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Par Camille Loty Malebranche

 

 

 
La seule acception pertinente de l’obéissance, est celle de la soumission rationnelle et intelligente à des principes justes qui déterminent contextuellement un domaine d’action ou un état de la condition humaine. C’est donc toujours à la justesse logique et morale d’un cadre principiel que l’esprit libre et éclairé obéit. L’on comprend alors que l’obéissance, de par sa lucidité, son exigence de vérité et de justice ne saurait s’accommoder des aberrations de l’autorité sociale qui inflige ses diktats à coups de manipulation, d’essentialisation de soi et de mystification du pouvoir.
 
Au stade métaphysique, l’obéissance est harmonisation avec la nature spirituelle assumée. C’est précisément ce que nous appelons l’ennaturation. C’est donc la cohérence intérieure de l’homme conscient de son essence spirituelle.
 
L’obéissance à la nature proprement dite - cet englobant de tous les éléments cosmiques et écologiques, avec ses propriétés physiques et chimiques dont notre corps dépend - est elle-même imposée et inviolable, ne pouvant être contournée qu’en étant dûment prise en compte: aucun plongeur ne s’aviserait de descendre dans les fonds marins sans oxygène. Ici, Bacon a totalement raison «  on ne soumet la nature qu’en lui obéissant ». C’est que l’obéissance est en fait une soumission à la logique du sens opérant dans un domaine, régnant sur un contexte. Néanmoins, l’obéissance face à la nature est selon l’immanence du fonctionnement organique, une obéissance qui, également, implique le strict respect du corps contre tout usage contrenature en tant que le corps de l’homme est un organisme naturel; ce qui, en aucun cas, ne peut être transposé au social, domaine de convention, donc de la transcendance culturelle et structurelle du sens inventé. 
 
Bien entendu, il est des lois sensées dont la violation est vraiment destructrice et mérite la criminalisation. Le cas des violations des règles de la circulation automobile est un exemple clair de ce que nous disons. Ainsi, au niveau social, nous avons un sens logico-rationnel et un sens idéologique. Le sens logico-rationnel ne peut être violé sans provoquer ou risquer de provoquer de graves préjudices au violateur et à autrui, c’est donc un bien fondé auquel l’individu en société doit obéir, alors que le sens idéologique est celui de la politique appliquée. Quand ladite politique appliquée est subterfuge de domination dans les rapports de classe et de pouvoir oligarchique, comme c’est le cas presque partout au monde, c’est donc un sens arbitraire, artificiellement essentialisé pour permettre aux uns, très minoritaires, de soumettre les autres et d’en faire des échelons de leurs intérêts mesquins. Là, les majorités doivent choisir soit de désobéir soit de consentir à être complices voire choses de leurs prétendues élites.        
 
Dans le fonctionnement social qui génère les rapports économiques et de classe, l’obéissance ne peut être imposée comme un principe immuable. L’obéissance sociale érigée principielle pour les masses, est toujours tyrannique et servile au profit de l’enrichissement et du règne de quelques-uns. Le principe d’obéissance est de rationalité biaisée et prédatrice, parce que mythe idéologique essentialisant qui propulse les accapareurs des biens communs de l’humanité en ayant droit naturels, voire, en seigneurs divins des vies et des biens. L’obéissance infligée et acceptée dans les rapports économiques de classe, est abjecte, déshumanisante. Le seul mode de rapport digne qui puisse être préconisé en société dans les activités économiques, est le principe d’une collaboration lucide des citoyens, collaboration fondée sur la justice sociale à partir de l’établissement démocratique d’un système respectueux de l’homme qui y prime tous les intérêts particuliers de classe, de caste et de groupe.  
 
En cas d’injustice sociale, quelle que soit l’immensité des superstructures par lesquelles les oligarques tentent de circonvenir l’orgueil collectif par le gigantisme des symboles, la seule réponse humaine, l’unique réplique digne des majorités doit être: Nous désobéissons car nous sommes des hommes; Nous refusons car le vrai pouvoir, le seul pouvoir social qui soit, est le nôtre! 
 
Pour les peuples pris au piège des manigances du capital et de la finance qui asservissent, désobéir c’est devenir, c’est prendre possession de soi, devenir soi pour la pleine planification de ses propres perspectives.
 
Pour tous les peuples faits marchepieds d’oligarchies comme à peu près partout où le capitalisme sévit, le cri révolté et révolutionnaire doit être : 
Concertons-nous et Désobéissons pour qu’enfin, nous Soyons!
 
Nous Désobéissons donc Nous Devenons. 
 
 
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
 

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Tag(s) : #Monde du Concept
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