Par Camille Loty Malebranche
Le Verbe est maïeutique car il engendre toujours parmi les interlocuteurs qu’il touche, un univers de sens accouchant d’une perception parturiente de conception. Si le savoir devient connaissance par le partage, le verbe, lui, est instigateur de mondes pour autant que l’idée prise par des interlocuteurs, est compréhension à la fois individuelle et commune, monde idéel et actif, univers abstrait et concret suspendu aux mots.
Le verbe, comme pensée aboutissant à l’idée et conçue intérieurement quoique inédit, est déjà expression intime outrepassant le stade de simple impression, car l’impression n’est guère encore idée conçue comme l’est une parole intraconsciente, non encore dite ou écrite. C’est pourquoi, même au niveau intraliminal (clairement conçu par l'entendement mais non manifesté dans l’extériorité), le verbe - jamais vraiment inédit car inscrit dans le tabulaire de la conscience humaine - peut détruire s’il est mauvais ou servir de catharsis personnelle en contribuant, s’il est bénéfique et selon sa nature et sa puissance, à la rédemption de l’homme! Une fois publié, le verbe est communication publique, échange et compréhension par l’interlocution d’intervenants. Car la compréhension (com-préhension) est communauté dans la saisie globale d’un objet qui signifie. Et, dans cet échange, l’enrichi le plus sûr, est le communicateur qui a enclenché le mouvement par le verbe pour en faire un partage verbal créateur d’univers et générateur de monde.
Ainsi, le verbe, même au niveau de l’homme, a des ressorts démiurgiques en tant qu’il crée toujours un objet de signification même si le sens généré peut être accueilli ou éconduit, débattu ou plébiscité. Le verbe n’est pas immédiateté mais médiateté plurielle que strient les entendements par le questionnement et le jugement avec tous les affects, les prérequis de codes, les projections des significateurs que sont les interlocuteurs qui s’en emparent et l’adaptent selon leur tendance.
Recréer le monde car c’est l’homme qui crée son monde, Inventer un nouveau mode d’être, voilà des dévolus du Verbe lorsqu’il est nouveau et bien pensé. La fécondation du monde social en vue de parturitions multiples et bénéfiques, est un attribut du Verbe dans sa mission fondatrice au cœur de la société.
Le Verbe passe le non être et force l’amorphe par la dynamique que son énergie expressive enclenche dans l’intelligence et la perception des consciences pour lesquelles, il devient parfois conception, mode de vie, espace vivant de penser et d’action, de projection de soi et de vision du monde...
Le VERBE DIVIN a tout créé, le Verbe humain lui ressemble à l’échelle réduite de l’homme où il prolonge une sorte de démiurgie, en tant que pour ceux qui le partagent, à travers la communauté de sens qu’il véhicule, le verbe anticipe et préorchestre une certaine création mentale et agissante du mode d’être de l’individu et de la société…
Le Verbe est maïeutique majeure dans l’évolution de l’Homme car l’ensemble des paroles est déjà un multicosme imposant et vigoureux influençant l’action constructrice des humains. Et, chaque verbe, chaque mot, chaque discours implique une force de parturition potentielle d’une vision, d’un agir téléologique voire d’une entéléchie comme autant de naissances et de renaissances possibles à l’échelle humaine et sociale...
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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