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Par Camille Loty Malebranche 

 

Tout savoir est action intérieure ou extérieure pour le sachant, même si tout savoir n’est nullement voué à fabriquer. Le savoir est avant tout théorétique c'est-à-dire circularité en tant qu’il est retour réflexif sur soi, puis, téléologique parce que se projetant sur son but qu’il cible par le questionnement et l’expérimentation, car la recherche n’est que le questionnement actif des êtres et choses…

 

L’une des missions essentielles de l’esprit est l’ouverture lucide à la communication et la réceptivité du savoir. Celui-ci doit être envisagé sans discrimination, dans tous ses faciès: de l’apport de l’empirie à la manifestation de l’intuition, en passant par l’objectivation grâce à des instruments d’observation et de mensuration dans la recherche positive de la raison pour saisir les lois pérennes des choses. Le savoir est à schèmes divers et non seulement scientifique. La représentation du monde par les mythes, les religions, la théologie renvoie à des schèmes non scientifiques dont il faut tirer partie sans superstition, sans fanatisme ni préjugé pour interroger et tenter de comprendre l’univers, le monde, le mystère de l’être, la place de l’homme en interaction avec tout cela.

 

La connaissance est le devenir du savoir par le partage. Comme nous l’avons dit ailleurs, la préhension commune du savoir orchestre donc une naissance collective à la vérité découverte ou révélée et permet l’éveil à la vérité acquise comme patrimoine de l’humanité. Par le partage orchestrant son devenir en connaissance humaine, le savoir constitue le moteur de l’évolution globale de l’humanité, qui permet le progrès de l’espèce. Le connaissable, tout le connaissable, n’est possible que par une sorte de présavoir que porte l’entendement de l’homme sinon il n’y aurait pas d’apprentissage car tout serait en soi révélé, de même qu’il n’y aurait pas d’inconnaissable ici-bas, c'est-à-dire des domaines que seul un sujet peut éprouver et comprendre en son intériorité sans pouvoir en faire un savoir partagé, une connaissance. Remarquez qu'il est une différence ténue entre le non savoir et l'inconnaissable car le non savoir réfère au non encore su à cause d'un stade non encore atteint par l'humanité ou à cause de l'inaccessibilité même de tel étant ou domaine d'étants aux voies et moyens de l'entendement humain. L'inconnaissable quant à lui, tient souvent des choses sues en deçà et au-delà du transmissible et des méthodologies didactiques. C’est que notre entendement est programmé d’avance pour savoir selon plusieurs champs et accès. C’est cela en fait le présavoir qui se manifestera tant par l’intuition, la raison, la recherche scientifique, la révélation spirituelle. Dans un contexte d’ignorance générale où le savoir est l’exception, l’humilité de l’homme tant comme espèce que comme individu, doit apprendre à s’éveiller à toutes les formes possibles de la découverte et de la révélation des êtres et de l’être pour croître en intelligence et aller vers ce qui est la fin ultime de tout savoir, l’Amélioration de soi.

 

L’ignorance est l’état naturel de l’homme, un état à combattre par l’acquisition du savoir. La sottise, l’imbécillité, par leur posture de non sens, sont coupables parce que constituant deux attitudes indécentes face à la vocation de savoir qui est celle de l’homme. L’homme porte naturellement des intuitions innées à côté des instincts de son corps animal. L’intuition est perception forte d’un intangible mais pas un savoir.  Ce n’est pas un savoir car le savoir passe par l’apprentissage. C’est soit un soubassement qui porte à la recherche et à l’exploration épistémique, soit une révélation ontologique communiquée au subconscient de l’homme. 

 

Ainsi l’intuition est en quelque sorte, une propédeutique innée au savoir. Et c’est sans doute pourquoi, seul l’homme cherche à savoir, seul l’homme tient à s’ajouter à la nature comme supranature, seul l’homme adjoint sa culture à la nature. Seul l’homme est culturophore.

 

Ignorants, Sots et Imbéciles

 

Il est essentiel de saisir que l’ignorant normal est l’homme tel qu’il vient au monde et que seuls sont à conspuer le sot et l’imbécile car ce sont des ignorants volontaires de leur ignorance, cultivant l’ignorance; des sortes d’insensés indignes de l’intelligence naturelle par leur complaisance délétère, leur malsaine volition acharnée contre l’apprentissage. Deux types de dénaturés cognitifs. Commençons notre décantation par l’ignorant normal.

 

Lignorant

 

L’ignorant normal, celui qui repousse sans cesse les limites de son ignorance par la recherche et l’étude ininterrompue, est l’homme perfectible en évolution. Il ne se contente jamais de savoir il cherche toujours à approfondir. Et, parmi les savoirs qui l’interpellent, ceux de la vérité de son être, le savoir qu’il a de son humanité pour mieux assumer sa nature. L’ignorant normal ne rejette aucune forme de savoir par préjugé d’époque ou scientisme de voyous cravatés articulateurs de dogmes épistémiques, voulant réduire le monde et le savoir à une seule dimension soi disant « scientifique ». Il ignore les indigestions intumescentes, pétantes de ceux qui voudraient s’imposer rois et maîtres du savoir par une idéologie complexée de la connaissance subvertissant la gnoséologie et dénaturant le savoir qu’ils limitent à une soi disant science positive figée dans des méthodes compassées et une obsession de preuves auxquelles même leur science a du mal à correspondre. L’ignorant normal sait que tout champ de savoir doit être envisagé dans cette masse de noirceur que demeure l’être, vu le si peu de lueur que nous avons de ce qui est! Ainsi, ni l’intuition, ni la raison, ni la recherche ni la preuve ne se contredisent parce que mises à contribution pour tenter d’interroger l’être et ses innombrables incommensurables dimensions et étants.

L’ignorant est le non sachant qui veut savoir et qui guette partout l’occasion d’apprendre.

 

Le sot

 

La sottise n’est pas la simple ignorance naturelle mais l’ignorance aggravée d’une négligence marquée face à la nécessité de chercher le savoir. Le sot est donc l’ignorant qui n’a point conscience de la nécessité de savoir, qui n’en éprouve pas le besoin. C’est un ignorant qui, sans être de mauvaise foi, car cette dernière est consciente, se fait complaisant par passivité intellectuelle avec son état de non sachant. Le cas du sot est donc très difficile à résoudre pour ne pas dire insoluble, puisque sans la volonté d’apprendre, sans l’élan de la curiosité que j’appellerai gnosique, nul n’apprendra grand-chose. Il existe chez tout homme un tant soit peu équilibré, au moins cette appétence du savoir. Qui ne l’a naturellement ou le perd sous l’influence d’une idéologie d’abêtissement comme c’est souvent le cas en notre démocratie de demeurés, est un sot. 

 

L’imbécile

 

L’imbécile, cet insensé programmé et utilisé par les lieux communs du convenu social, est le pire des trois types de non sachant. Il a appris par chœur et il est certain que c’est cela le savoir, il a des idées arrêtées en tout, il est complexé et joue à l’arrogant en face du vrai savoir. Il croit avoir toute la vérité et comprendre tout ce qui est, et de fait, il est heureux de ses stéréotypes et prompt à divulguer comme des dogmes, les vocables et mantras automatiques de l’ordre qui le meut. Bête jusqu’à la lie de la bêtise, il est souvent irrécupérable parce qu’incapable de se sentir ignorant, il juge et accuse avec les pires préjugés sociaux de classe ou de caste tous ceux qui s’efforcent à rechercher, interroger et apprendre. Car le but de l’imbécile n’est pas d’apprendre mais de faire semblant de savoir avec son peu de culture et de satisfaire à ses besoins d’esbroufe parmi ses pairs.    

 

Épilogue-Clausule...

 

Il faut remarquer qu’il existe une curiosité simplement gnosique propre à tous et une curiosité heuristique que possèdent les protagonistes savants de la découverte, de l’invention et de la création. Nous devons ici préciser que de notre point de vue, la curiosité gnosique ne relève pas de la gnosie, n'est pas épicritique, mais tient plutôt de la gnose que nous considérons comme la conscience qui sait par la perception tant extérieure qu'intérieure et qui est ouverte au savoir. Force est de préciser également, ici, que le scientisme, le rationalisme, le scepticisme (termes sur lesquels je reviendrai), constituent des sortes de dénaturation de la faculté d’apprendre puisqu’ils réduisent à des clichés, l’immensité de l’être dont le questionnement ou la révélation sont les sources de tout savoir.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2016

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