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Par Camille Loty Malebranche


   

Le désir est dénoncé à l'unisson par quasiment toutes les grandes spiritualités qui y voient un lien enchaînant l'esprit, maintenant l'homme prisonnier du charnel, l'empêchant de monter vers la vie et la vérité supérieure de son être. C'est à raison que le renoncement, ce détachement mental et spirituel du monde matériel par la conscience de l'esprit découvrant son étrangeté au monde - son statut d'extranéité dans le monde - perçoive le désir comme l'arme redoutable du Tentateur immonde, ruse de l'Ennemi abominable tapi dans les abysses liminaux, subliminaux, connus et inconnus, qui menace l'Homme d'aliénation métaphysique, de perdition ontologique et de toutes sortes de pièges existentiels.

 

La volonté est un constituant majeur de la liberté qui, sans elle, n'existe pas. Je dis que la conscience libre exprime sa liberté par trois schèmes d'assumation: 1) la volonté, 2) le choix volontaire, 3) la responsabilité. En fait, toute la liberté n'est que manifestation nuancée, pondérée et responsable du soi volontaire.

 

Ainsi établie, la chose est claire, la volonté est l'ossature de toute liberté humaine puisque le tempérament veule ou le malade aboulique, sont condamnés à obéir et à être soumis. L'homme libre, lui, sait ce qu'il veut, il exerce sa volonté, choisit et répond des conséquences de ses choix qu'il assume.

 

               VOLONTÉ, DÉSIR ET SUBJECTIVITÉ

 

L’homme porte le désir mais il possède la volonté. La subjectivité volontaire est suprême et agit pour imprimer sa marque à ce qu’il prend pour objet; la subjectivité désirante, est agie et n’est autre, malgré les apparences de liberté, que l’objet des poussées de son désir. De sorte que, tous les prétendus objets du désirant ne sont que des modes d’assouvissement d’une sujétion intérieure où il est le principal objet et chose de son désir. Le désirant est un sujet assujetti par la pulsion, possédé par l’impulsion réactive qui le pousse selon la force de ladite impulsion, vers l’objet qu'il n'a pas choisi et dont il ne décide pas. 

 

La volonté est la forme du pouvoir et de l’action; le désir, celle de l’affect et de la réaction. La volonté a comme sphère, la décision et le choix. Le désir, quant à lui, est l’espace de l’agitation débridée vers un objet de tentation.

 

La liberté du sujet humain sied donc à travailler la conscience pour minimiser les causes sourdes du désir pour arriver à vouloir et plus agir que réagir. Remarquons qu’ici, au moins dans la sphère du désir, réagir n’est pas le fait de prendre une décision comme réaction souveraine en telle circonstance donnée que le réagissant, n’a point créée; réagir sous le désir, c’est être soumis et dépassé par des faiblesses et manques intérieurs qui dénaturent notre comportement dans les circonstances que nous créons ou non. La réaction est l’ennemie de l’action, car là ou le sujet agit en pleine volition intimement pesée qui décide, il ne réagit jamais que déterminé par un indompté intérieur qui le conditionne.  

 

La volonté est puissance rationnelle et souveraine de pouvoir et le désir, faiblesse de la conscience sous pulsion. Le volontaire est un maître s’assumant en décideur; le désirant, un subalterne qui s’ignore et qui, à tort, se croit, voire est considéré suprême, lors même où il n’est que serf dans le fief des irrationalités brutes qui l’agitent.

 

Vouloir et non désirer même dans le domaine érotique, c’est savoir et pouvoir créer ou contrôler les conditions dans lesquelles, l’on accepte de donner libre cours à l’instinct et aux pulsions. Un désir rendu sain parce que régi par la conscience volontaire qui le contrôle. Donc, la seule chance d'être sain pour le désir, c'est d'être contrôlé par la volonté. La transcendance ou la maîtrise des pulsions contrôlées par une activité mentale plus forte parce que porteuse d'univers affectif et représentationnel différent de celui d’expression et de manifestation de la pulsion tant que les bonnes conditions ne sont remplies, voilà la pleine liberté du volontaire, car toute liberté doit être d'abord intérieure, où le sujet est émancipé de soi-même, de ses manques. Dans certaines occurrences on peut parler de volonté dénaturée en désir débridé. Celle, par exemple, de certains politiciens comme Hitler, Staline qui, après avoir mis en acte la volonté forte de conquérir le pouvoir, a été submergée par tous les manques et défauts de ces monstres désirants dont le désir de mener les hommes a englouti toute volonté de bien faire. 

 

La liberté est à ce point, une conquête permanente au jour le jour, au cas par cas, qu’elle exige un travail sur soi de tous les instants. De toute façon, nous perdons plus ou moins souvent, un peu de notre liberté par nos manques, nos limites, et devons constamment la reconquérir par le travail mental, l’amélioration assidue de notre finesse d’autocontrôle.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2016

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Tag(s) : #Monde du Concept
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