Par Camille Loty Malebranche
Réalisme opportuniste et réalisme suiviste.
Le réalisme, en relations humaines, peut avoir deux voies possibles, une de toute bassesse, parce que mesquine, vilement opportuniste, et une de mollesse, platement veule et suiviste.
Le réaliste mesquin est celui qui, ne croyant ni en l’amitié ni en aucune valeur humaine, forge « pragmatiquement » ses fréquentations selon un calcul froid et répugnant de ce qu’il saisit dans sa vilenie comme ses intérêts, sa réussite, au nom de quoi, il est prêt à utiliser tous et à se faire utiliser comme n’importe quoi. Ce type d’individus ne construit de relations qu’avec ceux qui peuvent leur offrir des avantages sociaux ou matériels. Pour de tels réalistes - d’ailleurs, fort nombreux dans la société du matérialisme capitaliste avec ses prostitutions multiples, innombrables - l’homme est un marchepied, un moyen d’atteindre son succès individuel. D’où, en crasse opportuniste, il lècherait le cul du chien de l’autre pour avoir un avantage, si cet autre est puissant. De même, il utilise avec arrogance et méchanceté, tout autre dont il profite, salement et cruellement, si cet autre est en faiblesse. C’est une espèce infrahumaine plus toxique, plus pathogène et plus méphitique que la dernière des fanges que même des asticots éviteraient par crainte d’en être corrompus et putréfiés!
L’autre réaliste, c’est le veule suiviste qui mélange peur et ouverture à l’égard des autres. Dans sa naïveté mollement raisonnée, il voit l’autre et les situations du rapport à cet autre, comme ce qui moule son propre comportement toujours réagissant par absence de confiance et de dignité, dans une maladive incapacité d’être proactif. C’est l’homme flasque à qui l’on dicte ce qu’il fait et ce qu’il est. Il s’adapte à tous au point de devenir un flou sans forme personnelle, sans expression ni image propre. Le réaliste de cette catégorie, ne juge que sur les circonstances concrètes et cela le fourvoie dans une veulerie de perception d’autrui devenu son définisseur. Un réaliste de ce ressort est une sorte de miroir où tous ceux qu’il rencontre, défilent et où lui-même se métamorphose en une suite versatile d’images de ses fréquentations et relations qui l’effacent à force de se façonner selon la réalité, leur réalité qu’il s’impose, ignorant bêtement que chaque humain est en soi, par la vérité infinie de l’essence humaine, fondateur des réalités dans le fini de cette existence où la nature humaine individuelle, est singularité en acte pluriel qui doit choisir de se manifester selon soi et l’Esprit originel dont il vient, et non selon aucune autre singularité en acte pluriel. Adapter le bon d’autrui, n’est pas le suivre servilement ni devenir reflet du social qui dicte ses aberrations au profit de quelques-uns.
Altruisme lucide
J’appelle altruisme lucide, la modalité d'ouverture à autrui propre à une conscience éclairée, ouverte à l’humain sans se faire jamais d’illusion sur les hommes. C’est le mode relationnel équilibré de ceux qui savent être humains avec les humains mais toujours sans rêvasserie sur les vertus des individus et des groupes, sans haine irrationnelle ni méfiance injustifiée pour ou contre quiconque. Ne comptant sur personne mais sachant qu’il y a un certain seuil d’ouverture suffisante, exigible dans les rapports sains à autrui, et que c’est cette ouverture qui permet la vraie relation sans la faire s’altérer en hypocrisie ou en promiscuité. L’altruiste lucide est donc vrai dans tous ses gestes. Il ne promet rien qu’il n’ait l’intention de donner et n’espère rien que la dignité de l’autre dans les limites de la relation définie. Si l’autre se fait indigne et persiste dans son indignité, l’altruiste lucide, selon la gravité des actes indus, après l’avoir averti et soutenu pour un ressaisissement de soi, le laissera à ses travers, sans cesser d’être ouvert à l’humanité, sans s’arrêter d’être bon envers les hommes. Car l’altruisme lucide sait que la bonté est une exigence du vivre ensemble heureux. L’altruisme lucide est donc la bonté ouverte et solidaire des hommes qui ne se laissent guère avoir par les crapules et les profiteurs, lui qui n’attend rien que le respect en mode de franchise mutuelle pour la dignité des rapports interpersonnels.
En amitié et amour, l’altruiste lucide est entièrement fidèle à ses principes qu’il précise dès le départ pour l’autrui de ses rapports. L’altruiste lucide sait qu’il vaille mille fois mieux d’être seul et serein plutôt que de fréquenter n’importe qui ou de chercher par mimétisme social et complexe d’infériorité de classe, la relation lourde et immonde des vulgaires rois bouffis et des roturiers nobiliaires des élites putrides de ce monde, malgré les manières et propagandes de leur prétendue noblesse royale de sang ou de condition…
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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