Par Camille Loty Malebranche
Mathieu 6 versets 9 à 11 - (Trois versets christiques de la double affirmation à la fois de l'origine créatrice et de la parentalité Yahvéennes pour l'Homme de Foi)...
9 Voici donc comment vous devez prier: Notre Père qui es aux cieux! Que ton nom soit sanctifié;
10 que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
11 Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien;
Après avoir proclamé la primauté de Dieu et sa proximité comme Père de l'homme croyant, Jésus nous dit de le prier pour nos besoins de subsistance temporelle. Le spirituel qui nous dit implicitement que nous sommes esprits à l'image de Dieu, nous enjoint d'être dans la cohérence avec notre propre essence de nature avant de passer aux choses périssables. Il s'agit de servir Dieu en lui donnant la première place reconnaissant que pour nous, il est maître de notre être qui vient de lui. Sanctifier Dieu en lui reconnaissant son statut exclusif de divinité tout en ayant conscience de son amour fidèle et de sa présence avec nous quand nous croyons en lui.
Le pain quotidien, quant à lui, réfère à tout ce qui fait nécessité dans la vie de l’homme. Le vocable de pain, sans être polysémique est donc plurivoque et, parmi cette plurivocité qui réfère à diverses formes de nourritures, la nourriture suprême parce que non seulement spirituelle mais aussi part ontologique de l’être de mystère qu’est Dieu, considérée comme dimension consciente et active (hypostase divine), c'est-à-dire dimension divine exécutant les œuvres de Dieu car manifestation même de l’être de Dieu que Dieu donne aux siens, c’est le Paraclet qui pourvoit l’homme de foi, de tous les nutriments spirituels et lui procure la faculté d’assimiler en le vivant, le mystère de Dieu présent en lui comme par un métabolisme métaphysique des vérités divines. Sans le Paraclet, l’homme, esprit incarné, privé de la saisie du soi intérieur qui est esprit, dans le corps terreux de son être au monde, ne saurait sentir ni vivre le divin.
Le Christ nous parle donc de pain pour évoquer le viatique pluriel multiforme tant spirituel que temporel de l’homme dans le cours de cette vie qui n’est jamais qu’un voyage de l’étant humain vers ses possibles, ses au-delà du monde. Car l’homme est un appelé du ciel cheminant dans la poussière des finitudes terrestres. Le Christ nous dit par cet étalon d’adoration et d’imploration, que Dieu prend soin de la vie globale de l’homme. Le Christ qui a dit, ailleurs, que « l’homme ne vit pas que de pain mais aussi de toute parole de Dieu », a toujours pris en compte toutes les dimensions humaines où il a constamment signifié le primat de l'esprit. En tant qu’esprit, l’être humain est conçu avec ce qui est nécessaire pour qu’il évolue selon sa nature intérieure: l’intuition profonde de son essence immatérielle, l’appel de l’éternité, la projection vers une fin et, pour ainsi dire, un sens immanent de la transcendance. Côté corps, la planète terre est spécialement adaptée à l’homme et à la domination humaine où l’intelligence et le corps spécialement moulé de l’humain le font primer toutes les créatures.
C’est pour rappeler à l’homme d’être conscient de cette origine de créature divine appelée à vivre selon l’esprit en fils de Dieu, par delà la chair et le sang, que le Christ enjoint l’homme de foi ayant accueilli la rédemption, de parler à Dieu en l’appelant Père comme pour marquer l’assumation de l’essence spirituelle malgré les platitudes situationnelles de la chair et de cette vie en général.
C’est pourquoi la satisfaction de nos besoins corporels, matériels doit toujours être perçue comme marchepied et tremplin pour notre essor spirituel. La vie sociale et ses exigences, ces trappes des contingences temporelles sous les pieds de l’esprit, sont présentées et remises à Dieu, le Père qui doit toujours avoir préséance en tout et qui de fait, entretient les rachetés, ces nés de la seconde naissance, ces hommes selon l’esprit, qui se reconnaissent ses fils. Mis à part tous les dons communs de la Création, Dieu prend soin individuellement de chacun des siens. Et c’est pourquoi le Notre Père nous est suggéré en schéma de prière totale. Mais l’idée du « pain de ce jour » révèle aussi l’immédiateté du besoin et la ponctualité de sa satisfaction par l’exaucement. Néanmoins, l’homme, passager ici-bas, ne devrait point, au stade personnel, se faire de leurre quant à la possession de biens matériels. S’il possède beaucoup, sa dignité consistera à ne jamais faire de l’accumulation un mode de rapport aux choses de cette vie et ensuite, par lucidité métaphysique, il doit désapprendre, rejeter toute forme de matérialisme économique où les déchus de la déviance sociale, les taupes somatiques, esclaves du charnel psychologique ne cessent bêtement d’essentialiser le matériel. Car l’égoïsme, tare coutumière et endémique aux sociétés humaines ne cesse jamais d’essentialiser le matériel. Hélas! Nous sommes dans une civilisation d’égarés du sensible qui essentialisent l’avoir au point d’en faire une divinité dispensatrice d’être, par quoi les néants ambulants de cette terre croient puiser importance et substance comme happés par l’abysse flottant du paraître!
L’omnipotence divine écarte aussi les contingences désastreuses des effondrements de sens, ces égarements qui menacent tout homme dans ce monde de confusion. Car le pain quotidien de la sagesse que Dieu dispense par le biais de son Paraclet, nourrit l’esprit des vérités salvifiques qui assignent le temporel matériel et social au rang de moyens qu’ils sont, au service de la prépondérance spirituelle où la seule nécessité ontohumaine qui soit, est de vivre l’intériorité subconsciente avec Dieu.
Dans le désert déroutant de cette terre où la grisaille affuble si vite les horizons de la brume des absurdités immédiates, seul le pain spirituel du Paraclet que le Père procure aux siens peut nourrir la clarté du sens au fond de l’esprit. Le pain de chaque jour, pain de la foi est aussi garant du pain proprement dit, la nourriture du corps, car celui qui a Dieu et que Dieu nourrit de Foi par le Paraclet, est toujours soutenu en cas de besoins et de disette. Et, le Dieu qui « donne à manger aux oiseaux et habille pompeusement la végétation qu’il drape de fleurs et de beauté », ainsi que le dit le Christ enjoignant les disciples de ne jamais s’inquiéter du matériel et du lendemain, porte ponctuellement secours aux siens dans les manques de toutes sortes, tant pour leur esprit que pour leur corps.
Le bond vers le sens supérieur pressenti et perçu dans l’intuition irrépressible du soi, s’alimente des mains nourricières du Créateur que le Christ nous révèle et désigne expressément du nom de Père. Ici, toutes les spéculations de la psychanalyse sur le ou les noms du père présenté soit comme manque soit comme autorité phagocytante à dépasser, s’estompent pour laisser vivre le mystère de la nature spirituelle qui vient de l’Esprit originel ayant engendré l’homme esprit, avant de l'incarner en lui créant un corps pour l’épreuve de passage charnel exigible à l’évolution spirituelle.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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