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Par Camille Loty Malebranche

 

L’ontologie humaine directe ou indirecte c'est-à-dire toute anthropologie évoquant les choses et idées découlant de la présence et de l’activité humaine, est naturellement anthropocentrique ne serait-ce que par la démarche heuristique de l’étude qu’elle sous-tend, dont l’homme est nécessairement le centre en tant qu’initiateur, sujet apprenant et connaissant, objet du savoir mis au point. Ainsi, par sa focalisation sur le sens de l’aventure humaine, nous pouvons dire que le summum ontohumain de l’anthropocentrisme, c’est la métaphysique.  

 

L’anthropocentrisme métaphysique voit l’homme comme un être transcendant qui vit au monde, appartient à la fois à la nature et à une mystérieuse sphère supranaturelle, incernable que le phénomène humain montre par son extension au-delà de l’organique, où il se révèle nature singulière et complexe. Nature culturophore et téléologique qui sent un destin et affirme cette chose éminemment propre à lui, le sens. L’anthropocentrisme métaphysique aménage donc une place spéciale pour l’interrogation de cette espèce unique parmi toutes les espèces, de cet être supraphylétique qu’aucune étude quelque exhaustive d’aucune autre espèce du phylum des primates ou de tous les phyla, ne saurait permettre de comprendre quant à son essor mental plural et ses facultés abstractives.

 

Le drame de l’anthropocentrisme est de basculer dans l’anthropolâtrie humaniste. L’erreur des humanismes, c’est qu’ils placent l’homme sur un piédestal axiologique qu’ils considèrent allant de soi, après avoir constaté son exceptionnalité taxinomique, son insolite nature porteuse d’attributs inimaginables, impensables parmi tous les règnes vivants. Mais, ô que non! L’insolite fascinant de son essence par ses facultés et attributs tenant du miracle et du mystère en certains cas, ne fait pas de l’homme un être mentalement noble ni moralement digne. Les attributs catégoriels de cette espèce n’entraînent guère nécessairement l’élévation mentale et comportementale. Il n’y a pas de nécessité taxinomique de l’axiologie, tout est contingence c’est-à-dire non attribuable à une détermination scientifiquement prévisible ou à une quelconque prospective, en ce qui concerne la prestance de l’humain à travers la pensée et l’action où il mésuse de la faculté de juger pour gigoter dans l’animalité parfois pire que le dernier des lombrics dans la plus boueuse des mares. Oui, tout avant la manifestation des attributs ontohumains de pensée et d'action, est contingent, scellé dans une inconnaissabilité causale, en chaque individu de cette espèce où le devenir se construit par les choix conscientiels selon le niveau de conscience qui génère la pensée et l’action.      

 

La volonté morale du bien d’autrui, l’engagement au côté de l’homme en tant qu’autre semblable que je m’efforce de traiter comme je voudrais être traité, n’est ni foi en l’homme ni délire de contemplation de l’homme dont l’histoire révèle qu’il est souvent la plus criminelle, la plus abjecte des créatures manifestées sur la terre. Je m’efforce de faire le bien parce que faire le bien me sauve de l’animalité rôdante qui attend le moindre laisser aller à la platitude des réflexes du mal que la société immonde des dégénérés qui m’entourent ne fait qu’attiser, pour me réduire semblable aux monstres que j’abhorre. Et surtout, je m’efforce de faire le bien non pas selon la société immonde dont le jugement infect, injuste se dément lui-même par l’Himalaya d’injustices et d’imbécillités qu’elle érige en valeurs. Je m’efforce de faire le bien en méprisant les malpropretés codifiées, légiférées que les oligarchies s’offrent pour piller et torturer en se laissant croire grandes et supérieures, parce qu’essentiellement le bien est la voie métaphysique de l’homme, le chemin de l’accomplissement indiqué par le Christ, Modèle de l’Homme accompli. Le vrai bien moral conspue le jugement crasseux des dégénérés qui ne voient autrui que par le prisme d’une société pathogène qui redéfinit l’homme selon des intérêts oligarchiques macabres et répugnants.

 

C’est pourquoi, malgré toutes les dégénérescences individuelles, je continue de soutenir l’homme, à tout le moins, l’être humain de la minorité qui lutte et résiste, refusant de devenir la créature refaçonnée des crapules autorisées dominantes. Mais hélas, malgré ses immenses incommensurables attributs et facultés, l’homme est une créature qui utilise trop souvent ses propriétés naturelles pour assouvir ses bas instincts animaux tout en sachant exactement que faire pour maltraiter ses semblables, au point d'ériger cette tare méchante en science maléfique et art macabre tout au long de l’histoire.

 

L’histoire de l’humanité, c’est aussi l’histoire de ses crimes omniprésents, de l’ubiquité de ses haines, ses rages d’égoïsme individuel et de classe qui l’emportent presque toujours dans la construction des sociétés malgré les apparences de bénignité conçues pour enclencher et entretenir les relations humaines.

 

Ainsi, je dis que, malgré la fleur à la main, je garde mon armure et ne jette jamais mon arme engainée, car je sais qu’avec l’humain, je peux aujourd’hui, avoir affaire au saint et à la grandeur, mais demain, devoir affronter la crapule la plus immonde, la plus fangeuse; le carnassier le plus méchant, le plus abominable qui soit. Gare à celui qui, dans l’euphorie du partage et de la rencontre, offre la fleur-amitié en oubliant de se préserver contre les monstruosités potentielles de cet autrui tant estimé qui est en face de lui! Aimer spirituellement l’humain et être vigilant sont la paire de la posture sécuritaire pour de saines relations humaines.  

 

Ennaturation, ancrage dans la nature humaine.

 

J’appelle ennaturation, l’ancrage mental dans la nature spirituelle qui transcende l’animal humain et ses tares égoïtaires. La planche de salut, bouée de sauvetage de l’homme contre les forces primitives de l’énergie animale et des orgueils primaires de l’égoïté individuelle et des injonctions malsaines du social à dépasser par la grandeur d’esprit et la noblesse mentale, réside dans l’ancrage en la nature spirituelle où tout apparat matériel et toute motivation charnelle se dissolvent ou à tout le moins, sont soumis par la prépondérance pure de ce qu’il y a de plus  humain en nous. Là, il faut comprendre que l’homme a pour mission de choisir de cultiver les semences spirituelles de sa nature duelle où l’animal tout immédiat, n’a point besoin de culture ni d’attention, pour se manifester dans toute sa bestialité crue, primitive et pulsionnelle. Par contre, l’expression cogitante et agissante de l’homme mesurant la portée de sa pensée-action et la projetant comme dévoilement du soi dans son essence spirituelle de grandeur, est une plante qui ne pousse et ne fructifie que si elle est sciemment et patiemment cultivée, entretenue avec de grands soins assidus et persévérants. Arrête de la cultiver, elle cessera ses fruits par stérilité. Néglige-la, elle mourra en entraînant avec elle dans sa mort, toute la face humaine de l’individu rendu sans elle, à la bête monstrueuse et cruelle qui se voit partout dans les hécatombes militaires ou civiles, les famines, les exploitations, les débauches, les haines, les impérialismes, les racismes, les bombardements de l’Otan...

 

L’homme ennature sinon il se dénature, meurt à lui-même. Il n’y a pas de troisième voie.

 

La seule grandeur et gloire de l’homme s’il en est, c’est d’ennaturer, d’ancrer sa nature qui est l’imago Dei, pour son entéléchie en Dieu, donc la réalisation de sa part de déité à vivre.

 

La gloire de l’homme passe donc par l'ennaturation. Le sommet humain ne se peut que s’il pousse du souterrain de sa vérité spirituelle.

 

La grandeur, la gloire humaine est racine et sous-sol avant d’être essor et azur.

 

C’est du souterrain de l’ennaturé, que poussent les ailes d’aigles du conquérant d’humanité que devient tout individu conscient de soi, éveillé à sa vocation simple, naturelle mais combien exaltante de personne humaine... 

 

Fort des contingences qui, le plus souvent, motivent les hommes pour le pire, et, face à l'opportunisme des individus à vouloir se faire assimiler pour suivre le courant facile qui est nécessairement le courant dominant rémunérateur immédiat, je suis entièrement solidaire de l’humain par cet altruisme qui est reconnaissance de toute la grandeur des facultés et talents de la culture humaine dont les créations engendrent la part de beauté du monde et satisfont à tant de besoins, sauvent tant de vies et rendent l'existence tellement plus agréable, mais je conspue tout humanisme à l’échelle sociale par refus logique de toute anicroche et incohérence aléthique, par congruence avec la charité qui est justice à l’égard de la nature profonde et spirituelle, sachant que la société broie, dévore par son idéologie carnassière, son inhumaine weltanschauung dominante, le droit des individus à l’humanité.  

  

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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