Obéir ou Subir : du normal, du surnormal et du légal.

6 Janvier 2022

Par Camille Loty Malebranche

Obéir implique soit une soumission allant de soi, à la nature imposant ses normes, soit un choix rationnel et logique de la volonté pesant le poids métaphysique ou social de cette concession sur sa liberté. Dans toute autre occurrence, il est question de Subir. Ce n’est que de l’obtempération imposée à l’homme par le légal et l’étatique selon les lois non nécessaires à la vie collective mais essentielles à l’ordre social! D’où si cet ordre est indigne, il faut le renverser... Ailleurs, la dimension ontologique - celle où l’homme est en rapport au sens supérieur, en assumation transcendante de son origine et de sa fin métaphysiques - est du domaine de la Surnorme, le champ du surnormal. Là où tout est sacré et concerne l’essence humaine et ne peut être pris aux mailles du tangible.

Nous tenons à préciser que le normal renvoie à l’inhérence du naturel, tandis que le légal réfère aux deux cantons distincts que sont le principiel, lequel tient de la soumission logique et volontaire de l’homme aux justes principes des lois du vivre ensemble en tant qu’être social, et de l’idéologique systémique constitué des autres lois d’État, lois strictement étatiques pour imposer l’idéologie dominante, lois de la contrainte systémique sociale imposée par les classes dominantes, classes du pouvoir. Nous y reviendrons plus bas.

Nature et Normes.

La nature met sur nous des normes que j’appellerais réflexes parce que neutres et non coercitives quoique imposées : Je suis soumis à l’attraction terrestre qui me garde au sol naturellement sans m’en soucier, j’obéis donc sans être contraint, car la contrainte vient toujours d’une « autorité » extérieure. Par rapport à la nature l’homme obéit mais ne subit guère de coercition puisqu’il est élément et part de cette nature. Je suis fondu en la nature qui me retient au sol et je composerai par la science et la technique avec sa norme de pesanteur si jamais, exceptionnellement, je veux quitter le sol. Cela va de soi et ce serait le fait de ne pas peser, de ne pas pouvoir rester au sol qui constituerait l’anormal voire le pathologique. La norme est donc une condition inhérente à laquelle obéit la nature des êtres en tant que part de la nature.

Nous sommes organiquement façonnés dans la nature et conçus en elle, d’où, ses lois sont des normes allant de soi en nos êtres auxquels elles ne sont guère contraignantes ni préjudiciables quoique imposées à notre existence; elles sont en quelque sorte, une part de notre vie, instance inhérente à notre fonctionnement phylétique, compagnes assidues de notre propre nature organique. La respiration, la sustentation, la sexualité, l’attraction terrestre sont - à moins de pathologies affectant les fonctions naturelles ou de contraintes externes empoignant le sujet humain - des choses que nous charrions et portons avec nous sans qu’elles nous soient fardeaux au point que nous n’y décelions même pas une limitation de notre liberté ou des objets d’obéissance.

Essence Humaine et Surnorme.

Au niveau transcendant, pour l’homme métaphysiquement instruit et donc spirituellement éveillé, il est un champ de normes supérieures, des surnormes, les vérités surnormales car spirituelles qui sont à lui un sujet de vie et d’auto-application ne générant point de répulsion à son obéissance, car il sait que c’est la voie de son accomplissement en tant qu’être. Même si à ce niveau spirituel, où il s’agit de la nature métaphysique de l’homme, celui-ci choisit d’obéir aux surnormes susmentionnées, tandis qu’il est astreint par nature aux normes de la nature physique.

Société-Principes-Légalité.

Les faix pesants commencent non avec la nature, tant que celle-ci fonctionne normalement mais avec la culture (la sphère sociale) et ses codes de lois caractéristiques qu’impose la société. Par ailleurs, il est essentiel de remarquer qu’il y a des lois-principes, celles vraiment objectivement justes et nécessaires au vivre social, tels les services publics et leur administration pour la régulation de la vie publique et la garantie des droits fondamentaux, ces lois que j’appelle principes logiques du vivre ensemble que le bon sens accepte volontairement voire défend contre leurs violateurs. Les autres lois, fomentations idéologiques façonnant l’économie au profit de quelques-uns contre tous, sont de l’imposture dictatoriale légaliste. Tout mode socioéconomique fondé en codes de lois pour imposer le pouvoir économique de sinistres minorités au peuple ainsi violenté dans ses droits au bien-être, est de la tyrannie. Tyrannie subie selon le totalitarisme moderne opérant via un despotisme économique infligé au peuple qui risque la violence policière s’il manifeste contre les lois indignes et un système prédateur. Système dont lesdites lois sont là non pour le bien de quiconque sinon que pour faire fonctionner l’ordre social acquis exclusivement aux intérêts des classes dominantes.

Regard Catégoriel sur les différents champs explorés.

Le normal, le surnormal, le principiel, le légal forment l'univers des règles des différents champs d'existence de l'homme et supposent chacun leur propre modalité.

L’harmonie de l’homme avec les surnormes spirituelles tout comme son respect des normes naturelles, lui apporte la mesure de la liberté. La liberté est mesure ou déviance propre à toutes sortes d’aberrations comportementales dans l’action. L’homme - cette pensée-action en expression dans le monde - ne peut se permettre d’ignorer la mesure pluridimensionnelle de ses choix, de son comportement sans risquer de perdre le contrôle volitif qui est le socle de toute liberté comme faculté du choix souverain.

Vouloir, c’est obéir aux surnormes et normes de notre nature et de la nature pour être mieux apte à n’obéir qu’à nos choix bien mesurés quant à leur portée et ainsi être à même d’en répondre pleinement afin de ne pas aliéner la liberté.

Quant au niveau de la vie sociale, le seul renoncement juste et lucide, la seule résignation admissible de la liberté individuelle et humaine doit être au profit du bien commun, du bien-être collectif et onques pour la pesanteur livide du vouloir de l’État et de ses disposants comme c’est si souvent le cas.

En l’homme équilibré et citoyen - digne porteur du sens et de la mesure de la liberté - la volonté obéit d’elle-même au juste prescrit qui sert le collectif, elle ne se rebiffe que face aux diktats contrenature des classes dominantes qu’on lui fait subir au nom de l’institution sociale, à la gloire immonde du cerbère étatique.

Une démocratie où la grande majorité subit les choix oligarchiques de l’État et de ses dirigeants, est une dictature masquée, un despotisme qui fait sa nique. Quand un système politique favorise une minorité et que les citoyens subissent les politiques de l’État, ce n’est pas de l’obéissance civile mais de l’obtempération par dépit, faute d’alternative malgré l’alternance électorale qui ne fait que renouveler et imposer le même par succession de tronches de dirigeants au service des oligarques…

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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