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Par Camille Loty Malebranche

 

Il est deux schèmes du sens, à ne jamais confondre : l’ordinaire qui émane du tangible; le transcendant qui réfère au métaphysique pour l'individu ou à l'organisation politique du destin collectif pour la société.


Le sens ordinaire


Quand j’évoque le tangible et l’idéel, je me retrouve face à trois grandes configurations du sens ordinaire : l’organique ou sens par contact somatique; le logique qui procède tant de l’interprétation des choses et des faits de l’action que de la valeur sémantico-discursive du langage; le sens moral qui juge de la valeur de l’action quant à sa portée bonne ou mauvaise autant dans l'intention qui la sous-tend que dans ses conséquences.

 
Le sens organique tient de la conscience élémentaire que nous permettent les organes des sens, conscience du corps par notre contact sensoriel avec les éléments de l’environnement ou porté à nous par la technologie. C’est un sens informateur le plus souvent psychologiquement neutre, n’impliquant ni action, ni jugement qui engagerait la liberté ou le comportement du sujet.
 
Le sens logique passe par toute démarche de l’entendement en train d’apprendre, d’étudier, de comprendre ou de démontrer, procède par les multiples voies du raisonnement rationnel s’étayant essentiellement par le discursif et les multiples fonctions et emplois du langage voire du métalangage dans leur portée sémantique. Allant des intuitions originaires aux lois, le sens logique est le guide de l’ordre et de l’harmonie selon les différentes modalités possibles de la logique dans un contexte de jugement cognitif.
 
Le sens moral prend ses racines dans le sens logique mais oriente son jugement essentiellement moral au-delà de lui, par l’intime conviction du juste et de l’injuste, du bien et du mal à travers l’orientation déontique du questionnement porté sur l’action. C’est essentiellement le sens lié à l’action et non simplement une modalité de langage comme peut l'être la modalité dite déontique car il finit par définir en quelque sorte le jugement de l'Homme comme sujet pensant et agissant dans telle situation donnée. Le sens moral est, au-delà de l’implication de l’entendement, celui d’une forte participation de l’émotion en ce qu’il met en exergue la justification ou la culpabilisation du sujet agissant ou ayant agi. C’est le sens de la justice ou de son déni, d’évaluation d’un homme dans son rapport à l’axiologie universelle et aux valeurs fondamentales.
 

Le sens transcendant
 
Crise du sens individuel.  
 
Parmi les prérogatives de l’homme, il en est une qui relève de l’insolite de la nature humaine, c’est le jugement ontologique, c’est à dire son positionnement dans l’univers et son orientation vers la fin dernière. Cette projection eschatologique est bien un champ de signifiance où tout se fait dans le rapport que l’homme entretient avec l’être comme statut de présence absolue dont l’homme est une manifestation consciente. Religieuse ou non, la fin de soi perçue par l’homme n’est jamais profane mais transcendante, sacrée avec ou sans Dieu. Conscience finaliste, liberté agissant en direction de la finalité qu’il s’assigne, l’homme affirme quoi qu’il arrive, une définition de soi et une signification de sa fin, sorte de destination de sa vie. Mais, loin s’en faut, cette fin signifiée n’est pas forcément réponse ou destin. Elle peut être béance et balafre de vacuité au bout d’une interrogation inachevée. L’être humain dans la non signification est une conscience qui végète au seuil critique du sens ordinaire et de ses expéditions éphémères des situations de la vie, que des penseurs appellent l’absurde existentiel. L’absurde est donc le tragique existentiel d’un esprit qui erre dans sa quête d’explication logique de ce qui transcende toute logique humaine. C’est l’incapacité de sentir, d’éprouver l’intuition du sens par réduction rationnelle de l’être.
 
C’est précisément la crise du sens transcendant renversé de sa transcendance pour être émietté dans le questionnement incessant, là ou il faudrait tout simplement vivre les vibrations de l’infini sans le verbiage vil d’une philosophie sans balise.    
 

Crise de la conscience collective.
 
La conscience collective est constituée de l’ensemble des repères logiques et moraux de la société. Elle surgit d’abord des mythes fondateurs par quoi la société érige son identité perceptible dans l’ensemble des manières profanes et sacrées, idéelles et actionnelles qui expriment la culture spécifique à chaque groupe humain. La culture est le comportemental extériorisant l’axiologie commune du mental collectif. Cette axiologie est censée répondre aux grandes questions, résoudre aux moins les plus graves problèmes et satisfaire les essentiels besoins de la société. Lorsque les valeurs n’arrivent plus à permettre la gestion rationnelle et imaginaire de la collectivité, on est en présence d’une crise de la conscience collective qu’on peut encore appelée crise de valeurs. Car les valeurs déficientes doivent être revues et leur révision sous-tend souvent un changement de société. La crise sociale survient quand le nouveau heurte l’ancien défectueux qui refuse de disparaître à cause d’intérêts particuliers puissants.  Une société qui traîne ainsi dans la langueur de l’ancien inopérant et l’incapacité du nouveau à s’imposer, risque, dans le cas de pays extrêmement paupérisés, ces pays que nous appelons
infra-ideologiques
, l’implosion; c'est-à-dire un état de chaos à intensité variable qui dure, perdure aussi longtemps que sévit l’inaptitude à refonder axiologiquement la société. Dans l’occurrence de pays puissants et nantis, (comme le cas des Usa en déclin), une déliquescence lente et  inavouée, prend forme et aboutit à de l’agitation morbide, du bellicisme multiplié, de la manipulation médiatique exponentielle, de l’austérité économique imposée aux plus pauvres et de la violence répressive policière voire militaire contre tout mouvement de protestation pacifique du peuple, tout en donnant l’impression que tout se règle voire marche bien. Une autre forme de la crise culturelle des sociétés et de la civilisation, c’est l’encanaillement des mœurs. La prédominance de l’indécence et la primauté de la médiocrité dans un simplisme faraud exhibant ses conquêtes dans l’ironie de l’intelligence, lorsque désorientée, pervertie par son establishment, la société choisit de débiliter ses ressortissants afin de mieux les contrôler. Et quand cela provient de pays qui sont des puissances médiatiques et économiques influençant le monde, il entraîne une crise de civilisation.
 
Pour les pays pauvres comme pour les nantis, une crise de sens ne se résorbe que si la société parvient à l’explosion-révolution ou la réorientation qui fait sauter le verrou de l’ancien morbide pour un nouveau dûment envisagé et planifié. Cela exigera de toutes manières, un réajustement des fondements politiques et économiques, éthico-institutionnels, bref, axiologiques de la société. 
 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2016

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Tag(s) : #Monde du Concept
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