Par Camille Loty Malebranche
Le cœur, au sens spirituel et poétique, réfère à la capacité d’affect de l’humain, à la conscience spirituelle du sentiment et de la sensibilité. Le cœur spirituel et poétique est le centre des profondeurs et hauteurs du sentir humain et de son expression.
Le cœur est un vocable ubiquitaire dans le langage de la poésie et de la spiritualité. Langage fondamental de la sensibilité qui prime et module la raison et l’action. Quand le spirituel et le poétique disent « cœur » ils se calquent sur l’importance vitale du cœur organique dont les battements sont garants de la vie du corps nourri par lui d’oxygène et de tous les nutriments véhiculés par le sang pompé du cœur dont les palpitations sont dispensatrices de vie. Nous savons tous ce qu’il en est de conséquence d’un dysfonctionnement du cœur physique! Puisse Dieu garder tous ceux qui lisent ce billet de la moindre anomalie affectant cet inlassable palpitant de nos thorax!
Le cœur de la spiritualité et de la poésie est donc par évocation analogique, le centre nourricier de la vie de l’esprit dans sa conscience sentimentale. Nous sommes dans une occurrence comparative de l’idée de vie comme hyperonymie du vivant et du vital. Le cœur physique doit battre, ses battements sont signe de vie (preuve que l’organisme concerné est vivant), son fonctionnement est indispensable à la vie (ce qui en fait un organe vital majeur).
Le cœur, au sens spirituel et poétique, désigne la capacité d’affect de l’humain, la conscience spirituelle du sentiment et de la sensibilité qui font de l’être humain un être de sentir au-delà des sens, que meuvent des sentiments et une sensibilité rationnelle et surrationnelle. C’est à la fois, la dimension sentimentale globale de l’homme, sa sensibilité affective perçues dans l’intentionnalité esthétique c'est-à-dire sentante éprouvante de l’esprit. De sorte que l’homme sans ce cœur en action, battant pour l’autre, comme ouverture à l’Amour divin et au partage humain, ne serait que machine organique sans aucun sentiment ni sensibilité, un vulgaire sous-animal fonctionnel selon un cerveau biomécanique programmé, agissant et réagissant par instinct-besoin à assouvir.
L’homme sans cœur, expression courante mais jamais indolente de la langue, réfère donc au sentimentalement mort.
Par les vocables « Homme de cœur », « homme sans cœur » le langage commun nous livre l’indubitable preuve que la nature humaine, essentiellement spirituelle, perçoit intuitivement sa vocation-destin d’Amour comme appel intérieur et but existentiel de l’être humain. Dans l’empirie intuitive de ses profondeurs, chaque humain sait, même quand il le trahit, que son être est élan d’Amour qui ne se brime qu’en souffrant et faisant souffrir. L’Amour (Agapè) de Dieu, à la fois Tout Autre et Père, c'est-à-dire éminemment Semblable en tant qu’Esprit originel comme le signifie la révélation de l’Imago Dei; et l’amour plural de l’autre semblable selon ses modalités de parentalité, de fraternité, d’amitié, de passion amoureuse - ce qui réfère aux lemmes étymologiques grecs (Storgê, Philia, Éros,) - sont les socles de l’essor de l’humanité passant du latent à la plénitude de son entéléchie patente.
Le cœur qui vit, est tremplin d’Amour, le cœur qui commence à ne pas aimer est en péril car anormal, un peu comme le cœur physique atteint d’anomalie qui rend la vie du corps pénible quand tout simplement, l’anomalie avérée ou non, n’en entraîne la mort! Le cœur sans Amour rend l’homme anormalement vil, crapuleusement calculateur manipulateur et méchant sous la dictée de courants néfastes et de pulsions immondes qu’il choisit de suivre.
Le cœur insensible au bien, au juste, au beau, est un torchon putride dont la saleté se répand mortellement, impliquant souffrances et misères par l’action, comme celle de nos politiciens et financiers dans leur politiques imposées au mépris de toute humanité dans le plus spectral des égoïsmes et frénésies sociales de classe d’appartenance ou courtisée avec complexe et servilité et selon la flagornerie à l’égard des oligarques.
Le cœur qui hait, est déjà mort à lui-même et à l’humanité.
Les voies normales sentimentales du cœur sont celles du bien, d’où l’exigence du combat contre le mal par l’homme de cœur. Comme naturellement, l’on hait la mort et proclame la vie quand on est normal, l’homme de cœur est l’ennemi pugnace du mal et de l’injustice, ces monstres de haine, qu’il pourfend tant par le renoncement à la jouissance de l’iniquité que par toutes les saintes et humaines violences de l’Amour qui n’est jamais passivité mais Force active du bien comme gratitude à Dieu dont l’Amour est raison fondamentale, cause première démiurgique de la Création dont nous relevons spécifiquement. L’amour humain est aussi contribution à la vie et aux stades atteignables du bonheur dans un monde où bien de maux évitables sévissent simplement par manque et refus d’un peu d’amour.
L’homme sans cœur se perçoit lui-même comme un triste objet de la réussite sociale qui se passe de l’humain. L’homme sans cœur conçoit sa propre existence de manière mécaniste, et sa vie est amas de débris des machinalités fonctionnelles du pragmatisme imbécile et froid, des résultats à atteindre sans nulle autre considération d’autrui que celle provenant de sa lorgnette aveugle de rebut d’égoïsme complexé. Incapable d’aimer, il se rabat idiotement sur la « gloire », le « statut social » selon sa morne vérité de rejet pur et simple de la misère du vide qu'il est, misère qui le ronge et dévore impitoyablement son être vil, miséreux. Misère ontologique, infrabestialité pernicieuse et vacuité si crasse, si morbide où le pitoyable importun sans cœur, sans amour, fuyant sa propre conscience, crâne en brandissant l’importance par l’avoir et l’influence sociale, là où la bête la plus infecte, à lui comparée, fait figure régalienne de grandeur…
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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