs présidant au jugement de l’homme. C’est la conscience qui appréhende voire souvent, orchestre le sens et prédétermine la factualité de l’action. L’indifférence au négligeable ainsi perçu comme l’attention et l’importance accordée aux êtres ou faits sont dans le stade de conscience, le niveau conscientiel d’un homme. Celui qui a atteint le stade métaphysique, est apte à ancrer sa nature vraie et être au-delà du somatique dans la transcendance que font éprouver les profondeurs.
La conscience métaphysique est le biais mystérieux par lequel, l’homme peut être éveillé au substratum de l’être par delà le phénomène cosmique et toucher l’impalpable substance immatérielle de sa propre essence.
Si les animaux sont au moins présents à leur immédiateté physiologique par la conscience, cette présence aux fonctions vitales qui les poussent à assouvir leurs besoins vitaux et déterminent jusqu’à leur instinct, l’homme est le seul animal ayant, en plus de sa conscience physiologique une dimension conscientielle non instinctuelle qui se profile comme conscience finalitaire, conscience du sens, conscience du fait d’être et du rapport à l’être. Une conscience de la signifiance qui outrepasse toute organicité, toute prestance somatique pour habiter un univers ailleurs, un espace mystérieux de transcendance et d’esprit. La conscience métaphysique…
Force est de remarquer que la conscience - en sa globalité métaphysique, logique, morale, donc en tous ses faciès - définit l’homme à travers son action et réaction qu’elle orchestre face à son être comme sens et destinée où l’homme fait son destin, car le destin d’un homme est sa manière singulière de vivre l’appel de la destinée universelle de l’entéléchie en Dieu. Et, au plan social, le niveau de la conscience globale, est le déterminant du stade d’humanité des sociétés humaines qui les manifestent à travers leurs choix politiques.
La conscience métaphysique est cette faculté spirituelle de l’homme capable de sentir l’envergure de la dimension humaine par delà la grisaille existentielle, le visage rayonnant de la vérité immatérielle de l’homme.
L’esprit, dans son ambivalence non ambiguë sa « dissémie », sa dualité sémique, comme hypostase métaphysique et conscience cognitive d’intelligence supérieure de pensée et d’agir - cette dernière est en fait un de ses attributs et non une dimension - a pour mission de discerner le vrai du faux. Ainsi, démasquer le mensonge des prétentions exhibées dans les apparats et détruire les décors de la vacuité où se cachent les ostentations pleines des bévues et faussetés d’un monde matérialiste et manipulateur, est à l’échelle de l’hypostase qu’est l’esprit exerçant à bon escient sa conscience cognitive son intelligence...
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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