Par Camille Loty Malebranche

Il n’y a pas de libération collective des opprimés dans la fuite du pouvoir structurel de leurs oppresseurs qui étayent et maintiennent leur servitude. Une classe d’opprimés aspirant à la liberté qui fuit le devoir d’affrontement structurel et idéologique de l’asservissement, est un esclave qui mime la souveraineté, esclave que l’oppresseur manipule et utilise en faisant mine de l’intégrer au pouvoir.
Seul le combattant qui dépossède le tyran du sceptre liberticide qu’est le système politique servant l’ordre socioéconomique, a la gloire de résister et l'espoir de devenir souverain. Ainsi, toutes les fuites par le loisir débile et la religion institutionnelle aliénante participent de la corruption du mental et de l’annihilation du comportement. Il n’y a pas de liberté fugitive pour les classes opprimées, il n'existe pas d’émancipation collective sans le pouvoir structurel qui la garantit. Toute révolte, tout combat pour la liberté qui ne vise à la prise du pouvoir structurel, est à terme voué à l’échec. La libération des opprimés ne vient que par l’affrontement des forces de l’asservissement jusque dans leurs derniers repaires, jusqu’à la prise des structures de contrôle qui permettent la domination. Ainsi vouloir se libérer sans coup férir, sans bousculer les idées et les structures de l’ordre du monde et de son idéologie, est puérile erreur stratégique et signe de faiblesse méthodologique des combattants de la libération. La logique de la liberté passe immanquablement par la conquête des structures et leur conversion pour l’émancipation.
En éludant le combat, les opprimés se condamnent eux-mêmes. Pauvres opprimés débiles que ceux-là qui évitent d’affronter les prédateurs et ploutocrates modernes jusqu’aux derniers quartiers logiques de l’idéologie dominante, allant jusqu’à la rêvasserie de croire bêtement aux vertus des cooptations, se réjouissant lâchement et candidement d’une élévation par procuration des « leurs » honorés dans le système de tous les maux qui les fait souffrir! Aussi, seront-ils toujours chosifiés, réduits à la figuration dans un monde qui vit de leur autopunition inconsciente, règne de leur écrasement, leur vampirisation.
Les opprimés qui fuient le devoir d’affrontement et de démantèlement du système de leur oppression jusqu’à y vouloir leur cooptation-assimilation pour leur performance plaisant aux bourreaux et tyrans qui les utilisent, ne méritent pas d’être libres, ce ne sont que choses organiques de l’ordre oppressif. Les peuples opprimés doivent savoir où est leur ennemi objectif pour ne pas être traités en moins que rien que l’on fait baver de joie ignare à chaque cooptation symbolique de leur classe.
Que les combattants de la liberté, à l’heure de l’esclavage moderne, développent les nouvelles méthodes de dislocation des bases du financiarisme en ciblant rien de moins que les structures de l’État putréfié, séquestré par la classe de parasites oligarques qui les asservit! Il ne faut jamais oublier que la corruption n’est pas défaut contingent mais émanation de la nature même de l’État ploutocratique qui ne cesse de ressasser sa démocratie et sa liberté comme pour en halluciner l’entendement des foules.
Toute libération socioéconomique des peuples qui ne vise à la prise du pouvoir politique et à la reconception des structures politiques du pouvoir, est condamnée, vouée à l’effondrement par son propre vice de conception, son incomplétude.
La libération socioéconomique des peuples doit se solder par le pouvoir politique ou elle n’est que du vent.
L’élévation d’individus-symboles issus de la masse asservie et maltraitée via la cooptation par les maîtres de l’ordre du monde, est une appétence démagogique du pouvoir jouant des émotions du vulgaire et transformant les populaces en plébiscitaires de leur propre misère qu’elles doivent oublier, se sentant anoblis par procuration symbolique!
Vive les peuples pugnaces qui affrontent et se foutent des symboles produits par l’ordre ennemi, ils auront la gloire de se libérer ou à tout le moins, de résister et de se faire respecter en conspuant les manœuvres de réification par les cooptations.
Face aux puissants anoblissant leurs individus symboles et jouets cooptés, produits en emblèmes d'une "grandeur" de réifiés de service réduits en ombres serviles, les hommes vrais des peuples vrais doivent brandir la lutte idéelle, comportementale, idéologique et structurelle qui ennoblit.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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