Par Camille Loty Malebranche
L'une des plus toxiques impostures idéologiques de notre temps, c'est de vouloir séparer les deux aspects économique et politique du libéralisme. Les tenants du néolibéralisme se moquent de la démocratie, endoctrinent les intellotypes et les foules en prétendant instaurer une société ouverte où seules les moeurs notamment sexuelles, absolument inoffensives pour les privilèges oligarchiques, sont libres alors que l'économie est séquestrée par quelques-uns. La liberté dans une telle démocratie de ploutocrates, se borne au droit de travailler à vie pour produire et consommer en enrichissant quelques oligarques prédateurs d'État, accapareurs privatisateurs de tous les biens communs de l'humanité.
Une société de contrôle de la subsistance, comme la nôtre, et qui en fait un chantage à l'individu en vue de lui imposer la rection institutionnelle et exiger de lui, obéissance, jusqu'à l'autocensure, pour le strict respect du correct idéologique des oligarchies, est-elle une société ouverte?
Parmi les mots rendus sans conséquence dans les traditions conceptuelles idéologiques, le vocable de société ouverte fait partie des concepts des plus dénaturés et galvaudés à l'instar de la démocratie qui la sous-tend. Après Bergson, créateur du terme, puis Popper qui a repris Bergson - l'un et l'autre ont d'ailleurs abordé l'ouverture sociale sur le plan de l'humanisme respectivement métaphysique et épistémique - les dérives du concept ont commencé avec Hayek qui a malicieusement assimilé la société ouverte avec le libéralisme économique. Les nombreuses dérives financières et catastrophes de crises provoquées par l'économie libérale avec son train de souffrances pour les peuples, ont prouvé et continuent de démontrer à quel point une société fondée sur le libéralisme économique, est tout, sauf ouverte. Seuls les oracles que se permettent les embrayeurs de la parole officielle et leurs relayeurs ou flagorneurs de tous poils, peuvent arguer d'ouverture sociale volontairement confondue au grand boulevard de débilitation des mentalités par l'opium de la consommation conditionnée selon un système d'endettement et de crédit compulsif exponentiel, édulcoré à travers la libération des moeurs et la profusion des loisirs d'assouvissement. Dans la simulation vide d'une démocratie de veulerie et de prétextes, seuls quelques prédateurs des structures du pouvoir et leurs larbins ou subalternes de copinage, profitent de l'hédonisme onéreux autorisé par la libéralité d'ailleurs souvent crapuleusement indécente des moeurs. Car dans la féodalité moderne où nous sommes submergés, seuls les serfs des fiefs économiques, assujettis au correct institutionnel, selon la rectitude définie et ajustée par les oligarques maîtres de la plupart des vies et des biens, ont droit de cité par la raréfaction artificielle de l'argent qui permet d'appauvrir quiconque n'est pas aligné aux crapules du financiarisme tyrannique.
Le capitalisme en général, et, parmi ses subterfuges les plus malins, le libéralisme pratiqué depuis des années, constitue un modèle de société fermée parce que essentiellement fondé sur le privilège de l'argent et du pouvoir structurel et non sur la communauté de biens. Ceux qui ont beaucoup d'argent et détiennent les manettes des banques, industries et bourses, peuvent au gré de la finance décider du sort de l'économie et des peuples qui en dépendent quoique la produisant par le travail et la consommation.
Le stalinisme et le pseudo-socialisme des ex pays de l'est, non plus ne saurait être espace de société ouverte car centralisé par une nomenklatura intolérante.
Pour être ouverte, la société doit se fonder sur un socialisme vraiment communautaire où les coopératives de travailleurs décident de leur propre administration avec l'intervention de l'État comme soutien et pour la gestion publique et la distribution des richesses à l'échelle de la nation.
La société ouverte est donc celle qui garantit les droits et libertés démocratiques tout en rayant de la carte du possible les grands privilèges oligarchiques. L'ouverture sociale ne prend donc racine que dans un collectivisme démocratique.
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