Par Camille Loty Malebranche
Par rapport au monde et aux humains en général - si le mot d’ordre du Christ est la charité comme exécration et expulsion de tout égoïsme et égocentrisme qui pousse l’homme à prioriser ses intérêts en faisant souffrir autrui, charité qui accepte la souffrance plutôt que de se vautrer dans l’injustice jouissive qui sacrifie autrui injustement à cause de préjudices que l’on subit et que cet autrui n’a pas provoqués - en aucun cas, le Christ ne prêche la soumission à quiconque, au monde, à l’État ou aux empires. Pour le Christ, entrer dans le jeu de l’injustice rend aussi sale que l’ordre du monde et les esprits ignominieux que sont les crapules de l’économie, de la politique, de la religion institutionnelle, de la morale publique qui orchestrent ledit ordre.
Jésus a prêché le rejet du monde et conspué les flagorneries protocolaires des curies, en proclamant la spiritualité totale, le rejet de la déférence à ceux qui se font appeler pères et seigneurs par les hommes, au nom de leur hiératisme. En interdisant la crapulerie blasphématoire des pharisiens de son temps, Jésus nous prévient contre l'abomination d'une église dont le pontife, pauvre mortel et pécheur, ose s'octroyer le titre de très saint père! Car si le pape, simple humain se dit très saint-père, quel nom d'adoration laisse-t-il au Père céleste que Jésus, dans la prière dite dominicale, nous enjoint d'appeler simplement "Notre Père"! En circonscrivant le culte à la Personne de Dieu le Père Seul, dénonçant l’attachement à l’argent qu'il désigne comme une idolâtrie, en l'appelant mammon (« vous ne pouvez servir Dieu et mammon »), quand on sait que tous, à commencer par les lois de l’empire romain et de tous les empires de tous les temps, idolâtrent ce mammon et ses possédants dispensateurs, Jésus s’est inscrit dans la juste révolte spirituelle et de sa violence ontologique contre les violences idéologiques et systémiques du monde. Et pourquoi le monde, depuis deux mille ans, après l’avoir tué sans pouvoir empêché sa Résurrection, son Ascension et sa Gloire, s’acharne à vouloir occire sa doctrine en l’accoutrant des fatras du catholicisme et du protestantisme. Car la doctrine de Jésus est violemment opposée à la facticité de l’ordre anti-sipirituel du monde, au vin empoisonné du pouvoir économique par lequel le monde enivre les hommes via le double hédonisme politique et sexuel, hédonisme sans bornes ni lois, qui orchestre l’aliénation métaphysique de l’homme.
Ainsi, en ne cédant rien sur la spiritualité divine, Jésus aura été et demeure l’ennemi irréductible, cible de toutes les déformations par les églises de l’ordre idéologique tentant de l’accommoder au monde par le mensonge de leur théologie et de leur morale de soumission et de collaboration à un système où la finance remplace la religion, où l’argent est le seul dieu auquel tous, sauf quelques marginaux, rendent leur latrie d’aliénés, prêts à tout pour servir mammon.
Jésus qui a chassé les vendeurs du temple à coups de fouet aux marchands et de pieds aux étalages; Jésus qui a expédié ses « frères » de chair bêtement incroyants et superficiels, en leur disant qu’il ne participerait pas à la fête à Jérusalem pour ensuite, y aller en toute discrétion; Jésus qui a dit au jeune homme dont le père vient de mourir « laisse ces morts ensevelir leurs morts, toi, viens me suivre pour avoir la vie »; Jésus qui se laissait approcher des pires prostituées, lui qui savait à quel point la société et ses vestales baigne dans toutes formes de prostitution; Jésus qui sauva la femme adultère de l’hypocrisie meurtrière des charognards de la prêtraille et de la populace en mettant prêtres et foules face à leur propre insanité; Jésus qui traitait les chefs religieux de son temps de « tombes blanchies », non, ce Jésus n’a jamais, au grand jamais, accommodé sa Vérité Spirituelle, sa Doctrine du Salut aux salissures dites convenances sociales pour plaire à des hypocrites. Les niaiseries et sensibleries des masses maniérées n’ont jamais compté pour Lui que comme infamies méprisables.
Jésus a toujours conspué le monde, et le monde, malgré les apparences doucereuses, mignardes à l’égard de son nom ressassé dans les églises maffieuses de la religion institutionnelle, est contre Jésus. Le monde immonde, indigne de l’ascension spirituelle que le Christ exige par le renoncement aux platitudes et glorioles de la vision matérialiste et charnelle d’ici-bas, ne saurait, pas même dans ses songes les plus roses, aspirer à la Noblesse de Justice et d’Ennaturation spirituelle de l’homme du Christianisme authentique.
Les bas-fonds des esprits aliénés par le monde, perdus dans le dédale dénaturant des désirs et ostentations du sensible, prostitués de l'ordre du monde, aveuglés des illusions de leur existence d'être au monde de chair et de sang, toujours dénigreront ou accoutreront dans leur dévotion ignare, factice selon leur perversion et leur mignardise, la Personne Christique et le message Chrétien dont la morale exige la découverte de la véritable nature spirituelle de l’homme appelé à ennaturer, à ancrer en la vérité humaine d’imago Dei, envers et contre les complaisances d’un monde vénal, luxurieux et méchant.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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