PAR MICHEL-ANGE MOMPLAISIR
Au cours de l’ère primaire, d’une durée de 300 millions d’années, quatre (4) extinctions de masse se sont produites.
La première, il y a 550 millions d’années, entraîna la dévastation des espèces terrestres et aquatiques. L’Anomalocaris, le géant du Primaire, 45 cm de long, grand prédateur des trilobites, disparut. Les bouleversements tectoniques et biogéoclimatiques sont tenus responsables de cette extinction.
La seconde, il y a 443 millions d’années, affecta 85% des espèces aquatiques. Graptolites, trilobites, céphalopodes, brachiopodes, disparurent. Un énorme indlandsis (mot danois signifiant glace de l’intérieur) se trouvait à l’époque sur le superbloc continental Gondwana, fusion de l’Amérique du Sud, de l’Afrique, de l’Antarctique, et du sud de l’Asie. Cet indlandsis avait mobilisé d’énormes volumes d’eau. Il en résulta une raréfaction de l’oxygène, néfaste pour la faune aquatique.
La troisième, il y a 365 millions d’années, appelée événement Kellwasser, affecta 75% des espèces marines. Coraux, brachiopodes, ostracodes, trilobites, foraminifères disparurent. La fermeture d’un bras de l’Océan Téthys, un océan primitif situé au nord du superbloc continental Gondwana, amena une élévation du niveau des mers, avec comme conséquence des eaux peu oxygénées, nocives pour la faune. L ‘Océan Téthys (c’est le nom de la déesse grecque de la mer) est l’ancêtre de la Méditerranée actuelle.
La quatrième, il y a 250 millions d’années, est considérée comme la plus grande extinction en masse de l’histoire évolutive. Elle affecta 90% des espèces marines. Sur 27 ordres d’insectes connus à l’ère primaire, 8 se sont éteints. Les reptiles disparurent à 78%, et les amphibiens à 67%. Les intenses éruptions volcaniques datées de cette époque, plus particulièrement en Sibérie, seraient responsables de l’extinction.
Remarquons que ces 4 crises de l’ère primaire sont dues à des causes terrestres, géochimiques ou géotectoniques, ayant entraîné une raréfaction de l’oxygène et la libération de produits toxiques pour la biosphère. On n’écarte pas la possibilité d’impacts de géocroiseurs. Deux cratères sont actuellement étudiés, celui d’Alamo au sud est du Nevada, et celui de Woodlengh en Australie occidentale. Les deux appartiennent à l’ère permienne du Primaire.
Au cours de l’ère secondaire, d’une durée de 180 millions d’années, deux (2) extinctions en masse se sont produites.
La première, il y a 215 millions d’années, affecta 75% des espèces marines et des survivants de l’ère primaire. Il y eut un important recul des récifs et des mollusques bivalves. Les vertébrés, tels que les amphibiens et les reptiles herbivores, furent sérieusement atteints. Par contre, les dinosaures et leurs cousins ailés, les ptérosaures (du grec ptera, aile, et saura, lézard) continuaient leur développement. La crise s’est étalée sur 15 millions d’années, un court laps de temps pour un paléontologue !
On pense que les nombreuses éruptions volcaniques de l’époque, principalement au nord-est de l’Amérique du Nord et au Karoo, en Afrique du Sud, seraient responsables de cette catastrophe. Le cratère de Manicouagan, au Québec, témoigne aussi de la collision de la Terre avec un bolide céleste.
La seconde, il y a 65 millions d’années, entraîna la disparition des dinosaures (du grec deinos, terrible, et saura, lézard), qui avaient régné plus de 100 millions d’années sur Terre. Leurs cousins ailés, les ptérosaures, comme le ptéranodon, l’archéoptéryx (du grec arkhaios, ancien, et pteron, aile), se sont éteints. Les reptiles marins, les ichtyosaures (du grec ichthyo, poisson, et saura, lézard), et les plésiosaures (du grec plêsios, voisin, et saura, lézard), furent rayés. Cette crise a duré 1 million d’années.
Il est unanimement admis que la principale cause de cet événement est d’origine extra terrestre; une comète tombée sur la péninsule mexicaine du Yucatan. En témoigne l’important cratère de Chicxulub, enfoui au nord de la péninsule. Une concentration élevée d’iridium, minéral qu’on ne retrouve pas sur Terre, mais dans les comètes et les météorites, a été identifiée dans les terrains sédimentaires de l’époque.