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Par Camille Loty Malebranche
 

 

Hormis le doute méthodique confiné dans l’analyse des faits et choses à juger et le refus de dogme dans le monde analytique des faits tangibles du social et de la nature - que nous n’aborderons point dans ce texte - il est un doute que j’appellerai égologique, une sorte de pathologie de celui qui ne peut rien penser ni entreprendre par lui-même tant il doute de soi et le doute ontologique qui tient du nihilisme métaphysique propre aux différents courants de scepticisme. 
 
 
Les institutions sociales, des églises aux administrations, connaissent et redoutent tellement la puissance de l’homme pensant et agissant mûrement par lui-même et qui ne doute de soi, qu’elles n’ont de cesse de faire croire aux hommes qu’ils sont nuls, inaptes à penser par eux-mêmes loin des creusets idéologiques établis et que seules les institutions sont naturellement voire métaphysiquement habilitées à leur dicter le comportement idoine.
 
 
L’homme est, par essence et mission, forgeur du devenir. Agissant praxique, assumateur de son savoir et décideur par l’initiative cogito-proactive où il affirme son être. Et sa vision qui mesure l’existence et se la représente, doit à la fois penser et chosir-établir les valeurs selon lesquelles, il veut agir et où il voit son but existentiel à atteindre dans le cheminement du devenir permanent qu’il est. D’où la réussite - si vantée avec tant de vulgarités stéréotypées dans l’idéologie de la croissance personnelle en notre temps d’imbécillités théorisées et médiatisées - est plurielle, variable selon l’axiologie personnelle des humains. Dans cette perspective, le doute est l’ennemi de l’homme qu’il transforme en ombre ambulante d’autrui, trace de limace de tout courant dominant, par manque de confiance en soi et inaptitude à se fonder une vision et des valeurs à assumer.  
 
Le doute égologique d’un sujet pensant et agissant - parce que vecteur de crainte et de peur - est comme une programmation patibulaire pour l’insignifiance et la banalisation de soi. Un homme qui doute de soi, est une ombre simiesque d’autrui, un jouet pour qui veut l’utiliser. Un homme qui doute sans cesse, bascule fatalement dans l’attentisme où il guette en esclave sans initiative, le mot ou le geste d’autrui pour marcher en suiviste servile. Dans l’existence courante, au cœur du profane et de sa grisaille quotidienne dite réalité, le doute est destruction maléfique de la confiance en soi, déstabilisation empêchant la fécondation des forces mentales productives et aliénation de la puissance naturelle du sujet pensant et agissant. Le dubitatif égologique, dans l’action profane, va en se bloquant lui-même par la pensée de l’échec et de l’incapacité où il voit bêtement dans le non aboutissement social matériel, le fiasco de son existence réduite à la matérialité et l’économique. Se percevant inapte, il en arrive à perdre toute volonté vraie de vaincre et de gagner à force d’écouter les monstres dénaturants du monde qui ne manquent jamais de chercher à détruire en tout homme né ici-bas, les potentiels pyramidaux de la nature humaine. Le doute fonce comme une fosse sous les pas de l’agissant qui se trucide mentalement et égruge son action par la peur d’échouer et la crainte du jugement d’autrui.
 
 
Le dubitatif égologique est donc un vide mouvant singeant l’être, qui attend que l’autre le remplisse selon les choix que cet autre fait pour lui et de lui. Un traînard qui doit être poussé pour faire ce qu’on lui dicte. Un amorphe morbide d’un amorphisme pathologique au tempérament liquide que n’importe qui voire n’importe quoi moule pour des usages. 
 
 
Au plan otologique, dans le rapport à soi et à l’être, le doute est cécité spirituelle, dépourvue de l’intuition immanente de l’esprit pour voir la détermination transcendante de l’univers et des êtres dont il relève au moment même où il doute. Vecteur de mort privant l’homme du contact avec Dieu et de la vie de l’esprit, le doute est suicide par antispiritualité et négation de l’essence à la fois supracosmique et humaine du Créateur et de la vérité intérieure de la nature immatérielle de l’homme. Le dubitatif ontologique, dans son scepticisme, élabore des baragouins blasphémateurs et patauge dans l’accusation de Dieu selon le complexe d’abandon que Piaget appelle à raison, le complexe de Caïn. Là où le dubitatif critique analysant le monde des choses et situations, manifeste une fonction normale de l’entendement, le dubitatif ontologique est l’insensé incarné qui erre dans le doute radical et nihiliste au point de se percevoir lui-même un néant habillé d’apparence sans présence ni substance qui attend d’être effacé. C’est normal, dans une telle occurrence de négation de soi et de dénégation de la nature humaine par l’homme, que tout sceptique soit voué à la mort éternelle parce que jamais né d’esprit donc n’existant que virtuellement sans se réaliser vivant. De fait, le rejeton du doute ontologique ne meurt pas, car pour mourir, il faut être vivant ou avoir vécu. C’est plutôt un néant, une présence absente qui n’existe tout simplement pas en tant qu’Esprit, simple animal mortel qu’il est tel qu’il se voit en sa finitude organique qu’il considère indépassable. "Il vous sera fait, comme vous le croyez" dit le Christ; de fait, l’homme est ce qu'il se voit être en son for intérieur.  
 
Apprendre à affirmer le soi en cultivant le pouvoir mental par la force du caractère est l’arme de la victoire face au doute égologique.
 
Oser manifester, développer le soi spirituel par la prière et la méditation en travaillant son intériorité subconsciente, tout en affirmant avec pleine conscience, la confiance en soi et la certitude en l’omnipotence toujours bienfaisante de Dieu, voilà le sceptre à la fois arme et armure de la victoire de la Foi et de la Spiritualité dans un monde morbidement matérialiste, cloîtré dans la prison sordide du sensible propre au doute ontologique. 
 
 
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
 

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Tag(s) : #Monde du Concept
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