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Par Camille Loty Malebranche

 

Si la transcendance spirituelle chrétienne, dans un monde matérialistement grivois où sévissent toutes les horreurs du charnel psychologique, implique quelques souffrances par le renvoi imparable de la claustration mondaine systémique qui transforme le droit de profiter des belles choses de la vie, en privilège conditionné par une soumission dénaturante à l’ordre malsain du monde, le christianisme, proposition doctrinale d’une humanité accomplie et ennaturée dans l’imago Dei, malgré son refus de la connivence avec le mal mondain, n’est point par essence, un dolorisme, une quête-culture masochiste de la souffrance.

 

Le dolorisme est la weltanschauung déviante et déviée, vision pathologique des masochistes. Masochistes métaphysiques si bêtes, qu’ils croient devoir compléter voire remplacer par leur propre souffrance, la perfection du sacrifice salvifique du Christ. Certes, il y eut un temps spécial de martyre prophétisé par le Christ, et qui a fait rage à l’époque romaine d’avant Constantin! Néanmoins est-il désappointant de voir que plus tard dans l’histoire, ce fut de l’intérieur du « pseudo-christianisme » une religion des horreurs propulsée par l’église catholique d'un certain temps, sous la houlette de ses dégénérés, criminels inquisiteurs, tortionnaires dresseurs de bûchers, que le diabolique dolorisme comme doctrine a été prêché aux plus pauvres, et continue de l'être sous forme de résignation à la souffrance sociale évitable tout en proclamant la désirabilité des douleurs et mortifications de toutes sortes.

 

Dans la patibulaire perspective du pseudo-christianisme institutionnel de la curie officielle trempant insidieusement dans le monachisme ascétique du Moyen-Âge, de soi disant prêcheurs évangéliques ont gardé l’abomination du dolorisme pour prôner la douleur et en faire un carcan des esprits, en décontextualisant à travers leur herméneutique de masochiste, le mot de Jésus qui dit « si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive ». Présenté comme une condamnation à souffrir et à aimer la souffrance, les ruminants de la douleur, proclamateurs de la flagellation, ont transformé le christianisme en autopunition érigée en mystique d’identification de l’esprit converti à la face de Jésus crucifié. Ainsi, par une sensiblerie irrationnelle et de fait antichrétienne, les prêtrailles de toutes chapelles et dénominations, catholiques ou protestantes, ont fait de la parole du Christ exactement le contraire de son enseignement.  

 

LA FOI ET LA SOUFFRANCE

 

Même en dehors de la spiritualité, tout protagoniste de la liberté sait que la liberté est refus pour la souveraineté et que donc, être libre dans un domaine quel qu’il soit, implique du renoncement à des faveurs et à des jouissances de l’ordre généralement riche et puissant que l’on refuse.

 

Sans être un dolorisme, la foi, en tant que refus du courant massif quasi exclusif des hordes de l’anti-spiritualité, par le renoncement et la transcendance qu’elle sous-tend chez l’esprit ennaturé et pleinement conscient de sa nature et de sa vocation en Dieu, provoque toujours des formes d’incompréhension qui peuvent faire souffrir. Souffrance constamment dépassée, soit, mais qui n’en demeure pas moins une souffrance ne serait-ce qu’objectivement où l’homme de foi, refusant les voies faciles de la « réussite », peut avoir, ce qui est souvent le cas, à composer avec des difficultés de fonctionnement que n’importe quel moins que rien, minable et idiot du monde ne connaît. Un homme ennaturé, dans sa vie selon l’esprit, est toujours comme puni par le système mondain, c'est-à-dire le grand flot de la perception macabrement injuste, platement matérialiste qui prédomine dans le système sociopolitique, économique et religieux du monde. De ce fait, alors que l’homme spirituel, reconnaissant en soi le royaume de Dieu, dans sa sphère de transcendance ne souffre guère par les attaques idéelles suggestives du malin qu'il a appris à réduire en silence, il connaît les difficultés de son statut de marginal où il refuse d’être assimilé au courant dominant en quoi, il est facile de faire à peu près n’importe quoi, en toute légalité, pour fonctionner. Un homme spirituel, ennaturé qui ne connaîtrait pas certaines difficultés, difficultés dont Dieu le délivre toujours, comme tribut à payer pour sa souveraineté et son authenticité du marginal métaphysique qu’il est, contre l’inclusion assimilatrice et dénaturante, devrait s’interroger sur la vérité de sa vie spirituelle!

 

Voici l’un des textes servant de prétexte aux doloristes pour leurs macabres ruminations:

Luc 9.23

Puis il dit à tous: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive.

9.24

Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera.

9.25

Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s'il se détruisait ou se perdait lui-même?

9.26

Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints anges.

9.27

Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu.

 

Les masochistes doloristes de l’évangile décontextualisent donc les propos de Jésus selon Luc 9 versets 23 et suivants pour fonder leur ineptie autopunitive. La racaille-prêtraille a voué le christianisme au dolorisme, et pour ce faire, elle raye de l’Écriture toute promesse de bonheur et de soulagement terrestre dont certain sont prononcés par Jésus lui-même.

 

Quant à nous, d’aucune chapelle, en nous rappelant que Jésus, homme fréquentant les fêtes, les mariages, buvant le vin, ce symbole de l’ivresse mentale de la joie de vivre, dont il a fait l’emblème de son sang, ne fut jamais ascète, ce que d’ailleurs les médisants lui reprochèrent en le traitant d’homme du monde par opposition à Jean le baptiste, nous vous proposons quelques versets parmi les plus connus, de ces propos en flagrante opposition à tout système doloriste, reléguant ainsi l’ascétisme au rang de choix personnel et intime des ascètes.

 

Évangile selon Matthieu:

 

Dans Matthieu chapitre 6

 

6.25

C'est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement?

6.26

Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux?

6.27

Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie?

6.28

Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent;

6.29

Cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux.

6.30

Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi?

6.31

Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas: Que mangerons-nous? Que boirons-nous? De quoi serons-nous vêtus?

6.32

Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

6.33

Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

6.34

Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

 

Matthieu chapitre 11

 

11.28

Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.

11.30

 

Car mon joug est doux, et mon fardeau léger.

 

Pour revenir aux versets de l’Évangile de Luc susmentionnés dans cet article, je vous dirai que le message du Christ, éminemment mystique dans cet appel à nous charger de nos croix, nous enjoint d’anéantir mystiquement tous les faix de notre existence personnelle, dans la croix du Fils, qui a représenté et englouti tous les fardeaux de toutes sortes de l’humanité de tous les temps. Ainsi, le fait d’intérioriser les grâces totales du sacrifice expiatoire et propitiatoire du Fils crucifié et de sa croix sanglante, libère de tout fardeau intérieur et extérieur car toutes les murailles de la vie, tous les impedimenta existentiels et leur lourdeur s’anéantissent par la foi et l’acceptation de la rédemption en Christ où l’homme ennaturé, en sa vie selon l’esprit, sait que le Décideur suprême de l’issue, c’est Dieu, toujours aimant, inconditionnellement en sa faveur. C’est exactement ce qu’explicite l’apôtre Pierre dans (1 Pierre 5, v 7)'..."déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous."

 

L’homme de l’esprit ennaturé a donc confiance, qu’en toutes circonstances, c’est lui qui gagnera par la grâce du divin Planificateur et Façonneur de la fin. Tel est le sens de prendre sa croix pour suivre le Christ. Prendre toute la pesanteur, la grisaille de la vie, toutes les crises de conscience et les turpitudes par la foi pour les transcender en sachant que le Christ vivant a déjà noyé et anéanti dans son sang expiateur, tous nos fardeaux dans le mystère vivifiant de sa croix rédemptrice dont la force de justification morale et spirituelle excède toutes les culpabilités encourues par la peccabilité des croyants et toutes leurs faiblesses humaines provoquant des chutes occasionnelles. Puisque de toute manière, toute vie comporte ses fardeaux, la doctrine chrétienne convie donc ses hommes à avoir confiance en l’intervention divine et ne pas céder à l’inquiétude du devenir sachant que, par delà les vicissitudes de ce monde, ils peuvent être en paix et heureux, certains que Dieu tient l’avenir personnel des siens. L’on comprend alors le mot de Jésus à ceux à qui il s’adressait en son temps, quand il leur dit « quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu ». Là, Jésus explicite pour les gens de la foule que, parmi eux, seuls quelques évolués sauront atteindre le stade d’humains nés d’esprit, ennaturés aptes à vivre la vérité intérieure du royaume de Dieu, lui, le Maître qui précise ailleurs aux humains que « le royaume de Dieu n’est pas ici ou là; le royaume de Dieu est en vous ».

 

L’esprit ennaturé sait et expérimente en lui-même la présence de Dieu dans sa totalité divine où sa dimension de Paraclet, Hôte et Accompagnateur divin qui, en son emménagement dans l'homme croyant, son accompagnement de l'homme de foi, fait du parcours de l'esprit de celui-ci en mission dans la chair ici-bas, une contemplation active de la face de Dieu en préfiguration de la félicité éternelle.   

                                   

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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