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Par Camille Loty Malebranche

 

La morale, toute morale est construction d’une voie à suivre pour permettre à l’homme d’atteindre les dévolus de sa nature selon une vision métaphysique donnée. Il s’agit d’apprêter l’homme pour sa vérité, le rendre apte à vivre sa nature telle que perçue dans la lecture doctrinale qui élabore ladite morale. Ainsi, la fin de la morale est la réalisation eschatologique de l’homme sur le plan de l’être dans le rapport multiple à soi, à autrui et à l’existence qui sous-tendra bien entendu, le divin, le cosmique ou la déréliction.
 
L’éthique est code moral particulier à un groupe, elle est toujours sociale régissant le comportement des ordres professionnels, où elle devient déontologie; elle peut être le code de conduite de fonctionnaires publics ou privés; elle est également ce que fonde le serment d’allégeance à un cercle, une société secrète voire clandestine. Cette dernière face, strictement sociétale, constitue l’aspect le plus paradoxal de l’éthique, elle, que le commun sous la dictée des idéologues, confond parfois avec la morale, elle peut être antisociale et criminelle dans le monde global. Car le Fmi, les grandes banques pillardes, les armées interventionnistes d’État ou de conglomérat d’États, la mafia, les groupes d’extrême droite et d’extrême gauche, les cellules terroristes ont toutes leur éthique souvent coiffée par l’omertà. Et, précisément, c’est souvent, la fidélité à l'éthique et l’observance stricte, passionnée voire fanatique de l’éthique sociétale qui produit parfois les plus terrifiants crimes contre la société globale voire contre l’humanité. 
 
La morale religieuse ou philosophique est établissement d’un mode d’être visant à la téléologie humaine, permettant l’entéléchie de l’humain en route vers son eschaton. L’éthique est la téléologie institutionnelle qui se fout supérieurement de l’individu à qui elle est imposée selon la structure sociétale. Inutile donc de chercher à moraliser un militaire, un banquier, un mafieux ou un politicien de parti. Quand l’institution est immorale pour tous, elle n’est pas moins morale c'est-à-dire éthique, pour ses membres. Le militaire qui massacre à uranium appauvri des irakiens sur ordre du supérieur, lui-même obéissant à un président chose de quelques oligarques, n’est pas un homme mais un outil de l’éthique militaire.
 
La morale reste au niveau liminal du choix de l’agissant selon le jugement individuel qui l’applique dans l’action personnelle, et donc exprime une conception du bien et du mal que l’on peut adopter ou rejeter selon sa liberté de conscience et sa perception de la responsabilité une fois l’acte accompli. L’éthique transforme ses obligés en des sortes de schizophrènes face au reste du monde, figés qu’ils sont tenus d’être aux murs des intérêts et volontés de l’institution ou du groupe, au nom de qui, ils sont prêts à sacrifier des millions de gens en les broyant sous des bombes, sous des lois économiques et financières obérant peuples et familles, sous les roues de la guerre et des tribunaux spéciaux exterminant les haïs du groupe ou de l’institution.  
 
Là, où la morale cherche l’homme et son amélioration en vue de ses fins dernières, l’éthique vise en personne privée ou publique, légale ou illégale, les buts choisis par le groupe, le collège professionnel ou l’institution qui l’érige et en fait la raison de vivre des membres. D’où, l’éthique, une fois établie, peut être ce qui contribue à faire des hommes des monstres, de vulgaires assassins ou de crapuleux criminels…
 
La morale met l’homme face à lui-même, responsable de ses actes, projeté dans l’action choisie où il se dévoile; l’éthique dépossède l’homme de toute conscience morale propre, de toute responsabilité personnelle pour une prétendue morale de groupe, unilatéralement décidée par les seigneurs sociaux.
 
Naturellement, quand l’éthique est juste et fixe pour des membres de sociétés particulières les principes du bien général de la société globale, elle devient alliée de la morale et du bien de l’homme. À ce titre, l’éthique exige aux sociétés d’être ouvertes et de jouer la transparence en prouvant la valeur humaine de leurs principes intérieurement appliqués. Mais cela est assez rare même au niveau des ordres professionnels offrant leur service à la société globale, qui fonctionnent souvent comme des états dans l’État. D’où la justice intérieure à tel ordre peut bien léser les droits de la société globale voire de lhumanité. Sauf en de rares cas publiquement dénoncés, comme se désolait I. Illich dans sa "Némésis médicale": « l’ordre des médecins est seul à juger un médecin qui porte préjudice à des patients ». En effet, nous l’attestons, le droit d’être jugé par des pairs, comporte pour les victimes de professionnels, de grands risques d’être lésées par toutes sortes de complaisance de copinage au sein de l’ordre professionnel en question. C’est même un criant signe de l’arrogance immorale de l’éthique.
         
C’est pourquoi, les armées interventionnistes, les banques privées dangereuses, provocatrices de désastres économiques contre les peuples, le Fmi, la banque mondiale, toutes ces malpropretés qui parlent une langue éthique pour convaincre de leur décence, devraient être dissoutes pour le plus grand bien de l’humanité. 
 
Tout en respectant les bonnes éthiques socioprofessionnelles  sans quoi, il serait impossible aux autorités érigées en collèges de gérer leurs membres dans leur action publique, je ne puis oublier que chaque fois qu’un général interventionniste va tuer des innocents et des civils de tous âges et des deux sexes, que c’est un crime éthique, une horreur déontologique, une autorisation de massacrer lâchement en bonne conscience pour la gloire du grand capital avec toutes les discriminations du sociocentrisme et de l’ethnocentrisme du plus fort voulant s’imposer par la violence, la terreur et l’hécatombe. Oui, chaque fois que la mafia tue, ou que des voyous terroristes estropient des gens par leurs bombes artisanales ou industrielles, je ne peux m’empêcher de constater que c’est une éthique qui est à l’oeuvre dans tout l’aveuglement de ses lois, la cécité abjectement meurtrière de ses principes.
 
 
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
 

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Tag(s) : #Monde du Concept
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