Par Camille Loty Malebranche
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Rencontrer, quand la rencontre est véritable, c’est se mettre en route vers un autrui jugé digne de la vérité de ce qu’on est et lui faire part de soi dans l’expression de soi. C’est donc la communication de l’ipséité dynamique dans la chaleur du partage. La seule rencontre possible est ontologique, c'est-à-dire en deçà et au-delà de toute intrusion des codes sociaux idéologiques. Elle se fait de l’humain à l'humain à partir de l’esprit, c’est donc une démarche supra-individuelle, transpersonnelle pour une interipséité.
Dans une société de masques et de gesticulation dans le vide égoïtaire où les soi disant « ego » ne sont que des choses moulées de l’ordre socioéconomique, il n’y a pas de rencontres humaines, sauf, bien entendu, entre humains exceptionnels se construisant l’humanité et conscients de leur statut de personne. Dans la société immonde, inhumaine et gesticulatrice des gigoteurs de l’apparence et du mimétisme où tous mentent à tous et où l’interlocuteur est souvent une misère mentale ambulante, une antipathie errante incarnée qui cherche à me piéger et à me dénigrer, il est presque impossible de prétendre rencontrer.
La rencontre humaine ne se fait qu’au stade ontologique et dans le but d’un enrichissement réciproque selon l’être. Sinon ce n’est qu’injonction des pitreries systémiques que trimbalent des altérités restées morbides en leur programmation selon l’ordre social malsain où tous sont en fait contre tous, cherchant à s’utiliser les uns les autres à l’image des minorités du pouvoir, dans l’hypocrisie des rictus jetés en guise de sourires et d’une moralité macabre d’utilisation d’autrui comme moyen. La rencontre en cette occurrence d’insanité, où l’autre n’est pas la fin du rencontrer, est projection toxique de l’individu possédé par les démons idéologiques des mensonges sociaux convenus dilués dans la consommation, l’assimilation maniérée de classe. C’est toujours de l’égocentrisme nourri des miasmes du social corrupteur qui assouvit ses bêtises ingurgitées de la malformation égoïtaire de l’individu sur l’autre individu prédéfini par lui à travers des codes qu’il croit siens, mais où il est en fait esclave inconscient sous-produit de la société corruptrice. C’est pourquoi les relations humaines sont rarement saines dans une société où seules prévalent les émanations et liens invisibles des codes du fonctionnement systémique. À moins de dépasser les scories putrides de la projection sociale en lui, l’individu, cloisonné dans son individualité socialement façonnée en ego monstrueux, est un mur mouvant où l’autre qui le croit capable de partage et de rencontre, risque de s’écraser.
La Pentecôte nous montre, par la transcendance de la langue et la restitution de la communication perdue à Babel, à quel point la communication est chose d’esprit avant d’être code, celui-ci fût-il linguistique, et la rencontre, partage selon l’esprit sinon gageure plurielle qui désempare; agression, promiscuité et incompréhension qui fait mal à autrui. C’était cela déjà, l’imbroglio de Babel, que répètent sans cesse les ombres, dépouilles déshumanisées de l'incommunication morbide, ombres agitées dans les méandres sociaux dénaturants. Quand l’homme s’enferme dans les fausses tours babéliques de grandeur et de factice élévation, hors du soi à construire, toutes ses expressions sont émanations de mensonge existentiel, mensonge et antithèse du partage qui est vérité naissant de l’essence de soi.
La rencontre n’est possible qu’entre des ipséités évoluées, par delà les limites de l’individuation phylétique et de l’égoïté sociale, parvenues à un certain stade de conscience de soi, stade de construction de soi en route vers leur statut de personne; stade donc de partage au niveau de l’être spirituel commun en train de se construire. Là, l’interipséité que constitue toute vraie rencontre, est possible et saine parce que enrichissante entre esprits en évolution dans la vérité de l’homme ennaturé.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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