Par Camille Loty Malebranche
Mon ami, mon frère,
Je ne m’endormirai pas ce soir à l’extinction silencieuse du jour
Je préfère taciturne, veiller dans l’attente du nouvel orient
Je resterai pour voir et puis saluer, s’il en est, l’occident enfin éveillé d’aurores humaines
Je guetterai dans la muraille sombre et sans lune de la nuit
L’humanité des hommes assumant enfin leur nature,
Vivant verticaux l’immanente prétention de dignité de leur être,
Exigeant debout de manifester les splendeurs de l’Homme.
Mon ami, mon frère
Je marcherai dans les pas tracés de l’esprit tramontane d’azurs,
Et je suivrai comme par les yeux nyctalopes du hibou,
Les sillages invisibles des intuitions et révélations.
Ah! Déconcertante voie que celle des univers décatis des fantômes et reflets activés,
Ombres colorées et ornées pour jouer la mascarade des tarés dominants,
Singer la vie au théâtre tératogène, mortifère des monstres aliénants!
Et, l’étoile polaire éteinte,
Dans ses étreintes ténébreuses, dit la déroute d’un monde aux étoiles sabrées,
Éclipsées par l’invasion des gesticulations macabres systématisées!
Mon ami, mon frère,
Toutes les bouches des plaintes
Tous les cris des murmures de souffle, de sang,
Par la bruyance d’aliénés innombrables mésusant du verbe, sont tus
Et les faces détournées, dénaturées de l’agir, ont perdu la face humaine,
Et, sans crier gare, blêmissent les tronches du vide
Car nos voix de sages sont restées sans audience
L’agressive populace des idées convenues
Piétine nos lanternes, en charognards haïssant les perles,
Abhorrant la pureté de la quête de l’Homme parmi les hommes!
Les lucifuges immondes, ostracistes sont désormais la seule race terrestre officiellement admise.
L’humanité est jetée en exil et l’homme est à la marge.
Mon ami, mon frère,
L’homme, notre autre nous caché en ses appels intérieurs réduits au mutisme
L’humain des possibles, l’homme, notre frère potentiel
A perdu jusqu’au sens du regard
Et le phare de son être blafard, hagard, traîne sur le chemin des tares,
Titube à la grotte obscure des taupes de l’absurde.
Car, mon ami, mon frère,
Pris en le sérail glacial des temps sans durée
La claustration temporelle qui tue l’être
Assène aux multitudes, les désespérances du déshumanisé sans foi et sans vie.
L’effacement létal de la conscience dévore le feu de l’intemporel!
Mon ami, mon frère,
La bêtise collective et l’impassible abandon aux flots des mimes
A occis les lumières des tréfonds individuels, gardiens conatus de notre vérité d’espèce
Mon ami, mon frère,
L’effacement des consciences, soleils d’éternité du fini au-delà des finitudes,
Est présence factice, présence absente,
Néant coupable des dormeurs trop lourds et balourds pour oser se tenir en éveil,
Pour s'affirmer esprit et être contre l’assignation au stade d’hologrammes intronisés...
Et, par absence à soi, coupable absence à sa vérité,
Mon ami, mon frère, mon brave frère,
Pour les foules, les gesticulateurs des scènes inconscientes de l'action qui manifeste leur être,
Se fane la fleur-substance de l’essentielle, la divine promesse qui fut l’Homme.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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