Par Camille Loty Malebranche
J'appelle herméneutique ordinaire, cette faculté courante de l'humain ordinaire, le fameux « monsieur tout le monde », de juger et de prendre position dans l'espace public, en s'introjectant les opinions reçues des idéologues institutionnels d'État. Opinions-ersatz, doxas postiches d'idées pour effacer le droit du peuple à une vision sereine pour une action vraiment souveraine. Car dès le départ, les opinions qu'on instille à l'opinion publique, sont bricolées pour abêtir et réifier le nombre. Un nombre-multitude qui n'est point vraiment peuple car il ne choisit même pas ses leaders mais légitime par son vote, les choix de l'oligarchie désignant ses politiciens à partir des partis qu'elle finance.
Lorsque monsieur tout le monde jouant la farce systémique qui le dit citoyen, se met en branle électorale pour légitimer à ses propres dépens l’ordre de ses prédateurs, croyant en aliéné, être en route dans la course des choses de l’État, c’est l’herméneutique ordinaire expropriée, déviée et déviante qui s’affirme dans l’État pour maintenir le statu quo des oligarques de la société. L’herméneutique ordinaire est l’espace de l’animal politique en expression tel qu’il s’explique quoique par manipulation voire mimétisme, la chose publique et son propre rôle, à lui et à ses pairs dans ledit État. L’herméneutique ordinaire est manipulatrice, c’est pourquoi, elle prône une pseudo-tolérance éphectique, prétextant d’équipollence des valeurs politiques et idéologiques, alors que l’oligarchie impose les siennes en en faisant la loi sociale malgré leurs vices déshumanisants! Voilà pourquoi l’herméneutique ordinaire ne saurait être vraiment démocratique puisque démagogique et populiste pour profiter de la confusion voire de l’aliénation des inconscientes foules électoralistes et consommatrices maintenues dans l’ignorance sociopolitique et économique par la propagande idéologique fortement médiatisée.
Il faut dire ici, que le jugement public de l’individu dans la cité qui participe de l’opinion publique en général, est affaire de conscience, d’imprégnation culturelle, d’immersion idéologique, de rection institutionnelle... Il est précisément question de structuration de l’entendement individuel par les structures du système social global à travers ses organes de reproduction. L’herméneutique nous fait comprendre, que tous les humains sont herméneutes quoique rarement souverains souvent serfs, car l'homme signifie son monde, mais le fait, hélas, à la suite de codes que lui imposent les configurations socioculturelles et la gueule dévorante et bruyante de l’idéologie!
Par ces temps d’inculture programmée, d’ovation sinistre des pulsions primaires de foule par les médias de mode, de désinformation systématique dans le journalisme mainstream, de loisirs aux suggestions liminales et subliminales débilitantes et déshumanisantes dans les institutions de culture de masse, que reste-t-il comme outil de jugement audit citoyen? Oui, que reste-t-il comme repères d’interprétation ou d’orientation politique au citoyen - ou plutôt, pour être en congruence avec le sens du lemme citoyen - à l’individu décivilisé par la ploutocratie? Car depuis longtemps déjà, le citoyen - espèce rarissime, tellement marginalisée par l’oligarchie, la presse et le marché - n’a plus aucun droit de cité, étant cybernétisé, réifié en programme pour l’automation sociale.
Il faudra tout désapprendre et ensuite réapprendre les réflexes de civilisation loin des barbaries banalisées dans les us et coutumes quotidiens de nos républiques ploutocratiques où en fait tous appartiennent à quelques-uns pour qui ils vivent au jour le jour selon la plus ignoble servitude de classe. Il faut donc une relecture du monde et du rôle de l’homme dans la société. Une relecture qui doit régénérer l’homme social sur la ruine de l’individu-chose, individu-programme que bricole la cybernétique économique fortement légitimée comme valeur unique par la politique et les lois de l’État. Une relecture qui sera certes bien au-delà du livresque, car faut-il le redire ici, la lecture livresque qui est lecture des lectures qu'autrui ont faites et nous proposent des choses, ne doit pas remplacer le travail de soi et sur soi par le recul rationnel pour comprendre les causes de la déchéance de l’homme dans le société exclusive de consommation. L’espoir de la libération sociale prendra forme et sera mis en acte vers ses fins, lorsque les peuples seront parvenus à leur lecture propre du monde sans les intermédiaires qui interfèrent et déforment les causes des faits de leur servitude idéologiquement présentée comme stade suprême de la démocratie.
Au niveau de la sphère métaphysique, apprendre à lire dans l'être, est la vocation ontologique de l'Esprit digne de soi, une lecture qui tient à la fois de l'intuition, de la raison, de la révélation et de l'intellect. Une lecture du sens de la Vérité de l'Homme.
Apprendre à lire les faits des structures d’asservissement de leur classe d’appauvris ou d’obérés selon l’ordre du crédit établi par leurs exploiteurs financiers privilégiés accaparant et privatisant les biens collectifs, disposant du droit de créer et de contrôler l’argent par des artifices bancaires pour la sempiternelle domination matérielle et structurelle dans la société, sera pour le peuple, le premier pas vers la libération sociale, la fin de l’effacement systémique de l’Homme par l’homme!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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