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Par Camille Loty Malebranche

 

 

Les évènements en cours en Syrie nous livrent une leçon fatidique de l’histoire, celle de la transition toujours douloureuse des ordres du monde, lorsque le nouveau chasse l’ancien encore puissant par les armes mais vétuste dans les perspectives politiques qui se précisent. Le monde contemporain est à une phase transitoire et les États privilégiés ne peuvent l’admettre sans coup férir, sans tenter par tous les moyens, de bloquer le fleuve de l’histoire. 

 

Désormais, nous sommes de plain-pied dans la transition vers une multipolarité ferme et effective où les régions du monde ne connaîtront que l’influence de leurs géants régionaux, alignées de fait aux puissances régionales selon une géopolitique de proximité, et non selon la vielle logique phagocytante d’une géopolitique de gigantisme tentaculaire où un seul géant planétaire avec ses alliés satellites, gouverne la planète. Le fait est si fort, si douloureux pour l’empire étasunien et son fief occidental astreint de plus en plus à une influence amenuisée et menacée, que, sans s’en rendre compte, les agitations de l’empire décadent, dans le cas syrien, démasquent précisément l’incertitude d’une puissance qui doit montrer les dents, sa force en menaçant tous pour les convaincre de sa prépondérance. « La force est tranquille » disait Mitterrand; en effet, seuls les fauves blessés ou vieillissants, de toute façon en cours de déclassement, ont constamment besoin de montrer leurs crocs pour rappeler et tenter de prouver qu’ils sont encore fauves…

 

La rage d’une intervention en Syrie qui fait trépigner les Usa et leurs alliés serviles, dévoile la fin d’un moment de l’histoire que, d’ailleurs, dans sa banale proclamation du discours impérial, Obama a clairement exprimé à travers ses propos simples mais combien révélateurs, et je cite: « Nous avons des intérêts que la Syrie menace ».   

 

Le laïus d’Obama, déclarant avec une mignardise belliciste quasi puérile à ce niveau des choses de la politique mondiale que les Usa ont des intérêts en Syrie, dans cette région où Israël est un avant-poste de la puissance étasunienne, nous amène donc à cette sorte de frénésie de ne pas perdre pied dans ce que le vieil empire mondial croyait à jamais sien après la chute de l’union soviétique. Aujourd’hui, hélas, le peuple syrien fait les frais de l’agressivité des tenants de l’ordre finissant se battant contre l’avènement des nouvelles hégémonies de l’ordre multipolaire se constituant. Assad, les armes chimiques et tout le toutim ne sont que des pions sur l’échiquier du choc hégémonique. Et, même s’ils savent que les frappes aériennes ne changeront rien, quant à l’irréversibilité du renversement de l’ordre du monde ici manifeste dans le guêpier syrien, les Usa trop blessés en leur orgueil continueront de foutre le chaos partout selon leur bile fielleuse de superpuissance déclassée qui refuse le statut de simple puissance parmi d’autres. L’expansionnisme démesuré de la géostratégie étasunienne-occidentale aux régions les plus lointaines, ne peut plus sauver une géopolitique mondiale  dépassée. 

 

Les groupes constituant la force hétéroclite de l’asl (armée syrienne libre) soutenue par l’occident, qui font la guerre à Assad, auront beau l’emporter un instant, l’unipolarité étasunienne-occidentale, elle, est morte. Ce temps-là est révolu. Ni la Russie, ni la Chine ne permettront la mainmise étasunienne dans leur giron de grandes puissances asiatiques, quitte à provoquer un crash à étendue imprévisible de la paix mondiale...  

 
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Tag(s) : #Monde du Concept
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